Bureau national d'ELCS
Ce lundi, je présiderai le bureau national d'ELCS qui sera notamment consacré aux XXèmes Etats Généraux d'ELCS qui se dérouleront en novembre prochain.
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Ce lundi, je présiderai le bureau national d'ELCS qui sera notamment consacré aux XXèmes Etats Généraux d'ELCS qui se dérouleront en novembre prochain.
Ce premier semestre 2015 a été particulièrement riche dans la lutte contre le sida avec des annonces majeures, principalement quant à la consécration claire, nette et précise de la prévention biomédicale. Je reviens quelques instants sur l’historique des choses : lier exclusivement la lutte contre le sida au préservatif a été pendant longtemps le discours dominant, le discours jugé le plus impactant, le plus efficace. Aussi parce que c’était tout simplement le seul outil disponible et efficace de prévention ! Aujourd’hui, en fait plutôt depuis plusieurs années, la prévention biomédicale, c’est-à-dire l’utilisation des traitements comme outils de prévention, est consacrée comme aussi efficace, voire davantage. Attention, je préfère le préciser d’emblée : mon propos n’est évidemment pas ici d’opposer plusieurs types de prévention, de demander l’abandon de l’une pour l’autre mais bien plus de se réjouir de la diversité de la politique de prévention et des outils, de la capacité de la prévention à s’adapter de plus en plus à toutes les situations concrètes et aux réalités de la vie. D’où le nom de prévention combinée ou prévention diversifiée, concrètement une prévention qui évolue, qui vit, qui progresse.
Je pourrai écrire de longues pages sur cette complémentarité mais autant arriver au cœur de ce qui fait ce texte et me semble le justifier : la PrEP (la prophylaxie pré-exposition contre le VIH, c’est-à-dire l’utilisation par les séronégatifs de traitements destinées aux personnes séropositives dans une visée non pas curative mais préventive) et bien ça marche !
Alors plutôt que de longs discours et de verbeux débats que je vous laisse imaginer, je vous préfère vous rappeler les récents résultats de l’essai Ipergay, essai porté par l’ANRS. A quelles conclusions est parvenu cet essai ? Pour des hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes très exposés par leurs pratiques sexuelles au risque d'infection par le VIH, la prise d'un traitement antirétroviral (Truvada) au moment des rapports sexuels diminue de 86% le risque d'infection. 86% ! L’efficacité préventive du traitement est démontrée sans ambages !
C’est également ce que dit le Conseil national du sida, tout comme l’Organisation mondiale de la santé qui affirme que « chez les homosexuels masculins la PrEP est recommandée comme un choix additionnel de prévention au sein d’une offre complète de prévention »), les associations sont unanimes. Oui, il faut utiliser la PrEP et donc donner accès au Truvada. La vraie question, ce n’est plus si oui ou non on doit l’utiliser, mais de quelles manière, dans quel contexte, quelle adhésion, quels effets. Ce n’est plus le pourquoi qui est essentiel mais le comment. En tout cas, c’est l’avis des médecins et des associations car comme trop souvent le politique est quelque peu à la traîne …
Je le dis souvent lors de mes nombreuses réunions en province : la frilosité politique nourrit le sida. Elle nous tue. Alors bien sûr, l’autorisation de la PrEP sera sûrement source de fortes interrogations : quid de l’interrogation éthique de donner un traitement à une personne non-malade ? Quid de l’aspect « pilule miracle » ? Quid des obstacles économiques liés au financement de la PrEP ? Autant de questions importantes qui, s’il nous appartient de réfléchir dessus, ne peuvent être considérées comme des obstacles insurmontables à entamer ces réflexions dans le but d’autoriser le Truvada en France et en Europe.
Nous le savons bien, le seul accès au Truvada ne saurait suffire à arrêter le sida. C’est une évidence, mais aujourd’hui, nous savons où nous devons aller, nous savons globalement ce qu’il nous faut mettre en place, organiser, porter, revendiquer dans le seul but de réduire la charge virale collective et donc d’arrêter le sida. La fameuse politique du « Test and Treat » doit être au cœur de notre réponse : tester le plus possible - évidemment sans contraindre - en multipliant les propositions de dépistage, en allant vers les personnes à risques, et, en cas de découverte de séropositivité, mettre sous traitement immédiatement. L’exemple du programme RAPID, mis en œuvre à San Francisco a permis d’observer les avantages de cette mise sous traitement immédiate le même jour de la découverte de séropositivité avec à la clé une charge virale beaucoup plus vite indétectable. A mettre en parallèle avec la recommandation de l’OMS de mettre toute personne séropositive sous traitement quelle que soit son taux de CD4 (cette recommandation sera précisée lors de la prochaine journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre).
Notre réponse en matière de prévention, une prévention qui ne peut plus être vue, comprise et appliquée de manière unique et monolithique, doit également se coupler avec un travail d’éducation, un travail sociétal, pratiquement structurel sur la question des discriminations et de l’acceptation pleine et entière des personnes séropositives au sein de notre société.
En somme, la recette pour atteindre ce but, non plus utopique mais atteignable qu’est la fin du sida, nous la connaissons : PrEP, dépistage et mise sous traitement efficace, politique de lutte contre la sérophobie via l’éducation et l’information.
Aujourd’hui, la science et les associations ont démontré l’efficacité de cette recette, en somme l’efficacité d’une prévention combinée qui a des répercussions aussi bien sur le plan individuel que collectif.
Aux politiques désormais d’agir en conséquence, de mettre en place sans frilosité ces nouveaux outils et de s’engager, sans réserves, vers la fin du sida !
A lire aussi sur le Huffington Post (ici).
C’est la fin d’un long feuilleton : les autotests de dépistage du VIH seront effectivement et concrètement en vente à partir septembre 2015. Je ne vais pas revenir sur les différents obstacles administratifs qui ont émaillé la mise sur le marché de ces autotests, ces obstacles ont visiblement été levés et on ne peut que s’en réjouir !
Bien sûr, de nombreuses questions se posent : quant à son accessibilité, quant à son financement par le système de santé, quant à ses circuits de diffusion, quant à son appropriation, quant à la communication qui va l’entourer … Autant de questions primordiales et bien d’autres qui vont être posées et débattues lors du colloque que nous organisons le 28 septembre prochain, spécifiquement sur les autotests. Dans tous les cas, ce qui est certain, c’est que cet outil ne sera un succès que si les associations sont étroitement impliquées, et pas seulement dans sa diffusion !
Je pense nécessaire d’insister sur l’aspect de complémentarité de cet outil : les autotests ne sont pas un outil miracle qui va permettre de résoudre de suite la problématique des personnes qui ne connaissent pas leur séropositivité (30.000 en France, soit 20% de l’ensemble des personnes séropositives). Les autotests vont y contribuer, ils n’ont pas comme but de remplacer quoique soit mais bel et bien de constituer un outil supplémentaire permettant de connaître son statut de manière la plus actualisée possible. Ils ont pour ambition de renforcer une politique de dépistage développée par les TROD et la naissance des Cegidd et ce, dans le cadre global d’une politique de prévention en constant progrès.
Constant progrès… C’est bien cela qui doit nous animer et continuer à nous animer : l’immobilisme serait coupable. Nous le savons toutes et tous : la promotion du dépistage est un point clé de la politique de lutte contre le VIH, elle ne saurait évidemment suffire. Elle s’intègre dans une politique qui vise à la fin du sida … et qui peut y parvenir si les efforts sont faits et les avancées actées. Je pense bien sûr à la PreP et à l’autorisation du Truvada, qui me semble, comme à tous les acteurs de la lute contre le sida, tout simplement indispensable !
Ce lundi, je présiderai le bureau du CRIPS Ile-de-France.
Je rappelle que la région Ile-de-France comprend malheureusement 50% des cas de VIH/sida de tout le pays.
En juin dernier, à la mairie du 10eme arrondissement de Paris - merci au maire Rémi Feraud -, nous avons célébré les 20 ans d'Elus Locaux Contre le Sida. Un moment émouvant et difficile. Tant de personnes sont mortes depuis la création de notre association... Mais, s'il ne s'agissait pas de fêter ces 20 ans, il fallait les commémorer. Parler de ces années de lutte pour se souvenir de celles et ceux qui ne sont plus là...
Des responsables politiques de différentes tendances étaient là comme Claude Bartolone, Valerie Pecresse, Emmanuelle Cosse, les ministres Felk et Boistard...
Sans oublier de remercier les animateurs de la commémoration Wendy Bouchard et Christophe Beaugrand...avec Romain Ambro.
Et enfin, notre présidente d'honneur Sheila !
Ce 16 août, c’est l’anniversaire de mon amie Sheila, grande artiste populaire mais aussi femme de cœur.
Aujourd’hui, j’ai une pensée pour la militante et surtout la femme.
La militante, pour la remercier pour le combat qu’elle mène contre le sida aux côtés d’ELCS depuis plus de 20 ans.
La femme surtout, pour la remercier d’être ce qu’elle est et lui souhaiter un merveilleux anniversaire…
Faute de quorum, le dernier CA du Crips a dû être reporté à ce mardi soir.
Cette réunion sera l’occasion de faire les rapports annuels et de préparer les manifestations de fin d’année dont le traditionnel 1er décembre.
Très récemment, deux chiffres ont été révélés par l’ONUSIDA, deux chiffres en forme de (très) bonnes nouvelles : 35 et 42. 35, c’est en pourcentage la baisse constatée entre 2000 et 2014 des nouvelles infections à VIH qui sont passées de 3,1 millions à 2 millions. 42, c’est en pourcentage la baisse constatée des décès liés au sida entre 2004 à 2014. Deux chiffres en forme d’espoir, non pas un espoir utopique mais un espoir bien réel de voir une génération sans sida en 2030. Ce qui était inimaginable en 2000 est aujourd’hui concrètement possible ! Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a également publié cette semaine ses données et elles sont toutes aussi encourageantes: le Fonds mondial prend en charge 54% des malades du sida qui, dans le monde, bénéficient d’une trithérapie. Concrètement, ce sont 8,1 millions de malades du sida qui sont soignés grâce aux programmes financés par le Fonds mondial. Sur ces 8,1 millions, 1,1 million le sont grâce à la France qui est le deuxième pays contributeur.
Doit-on être heureux de ces résultats ? Assurément oui. Doit-on se satisfaire de ces résultats? Assurément non car nous connaissons notre but mais la route est encore longue ! Alors que ce sont 21,7 milliards de dollars qui sont disponibles cette année dans la réponse au VIH/sida, les besoins réels sont à la hauteur de 32 milliards. Est-un coût important ? Non si l’on examine ce que nous a coûté le plan de sauvetage des banques ou ce que nous coûte les budgets militaires. Est-ce un coût ? Non car, comme le dit l’ONUSIDA, il s’agit d’un investissement et non d’un coût : « En atteignant l'objectif de 2020, le besoin en ressources devrait commencer à baisser de façon permanente, chutant ainsi à 29,3 milliards de dollars en 2030 et nettement moins à l'avenir. Cela produirait des avantages de plus de 3,2 billions qui vont bien au-delà de 2030. Le retour sur investissement est de 1 dollar d'investissement pour 17 dollars d'avantages économiques. »
Au-delà du volet financier, c’est bien vers le respect des droits humains que nos efforts doivent se concentrer. On ne compte plus le nombre de chercheurs, politiques, activistes, médecins qui ont affirmé, détaillé, décortiqué, prouvé le lien manifeste entre respect et promotion des droits de l’homme et efficacité d’une politique de lutte contre le sida. Concrètement dans ce domaine, les efforts sont immenses: comment agir alors que 61 pays dans le monde ont une législation qui autorise la pénalisation de la transmission du VIH et de la non-divulgation de sa séropositivité ? Comment agir alors que 76 pays pénalisent les pratiques sexuelles entre personnes de même sexe ? 7 pays prévoient même la peine de mort ! Comment agir alors que les personnes transgenres ne sont pratiquement jamais prises en compte dans les politiques publiques de promotion de la santé et de lutte contre le VIH ? Je pourrai continuer longtemps cette liste mais je préfère m’arrêter sur un fait récent qui m’apparaît en tout point tout désastreux, notamment car il provient directement des acteurs de cette lutte : très récemment, la SAA (Society for AIDS in Africa) a décidé d’organiser la conférence africaine de lutte contre le sida, non plus en Tunisie comme cela était prévu de longue date mais au Zimbabwe… Je ne veux pas m’ériger en donneur de leçon ni en chantre d’une démocratie vertueuse mais quand même ! Je voudrais quand même rappeler que le Zimbabwe a sa tête un dictateur, Mugabe, qui au-delà de se comparer à Hitler et d’affamer son peuple, a une haine viscérale à l’encontre des LGBT. Laissons-lui la parole quelques secondes : « L’Eglise dit que l’homosexualité est une abomination. C’est aussi le cas dans notre propre culture. Les hommes qui participent à ce genre de pratique mériteraient d’être castrés », « Cela dégrade la dignité humaine. C'est contre nature, et il n'est pas du tout question de permettre à ces personnes de se comporter pire que des chiens et des porcs. Si les chiens et les porcs ne le font pas, pourquoi les êtres humains le doivent-ils ? », « Si vous voyez des gens parader comme des lesbiennes et des gays, arrêtez-les et livrez-les à la police ! ». Ça se passe de commentaires, je pense … Et donc c’est dans ce pays que la SAA a décidé d’organiser ICASA avec plus de 10.000 acteurs de la lutte contre le sida !
Globalement, depuis plusieurs années, la tenue de conférences internationales sur le sida dans un pays est l’occasion de faire bouger les lignes, de faire évoluer sa législation. Ainsi si la conférence internationale sur le sida a pu se tenir à Washington en 2012, c’était à la seule condition que la législation discriminatoire refusant l’accès sur le territoire des Etats-Unis aux personnes séropositives serait abolie. Cela été le cas et la conférence a pu se tenir aux Etats-Unis. Incontestablement, conditionner la tenue d’une conférence sur le sida à l’évolution de la législation d’un pays est une excellente politique. Est-ce le cas au Zimbabwe ? Je ne le sais pas: au mieux, nous pouvons lire le communiqué de presse de la SAA qui rappelle qu’une « réponse durable dans l’atteinte des 90, 90, 90 de l’ONUSIDA ne sera pas possible si les droits humains ne deviennent une priorité dans une nouvelle perspective du leadership dans le cadre d’un renforcement basé sur des preuves scientifiques.” La priorité donnée aux droits humains … Belle déclaration d’intention …
Voilà je crois une leçon à tirer de tout cela: dans la lutte contre le sida, nous avons besoin de tout le monde: politique, médécins, associations, etc mais personne ne doit se sentir au-dessus de l’autre. Le seul but de cette lutte c’est d’éradiquer la maladie. Cela devrait l’être en tout cas…
Une grande partie de la journée de ma mission à Dakar sera réservée à la visite du Centre de traitement ambulatoire de Dakar et à une réunion bilan-prospective sur ce que la région Ile-de-France y a fait.
En effet, j’ai fait adopter à la région un amendement qui fait que dans nos accords de coopération avec les régions touchées par le VIH/sida, nous devons soutenir des opérations dans ce champ. J’ai été désigné au sein de la commission internationale pour suivre ce dossier.
Depuis 5 ans, j’ai donc particulièrement suivi le CTA de Dakar. Nous avons beaucoup collaboré avec eux et nous avons notamment financé un appareil de charge virale, essentiel pour le suivi des patients VIH, l’agrandissement de leur laboratoire d’analyses biologiques comme le soutien aux militants de la lutte contre le sida.
Je ferai le point aujourd’hui sur cette collaboration et évoquerai avec nos partenaires l’évolution de notre collaboration Dakar/Ile-de-France sur cette question essentielle du VIH/sida.
Pour commencer ma mission à Dakar pour la région Ile-de-France, je rencontrerai des activistes de la lutte contre le sida. Depuis quelques années, la région et le Crips, que je préside, ont mené des actions de soutien aux acteurs de la lutte contre le sida dans le monde. En 2000, j'ai en effet fait voter un amendement nous obligeant à des mesures contre le sida dans nos accords de coopération décentralisée.
En 2014, la chaîne américaine HBO a eu, une nouvelle fois, l’audace de diffuser un film en prime time que les chaines françaises semblent, à ce jour, boycotter…
En effet, « The Normal Heart », téléfilm de Ryan Murphy sur un scénario du co-créateur d’Act Up New York, Larry Kramer, raconte la mobilisation de gays américains contre le sida au début des années 80.
Dans une indifférence générale, et alors que le virus commence à décimer bien des membres de la communauté gay de New York, un écrivain et activiste, Ned Weeks joué par le remarquable Mark Ruffalo, se mobilise et crée la 1ère association de gays contre le sida (Gay Men’s Health Crisis).
Pas simple en 1981 de mobiliser !
Bien des gays ne saisissent pas encore la gravité de cette terrible pandémie qui va décimer tant de jeunes homosexuels. Les responsables politiques, eux, ne veulent surtout pas se mêler d’une maladie alors qualifiée de cancer gay !
Dans ce film produit par Ryan Murphy, mais aussi Brad Pitt, on découvre le rôle déterminant qu’ont joué ces militants héroïques pour mobiliser leur communauté, soutenir ceux qui partaient dans de terribles souffrances et interpeller des élus indifférents dont le peu courageux maire gay de New York qui fuyait toute rencontre avec ce groupe d’activistes !
Aux côtés de Mark Ruffalo, Matthew Bonner, Taylor Kitsch et Julia Roberts sont remarquables dans cette fiction qui se révèle pourtant fidèle au début de l’épidémie de sida.
Ce film est bouleversant et utile.
Bouleversant, car il montre l’indifférence des pouvoirs publics face à une maladie qui ravage peu à peu Big Apple et semble alors ne toucher que certains communautés : les 4 H (homosexuels, haïtiens, hémophiles, héroïnomanes). Pourquoi se bouger pour «ces» marginaux pensaient alors bien des politiciens de l’époque ?
Bouleversant aussi, car il montre les conditions effroyables dans lesquelles mouraient les premières victimes du sida. Abandonnées par leurs proches et dans des souffrances effroyables.
Dans mon dernier livre « Ma mort m’appartient – 100% de Français vont mourir, les politiques le savent-ils ?[1] », je reviens longuement sur le début de l’épidémie de sida et raconte les horribles souffrances qu’ont connues mes amis gays atteints du VIH à la fin des années 80. Les plus jeunes ne peuvent s’imaginer ce que nous avons vécu dans ces terrifiantes années 80/90 alors qu’il n’existait aucun médicament efficace contre ce virus affamé de vies.
Utile, car il permet justement aux plus jeunes de prendre conscience des terribles ravages que fit l’arrivée du VIH à un moment qui sonnait pourtant comme une libération pour les gays car, grâce à François Mitterrand, l’homosexualité était enfin et totalement dépénalisée (1982) et retirée, en France, de la liste des maladies mentales (1981) !
La solidarité dans la communauté homosexuelle finit par s’organiser. Elle permettra de tenir jusque la trop tardive prise de conscience des pouvoirs publics.
La gestion des débuts de cette pandémie par les homosexuels eux-mêmes est un exemple.
C’est pourquoi ce film « The Normal Heart » est à voir pour savoir et… comprendre !
[1] Entretien avec la journaliste Claire Bauchard - Editions Michalon – 136 pages.
Malgré une journée bien chargée entre la marche LGBT et les Solidays, je serai, comme tous les ans, serveur d’un soir au Banana Café à partir de minuit pour l’opération « Un pot, une capote. »
Comme tous les ans, cette opération faite le jour de la marche des Fiertés LGBT me ramène à ma jeunesse où je servais parfois dans le petit café de Béthune de ma mère…
Peut-être ce soir vous servirai-je au Banana ? Soyez indulgents…
Comme tous les ans, après la marche des Fiertés LGBTI, je rejoindrai les Solidays où le CRIPS gère le stand Ile-de-France et où sont aussi présents, dans le village associatif, les Jeunes de l’ADMD.
Les Solidays, ce sont trois jours de concerts mais aussi de débats sur le sida et la solidarité avec les pays les plus pauvres.
La région Ile-de-France est le principal financeur de ce grand événement dont Antoine de Caunes est le président d’honneur.
Ce sera donc un immense plaisir que de retrouver tous les militants et activistes des droits humains ce samedi en fin d’après-midi…
Ouverture du mariage à tous les couples de même sexe, baisse des signalements à SOS Homophobie : autant d’éléments qui suffiraient à laisser penser que le constat à dresser, à quelques jours de la Marche des Fiertés LGBT de Paris, est particulièrement rose lorsque l’on est homosexuel en France ?
Assurément, ce serait là un constat bien trop rapide et tout simplement faux. Au-delà du déferlement homophobe constaté lors des débats sur le mariage pour toutes et tous, ce serait oublier que, encore aujourd’hui, plus de 80% des LGBT évoquent au moins une situation discriminante vécue dans un des domaines de la vie quotidienne. Concrètement, trop souvent, les jeunes homosexuels ne peuvent vivre leur homosexualité sans se cacher, en élaborant donc des stratégies pour ne pas être « découvert ». Les conséquences de cette impossibilité de vivre normalement leur sexualité, elles sont aussi dramatiques que largement documentées : mal-être, honte, isolement, prises de risques pour leur santé, tentatives de suicide à un niveau extrêmement haut… C’est pourquoi, afin de soutenir les jeunes gays, de les aider, de les orienter, le Crips Île-de-France a lancé l’application « Tony, jeune gay ». En somme une sorte de grand frère qui conseille, informe et aide ! Assurément un dispositif impactant qui vise à améliorer la santé des jeunes homosexuels, santé pris dans le sens légitime donné par l’OMS : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ».
Une définition retenue également par la projet de loi de santé qui inclut, pour le moment et avant les débats devant le Sénat, des avancées fort intéressantes portées par des objectifs ambitieux, notamment quant à un renforcement fort de la prévention tout au long de la vie et de l’éducation pour la santé. Mesures sur le tabagisme, l’alcool, le tiers-payant, les salles de consommation à moindre risque, les TROD, les auto-tests, autant de mesures qui auront à n’en pas douter un réel impact sur la santé publique. Evidemment au Crips, on souscrit totalement à cette approche, nous qui, au quotidien tentons d’apporter aux jeunes, quelle que soit leur situation, les moyens et les outils pour faire des choix éclairés quant à leur santé. « Contentons-nous de faire réfléchir. N’essayons pas de convaincre »…
« 20 ans d’Elus Locaux Contre le Sida »
Intervention de Jean-Luc Romero-Michel
Président d’Elus Locaux Contre le Sida
11 juin 2015 –Mairie du Xe arrdt de Paris
Mesdames, messieurs,
Chers acteurs et actrices de la lutte contre le sida,
Chers amis,
20 ans. Et oui 20 ans... Déjà 20 ans. Pour ce bel âge, pour ce bel anniversaire, je suis heureux de vous voir toutes et tous réuni ici. C’est un plaisir, un immense plaisir et une grande émotion. Je vais être honnête : c’est exaltant de fêter cet anniversaire mais c’est aussi très délicat et triste.
Exaltant car 20 ans c’est un bel âge, après tout. Un âge dont nous nous souvenons mais un cap que pour la très grande majorité d’entre nous, nous avons déjà dépassé depuis quelques années déjà ! Mais bon, cela reste un joli souvenir disons-le nous ! Exaltant aussi parce que, en 20 ans, on en a fait des choses avec des moyens particulièrement limités. C’est là je crois la force des petites associations quoi qu’on puisse en dire : essayer de faire beaucoup avec très peu. C’est, je le pense, une approche coût – efficace si l’on reprend quelques termes techno-économico-techniques, des mots forts à la mode en ce moment !
Exaltant mais aussi délicat et triste, je disais. Délicat car c’est un exercice difficile, voire impossible de toutes et tous vous remercier nominativement, vous qui avez tant compté dans l’histoire d’ELCS. Alors si j’ai la maladresse de ne pas vous citer, ne prenez pas cela pour un oubli, sachez que dans l’histoire d’ELCS vous y avez toutes et tous une place essentielle. Une place à part. Triste, car si nous sommes ici ce soir, c’est qu’ELCS a encore une raison d’être. On pourrait s’en féliciter mais si nous sommes là c’est que le sida, aussi, est toujours là ! Triste également, très triste devrais-je dire, car beaucoup manquent à l’appel. Je ne parle pas des personnes qui n’ont pas pu venir aujourd’hui, dans cette belle salle des fêtes de la mairie du 10e, pour des raisons d’agenda et de planning, non, je parle de celles et ceux qui sont partis, emportés par le virus du sida. Beaucoup d’entre nous ont connu les années noires du sida, les années où l’angoisse se mêlait à la colère devant la mauvaise foi et la criminelle ignorance, où le sentiment d’impuissance se mêlait à la volonté de transformer le monde devant tant d’injustice et de souffrance. Des années où les enterrements se succédaient, où les pleurs étaient quotidiens, où les lignes des répertoires se rayaient et les pages de ces mêmes répertoires s’arrachaient petit à petit, inexorablement. Des années où voir le lendemain était considéré comme une victoire. Des années où, paradoxalement, l’espoir teinté de colère s’est créé. Des années où la révolte est née face à l’indifférence et très souvent au rejet.
Je me souviens très précisément de ces années. Je me souviens notamment des premiers mots échangés avec mon compagnon, quand j’ai appris ma séropositivité : « Titi, je ne connaitrai pas mes 30 ans. J’ai le sida ». C’est la première parole que j’ai prononcé à mon compagnon de l’époque, Thierry. J’en étais persuadé. Aujourd’hui, je vis. Je vis avec le virus, ce compagnon du quotidien. Je vis grâce à la science bien sûr et aux médecins et aux chercheurs qui font un travail remarquable depuis 30 ans. Alors, merci Jacques, merci Willy. Je ne cite que eux deux mais comprenez que, selon moi, les deux personnes qui m’ont fait vivre méritent bien que je les cite !
20 ans déjà. 20 ans que nous martelons que le sida se soigne aussi par la politique. Il y a 20 ans, je transformais un combat individuel en u combat collectif en créant Elus Locaux Contre le Sida. Evidemment, ce n’était pas une aventure individuelle. Beaucoup étaient déjà là en 1995. Comment puis-je ne pas citer Roselyne Bachelot et Dominique Gillot, qui ont été depuis le début de l’aventure aux côtés d’ELCS et qui sont nos marraines aujourd’hui. Sheila, également notre très chère présidente d’honneur. Et surtout comment ne pas citer Philippe. Philippe Lohéac, qui a fondé ELCS avec moi et qui travaille depuis quelque peu dans l’ombre. C’est quelqu’un de totalement indispensable, notamment parce qu’il occupe un poste bien souvent non-envié, c’est-à-dire le poste de trésorier depuis 1995. Cher Philippe, je crois que je ne te remercierai jamais assez de ton si précieux soutien ! Vous voyez, je pourrai continuer longtemps à citer des noms tant les soutiens ont été nombreux durant ces 20 ans mais je me dois de me limiter en termes de timing !
Reprenons au début des choses : ELCS est né d’un constat, celui que les élus locaux constituaient un formidable réservoir de militants et d’acteurs de la lutte alors que les associations et les médecins étaient déjà complètement investis dans cette lutte. Le sida n’est ni de droite, ni de gauche, ni du centre. Voilà ce qui a présidé à la création d’ELCS, et ce qui préside toujours à son fonctionnement puisque l’association a la chance d’avoir un bureau composé d’élus de droite comme de gauche mais aussi du centre ou encore des écolos. Des élus investis, engagés, conscients de leurs possibilités d’action et de leur responsabilité. De leur devoir même, devrais-je dire.
Car à ELCS, nous avons une certaine idée du politique, de l’action politique, de notre action dans ce combat pour la vie, l’égalité, la dignité. Et cette conception, j’en suis persuadé, vous qui êtes ici ce soir, vous la partagez.
Nous voulons une politique de lutte contre le sida innovante, qui se décide sur des résultats scientifiques incontestables, sur des bases solides, une politique qui ne serait donc pas freinée par le moralisme, le dogmatisme ou la frilosité. Par manque de courage politique, oui des hommes et des femmes se contaminent, oui des hommes et des femmes sont discriminées, oui, des hommes et des femmes continuent à mourir !
Nous demandons une politique de lutte contre le sida humaine mais surtout courageuse, à la hauteur des défis que pose cette épidémie à notre pays et à notre société, que ce soit en termes de prévention, d’information, d’éducation, de lutte contre les discriminations, de soutien aux personnes ainsi qu’aux acteurs de cette lutte. Alors que plus de 6000 de nos compatriotes découvrent chaque année leur séropositivité et que jamais autant de personnes n’ont vécu avec ce virus en France, les défis sont devant nous !
Nous exigeons que le malade ne soit pas le bouc-émissaire parfait et tout désigné de tous les maux de notre société : lutter contre le malade en lieu et place de lutter contre la maladie, voilà bien la pire des idées !
En somme ce que nous appelons de nos vœux, non pardon, ce pourquoi nous travaillons au quotidien, c’est pour une société simplement plus juste, plus respectueuse des différences, plus solidaire. Tout simplement plus humaine.
20 ans, c’est l’âge des possibles. Et ces « possibles » sont devant nous et l’espoir est de mise. Alors haut les cœurs ! Les avis sont unanimes pour dire qu’il est possible que d’ici une génération, nous puissions vivre dans un monde sans sida et ce grâce aux progrès de la médecine, à la promotion du dépistage, au rôle central du traitement et à l’accès universel à celui-ci. Le tout est bien conditionné à quelque chose : l’engagement du politique…
Mais d’ici là, profitons du moment présent, de ce temps amical de partage.
Mais avant de conclure, je voulais que tous ensemble, nous puissions rendre hommage à nos morts, à celles et ceux qui sont partis trop tôt et qui nous manquent terriblement. Je souhaiterai que nous respections une minute de silence en leur mémoire.
(1 minute de silence)
J’aime cette phrase de Coteau : « Il faut vivre comme tout le monde tout en étant comme personne ». Je vous souhaite à toutes et tous énormément de bonheur. Prenez soin de vous, profitez du moment présent même si contrairement à ce que j’ai pu imaginer en apprenant ma séropositivité il y a 27 ans, l’avenir dure toujours !
Je vous remercie du fond du cœur.
Ce soir à partir de 19h00, nous célébrerons les 20 ans d’Elus Locaux Contre le Sida (ELCS) à la mairie du 10ème arrondissement de Paris, chez mon ami Rémi Féraud.
Avec Philippe Lohéac et mon amie la chanteuse Sheila, nous n’imaginions pas être ici, 20 ans plus tard, toujours mobilisés contre le VIH/sida. Nous aurions préféré ne jamais fêter cet anniversaire…
Ce soir, en souvenir de toutes celles et de toux ceux qui sont morts, mais aussi dans l’espoir que le sida disparaisse bientôt, ce qui est possible, nous serons heureux de nous retrouver avec celles et ceux qui n’ont jamais abandonné ce combat pour la vie.
Vous êtes les bienvenus ce soir à ce moment de souvenir !
Alors qu'Elus Locaux Contre le Sida va commémorer ses 20 ans ce soir, je serai l'invité de France Bleu Ile-de-France ce jeudi à 8h30.
Aujourd’hui, je présiderai le bureau du Crips Ile-de-France qui se déroulera au siège du Crips dans le 15ème arrondissement de Paris.
Ce mois de juin est particulièrement chargé avec l’organisation du stand aux Solidays et notre participation à la marche des Fiertés LGBT de Paris.