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Oui à une génération sans sida en 2030 ! [Ma tribune au Plus]

Très récemment, deux chiffres ont été révélés par l’ONUSIDA, deux chiffres en forme de (très) bonnes nouvelles : 35 et 42. 35, c’est en pourcentage la baisse constatée entre 2000 et 2014 des nouvelles infections à VIH qui sont passées de 3,1 millions à 2 millions. 42, c’est en pourcentage la baisse constatée des décès liés au sida entre 2004 à 2014. Deux chiffres en forme d’espoir, non pas un espoir utopique mais un espoir bien réel de voir une génération sans sida en 2030. Ce qui était inimaginable en 2000 est aujourd’hui concrètement possible ! Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a également publié cette semaine ses données et elles sont toutes aussi encourageantes: le Fonds mondial prend en charge 54% des malades du sida qui, dans le monde, bénéficient d’une trithérapie. Concrètement, ce sont 8,1 millions de malades du sida qui sont soignés grâce aux programmes financés par le Fonds mondial. Sur ces 8,1 millions, 1,1 million le sont grâce à la France qui est le deuxième pays contributeur.
Doit-on être heureux de ces résultats ? Assurément oui. Doit-on se satisfaire de ces résultats? Assurément non car nous connaissons notre but mais la route est encore longue ! Alors que ce sont 21,7 milliards de dollars qui sont disponibles cette année dans la réponse au VIH/sida, les besoins réels sont à la hauteur de 32 milliards. Est-un coût important ? Non si l’on examine ce que nous a coûté le plan de sauvetage des banques ou ce que nous coûte les budgets militaires. Est-ce un coût ? Non car, comme le dit l’ONUSIDA, il s’agit d’un investissement et non d’un coût : « En atteignant l'objectif de 2020, le besoin en ressources devrait commencer à baisser de façon permanente, chutant ainsi à 29,3 milliards de dollars en 2030 et nettement moins à l'avenir. Cela produirait des avantages de plus de 3,2 billions qui vont bien au-delà de 2030. Le retour sur investissement est de 1 dollar d'investissement pour 17 dollars d'avantages économiques. »
Au-delà du volet financier, c’est bien vers le respect des droits humains que nos efforts doivent se concentrer. On ne compte plus le nombre de chercheurs, politiques, activistes, médecins qui ont affirmé, détaillé, décortiqué, prouvé le lien manifeste entre respect et promotion des droits de l’homme et efficacité d’une politique de lutte contre le sida. Concrètement dans ce domaine, les efforts sont immenses: comment agir alors que 61 pays dans le monde ont une législation qui autorise la pénalisation de la transmission du VIH et de la non-divulgation de sa séropositivité ? Comment agir alors que 76 pays pénalisent les pratiques sexuelles entre personnes de même sexe ? 7 pays prévoient même la peine de mort ! Comment agir alors que les personnes transgenres ne sont pratiquement jamais prises en compte dans les politiques publiques de promotion de la santé et de lutte contre le VIH ? Je pourrai continuer longtemps cette liste mais je préfère m’arrêter sur un fait récent qui m’apparaît en tout point tout désastreux, notamment car il provient directement des acteurs de cette lutte : très récemment, la SAA (Society for AIDS in Africa) a décidé d’organiser la conférence africaine de lutte contre le sida, non plus en Tunisie comme cela était prévu de longue date mais au Zimbabwe… Je ne veux pas m’ériger en donneur de leçon ni en chantre d’une démocratie vertueuse mais quand même ! Je voudrais quand même rappeler que le Zimbabwe a sa tête un dictateur, Mugabe, qui au-delà de se comparer à Hitler et d’affamer son peuple, a une haine viscérale à l’encontre des LGBT. Laissons-lui la parole quelques secondes : « L’Eglise dit que l’homosexualité est une abomination. C’est aussi le cas dans notre propre culture. Les hommes qui participent à ce genre de pratique mériteraient d’être castrés », « Cela dégrade la dignité humaine. C'est contre nature, et il n'est pas du tout question de permettre à ces personnes de se comporter pire que des chiens et des porcs. Si les chiens et les porcs ne le font pas, pourquoi les êtres humains le doivent-ils ? », « Si vous voyez des gens parader comme des lesbiennes et des gays, arrêtez-les et livrez-les à la police ! ». Ça se passe de commentaires, je pense … Et donc c’est dans ce pays que la SAA a décidé d’organiser ICASA avec plus de 10.000 acteurs de la lutte contre le sida !
Globalement, depuis plusieurs années, la tenue de conférences internationales sur le sida dans un pays est l’occasion de faire bouger les lignes, de faire évoluer sa législation. Ainsi si la conférence internationale sur le sida a pu se tenir à Washington en 2012, c’était à la seule condition que la législation discriminatoire refusant l’accès sur le territoire des Etats-Unis aux personnes séropositives serait abolie. Cela été le cas et la conférence a pu se tenir aux Etats-Unis. Incontestablement, conditionner la tenue d’une conférence sur le sida à l’évolution de la législation d’un pays est une excellente politique. Est-ce le cas au Zimbabwe ? Je ne le sais pas: au mieux, nous pouvons lire le communiqué de presse de la SAA qui rappelle qu’une « réponse durable dans l’atteinte des 90, 90, 90 de l’ONUSIDA ne sera pas possible si les droits humains ne deviennent une priorité dans une nouvelle perspective du leadership dans le cadre d’un renforcement basé sur des preuves scientifiques.” La priorité donnée aux droits humains … Belle déclaration d’intention …
Voilà je crois une leçon à tirer de tout cela: dans la lutte contre le sida, nous avons besoin de tout le monde: politique, médécins, associations, etc mais personne ne doit se sentir au-dessus de l’autre. Le seul but de cette lutte c’est d’éradiquer la maladie. Cela devrait l’être en tout cas…

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