3 questions à Rémi Féraud sur le sida. (à voir sur mon TIKTOK)
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Salle de consommation à moindre risque
ou la nécessité du pragmatisme en santé publique
Par Jean-Luc Romero-Michel, président d’Elus Locaux Contre le Sida
Nous y sommes, enfin. Nous sommes à la fin d’une grande hystérie qui a vu, in fine, triompher la santé publique en lieu et place des postures politiciennes matinées de peur, d’ignorance volontaire et d’intérêts. Oui, ça y est, la salle de consommation à moindre risque ouvre ! C’est là le résultat d’une longue lutte menée par des acteurs que je veux féliciter très sincèrement et chaleureusement au premier rang desquels Anne Hidalgo, maire de Paris et Rémi Féraud, maire du 10e arrondissement de Paris ainsi que l’ensemble des associations de réduction des risques qui ont su porter le projet, sans l’imposer, mais toujours avec ce souci d’ouverture et de discussion, en répondant aux questionnements, en tenant bon malgré les coups et les découragements dus aux reculades diverses et variées.
Militant de longue date de la réduction des risques en direction des usagers de drogues, est-ce que je suis satisfait de cette ouverture ? Oui. Oui, à moitié.
D’abord, commençons par le côté positif des choses, le « oui » : un dispositif innovant de santé publique a pu voir le jour en France sur la base de très nombreuses publications scientifiques, françaises et internationales, et de retours d’expérience de nos voisins européens et ça, c’est tant mieux ! Nous les connaissons bien, tous les avantages de ce type de structure, aussi bien en termes de santé individuelle des usagers que d’avantages collectifs liés à la sécurité et à la salubrité publique. Nul besoin de revenir dessus.
Je pense aussi que la démarche dans laquelle a été monté ce dispositif doit être soulignée et être un réel motif de satisfaction : un esprit d’ouverture, de discussion et de transparence. A ce propos, à chaque fois que je vais à la rencontre de directeurs de dispositifs de réduction des risques à l’étranger, et notamment à Genève, l’ensemble de ces personnes me parlent du dialogue comme condition sine qua non de la bonne inscription du dispositif dans le tissu local. J’en suis persuadé, ce dialogue, il doit se faire au départ, mais surtout, il doit perdurer.
Ensuite, le « oui à moitié » : cette salle de consommation à moindre risque ne constitue pas une solution miracle mais un outil supplémentaire dans le panel global des outils de réduction des risques. Ce n’est pas avec une seule salle que l’on va régler le problème de la contamination au VHC des usagers de drogues ! Il ne faudrait pas que, en en ayant tellement parlé, on attende de cette structure des résultats auxquels elle ne peut répondre seule. Autre point : cette salle de consommation à moindre risque, au-delà du fait qu’elle en appelle d’autres en France, ne doit pas signer la fin de l’innovation en matière de réduction des risques. Cette politique a toujours fait de ce sens de l’innovation son fondement et son moteur et je sais bien que les acteurs de la RdR sauront ne pas l’oublier. J’ai un exemple précis en tête d’un dispositif mis en œuvre notamment en Suisse, qui fonctionne particulièrement bien et donne d’excellents résultats : la délivrance d'héroïne sous contrôle médical. C’est là, je crois, une des pistes sérieuses que l’on doit étudier dans un avenir proche. En somme, ce n’est pas tant un « oui, à moitié » que je veux exprimer mais plutôt un « oui, attention ! ».
La leçon de tout ça : on manque de pragmatisme dès que l’on veut innover, en France, en santé publique. C’est bel et bien à nos décideurs d’adopter cette culture du pragmatisme souvent éloignée, et bien peu compatible il faut le dire, des contingences politiciennes. Bien évidemment je doute fort que la tenue des élections présidentielles et législatives permette ce type de démarche efficace mais que voulez-vous, l’espoir fait vivre ! Mais je le dis avec cette fois-ci plus de sérieux : on ne peut considérer la santé publique que sous l’angle humain et pragmatique. C’est la seule façon d’avancer convenablement, étape par étape.
Cela fait plus 20 ans que je fais, chaque année, une sorte de tour de France contre le sida, allant dans les villes, de toute taille, pour rencontrer élus, associations et autres acteurs de la lutte contre le sida. Ce que je retiens de toutes ces années, c’est que le moralisme et le dogmatisme sont des freins terribles au(x) progrès. Alors si, bien sûr, il faut s’attacher à discuter, notamment des peurs et des craintes, c’est le sens du concret, le volontarisme qui fait et fera avancer notre société. C’est la pensée que j’ai, à chaque fois, en terminant une journée de déplacement lors ces tours de France contre le sida.
Ce pragmatisme a été à l’œuvre pour ce projet de salle de consommation à moindre risque, espérons qu’il le soit pour tous les projets innovants en santé, au service des personnes, au plus près des besoins de toutes et tous, sans exception.
Politique de réduction des risques à destination des usagers de drogue :
Faire, plutôt que faire croire !
Rémi Féraud, maire du Xe arrondissement de Paris
Jean-Luc Romero-Michel, président d’Elus Locaux Contre le Sida
Expérimentation d’une salle de consommation à moindre risque… Quelques mots qui ont provoqué de légitimes questions tout autant que d’illégitimes outrances et violences. Alors que la loi de santé a officialisé l’expérimentation de ces dispositifs de réduction de risque et que la première salle va être expérimentée dans le 10e arrondissement de Paris sur le site de l'hôpital Lariboisière, cela nous donne l’occasion de rétablir des vérités.
Beaucoup disaient cette question extrêmement compliquée et épineuse, porteuse d’un renoncement face aux drogues et cause de futures violences. De notre côté, nous pensons que nombreuses sont les personnes qui ont rendu cette question compliquée et que certains ont même trouvé un grand intérêt à agiter le « chiffon rouge », avec une visée plus politicienne des choses, bien peu soucieux de la réalité de vie des personnes toxicomanes et des riverains et sans prise en compte d’aucune manière du terrain.
Alors, est-ce que cette question de la salle de consommation à moindre risque méritait un débat ? Bien sûr et même un long débat ! Rien de pire que les évidences affirmées comme telles. Oui, il fallait entendre les opinions divergentes, prendre en compte les remarques, prendre le temps d’aborder toutes les questions, informer sur les expériences chez 8 de nos voisins européens et sur le succès de ces initiatives, expliquer, en dépassant les représentations que nous pouvons tout avoir, l’intérêt de ces structures tant en termes de santé que de sécurité publiques. Nos concitoyens ont le droit d’être exigeants et nous, élus et militants associatifs avons le devoir de répondre à cette exigence.
Par contre, est-ce que cette question de la salle de consommation à moindre risque méritait un débat politicien marqué tant par des violentes attaques que par un déni de réalité ? Non. Nous pensons sincèrement que nos concitoyens méritent un peu mieux que des invectives qui ne font que jouer sur la peur. Ils demandent des actions qui soient efficaces et qui aient un impact réel sur leur quotidien, en tout cas, pas une logorrhée dont l’unique but est de faire peur !
La salle de consommation à moindre risque n’est pas une fin en soi, elle ne constitue qu’un outil parmi d’autres - parmi lesquels l’échange de seringues, le testing, les traitements de substitution - d’une politique cohérente et innovante de réduction des risques en direction des usagers de drogues.
Cette politique de réduction des risques (RdR), légalisée en 2005, est tout simplement une des politiques de santé publique les plus efficaces ; elle a notamment permis que la part des usagers des drogues dans les nouvelles découvertes de séropositivité au VIH soit de moins de 1% contre 30% au début de l’épidémie. En cela, la RdR n’est en rien une politique du renoncement comme certains détracteurs de la promotion de la santé publique peuvent l’affirmer. Au contraire, elle est une réponse qui prend à bras le corps le problème, notamment celui de l’hépatite C : pour rappel, ce sont pratiquement la moitié des usagers de drogues par voie intraveineuse qui sont contaminés au VHC. La RDR ne crée pas de problèmes, elle ne « fixe » pas les zones de consommation, bien au contraire ! Les dispositifs sont installés là où il y a déjà des problèmes ! Cette évidence, certains préfèrent ne pas la voir ou n’y ont jamais été confrontés.
La RdR, c’est vouloir une réponse efficace plutôt que des slogans rassurants mais creux. Des actes plutôt que des paroles ! S’engager dans la RdR, c’est croire en l’intelligence des personnes qui savent pertinemment que jamais un discours simpliste ne remplacera une action de terrain. Alors, à la posture nous préférons l’action. Faire, plutôt que faire croire.
En juin dernier, à la mairie du 10eme arrondissement de Paris - merci au maire Rémi Feraud -, nous avons célébré les 20 ans d'Elus Locaux Contre le Sida. Un moment émouvant et difficile. Tant de personnes sont mortes depuis la création de notre association... Mais, s'il ne s'agissait pas de fêter ces 20 ans, il fallait les commémorer. Parler de ces années de lutte pour se souvenir de celles et ceux qui ne sont plus là...
Des responsables politiques de différentes tendances étaient là comme Claude Bartolone, Valerie Pecresse, Emmanuelle Cosse, les ministres Felk et Boistard...
Sans oublier de remercier les animateurs de la commémoration Wendy Bouchard et Christophe Beaugrand...avec Romain Ambro.
Et enfin, notre présidente d'honneur Sheila !
Ce soir à partir de 19h00, nous célébrerons les 20 ans d’Elus Locaux Contre le Sida (ELCS) à la mairie du 10ème arrondissement de Paris, chez mon ami Rémi Féraud.
Avec Philippe Lohéac et mon amie la chanteuse Sheila, nous n’imaginions pas être ici, 20 ans plus tard, toujours mobilisés contre le VIH/sida. Nous aurions préféré ne jamais fêter cet anniversaire…
Ce soir, en souvenir de toutes celles et de toux ceux qui sont morts, mais aussi dans l’espoir que le sida disparaisse bientôt, ce qui est possible, nous serons heureux de nous retrouver avec celles et ceux qui n’ont jamais abandonné ce combat pour la vie.
Vous êtes les bienvenus ce soir à ce moment de souvenir !
Le jeudi 11 juin, à partir de 19h00, se déroulera la soirée des vingt ans d’ELCS à la mairie du 10ème arrondissement de Paris grâce au maire engagé Rémi Féraud.
Cette soirée, placée sous le haut patronage du président de la République, sera animée par Wendy Bouchard et Christophe Beaugrand.
Outre notre présidente d’honneur, Sheila, deux marraines ont été choisies pour cette soirée (#Soirée20), les anciennes ministres de la santé Roselyne Bachelot-Narquin et Dominique Gillot.
De nombreuses personnalités viendront témoigner de la nécessité que les élus se mobilisent dans la lutte contre le sida. Cette soirée réservera, croyez-moi, de nombreuses surprises.
Même si en créant ELCS, il y a 20 ans, j’aurai préféré ne pas souhaiter un tel anniversaire, il est important de rappeler, en 2015, que le sida se soigne aussi par la politique…
Vous pouvez confirmer votre présence en appelant au 01.42.72.36.46 ou par mail (ici).
Ce mercredi, à 18h30, je participerai à la réunion publique de l'ADMD, organisée par son nouveau délégué Rémi Chauvet.
Cette réunion se déroulera en présence du maire du 10ème arrondissement de Paris, Rémi Féraud et de l'adjointe à la maire de Paris, Alexandra Cordebard.