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Mes discours - Page 3

  • Extrait de mon intervention sur le budget international de la région Ile-de-France

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  • Mon discours aux 22èmes Etats Généraux d'Elus Locaux Contre le Sida (ELCS)

    Intervention de Jean-Luc Romero-Michel
    22e États Généraux d’Elus Locaux Contre le Sida (ELCS)
    Mercredi 28 novembre 2017
    Conseil régional d’Île-de-France – Paris

     

     

     

    Madame la Présidente, chère Valérie,
    Mesdames et messieurs les élus, chers collègues,
    Monsieur le Président du Crips, cher Jean,
    Ma chère Giovanna,
    Chers amis,

    Encore une édition des États-Généraux d’Elus Locaux contre le sida. La 22e…
    Encore une, car le sida est toujours là. Malheureusement. Malgré nos efforts et notre mobilisation.
    Et, on peut encore dire, années après années, qu’il n’y a jamais eu autant d’êtres humains – des femmes et des hommes, nos amis, nos frères – qui vivent avec ce virus dans le monde et dans notre pays. Et, pourtant, les personnes infectées restent invisibles.

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    Combien de personnes assurent ne pas connaître de personnes séropositives dans notre région ou à Paris, ce qui est statistiquement pourtant impossible ! Mensonge ? Aveuglement ? Honte ? Sérophobie ? Ignorance ?
    Et pourtant, comme le disait Confucius : « C’est au plus noir de la nuit que l’aurore est proche. »
    Avant d’aller plus loin, je voudrais d’abord remercier la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, et sa vice-présidente, Farida Adlani, pour leur accueil symbolique, ici, dans cet hémicycle.
    La lutte contre le sida permet de dépasser souvent les clivages partisans et tant mieux. Je voulais rendre hommage à Valérie Pécresse qui milite depuis longtemps à nos côtés, au sein d’ELCS dont elle est membre.
    Je suis dans son opposition politique – mais pas humaine – et aux côtés de mon ami, Jean Spiri, président du Crips que j’ai eu l’honneur moi-même de présider, j’ai accepté d’être ambassadeur d’une Île-de-France sans sida car je sais la sincérité de la présidente sur ce sujet.

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    Certes, nous ne sommes pas d’accord sur tout mais nous savons qu’il nous faut absolument travailler ensemble et aussi notamment avec Anne Hidalgo engagée de son côté dans un Paris sans sida – je salue d’ailleurs Eve Plenel ici présente – ou encore Stéphane Troussel pour une Seine-Saint-Denis sans sida.
    Et, ce travail commun, trans-partisan doit être signalé et encouragé. Merci madame la présidente. Merci chère Valérie…
    J’en profite aussi pour remercier Christophe Martet, qui fut un emblématique président d’Act Up et militant infatigable du combat d’avoir animé cet après-midi, ainsi que les élus d’ELCS, mes collègues engagés, Elisabeth Ramel et Stéphane Aujé.
    Merci aussi à Damien Comandon, président d’une société qui réalise 130 000 soins funéraires par an et qui a soutenu les associations luttant pour la fin de cette terrible discrimination.
    Cette interdiction des soins de conservation aux personnes séropositives atteintes du virus du VIH et du VHC cessera enfin le 1er janvier prochain.

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    Je ne vais pas être long car trop de discours tuent le message.
    Merci au Professeur Alain Fisher pour ses propos très clairs sur la vaccination et la nécessité de la développer. Les élus locaux ont un rôle dans l’information de nos concitoyens et il est important qu’ils fassent la promotion des vaccins et fassent tomber bien de fausses informations et de rumeurs qui circulent actuellement. C’était donc important de vous entendre ici. La ministre de la santé a, sur les vaccinations, pris une position courageuse que, je crois, il nous appartient, nous, élus locaux, d’accompagner. Comme je remercie Jean Spiri, le président du Crips, d’avoir rappelé l’importance qu’il attache, comme la présidente de la région, à la prévention et à la santé des jeunes. Nous avons une responsabilité importante et nous devons l’assumer.
    Je remercie la courageuse sénatrice Esther Benbassa et le non moins courageux travailleur du sexe et militant, Thierry Schaffauser, qui parle depuis si longtemps à visage découvert. Au-delà des prises de position personnelles de chacune et de chacun, toutes les études démontrent que la pénalisation du travail du sexe et même des clients est contre-productive. Elle est un obstacle à une politique préventive efficace contre le sida, les IST et met souvent dans un grand danger les travailleuses et les travailleurs du sexe.

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    En lançant la déclaration de Paris, Anne Hidalgo, que je remercie encore d’avoir été présente en début de réunion, a rappelé l’engagement que doivent avoir aussi les collectivités locales. La présidente de notre région s’est associée à cette mobilisation et je me réjouis que nous travaillions ensemble et aux côtés des associations, de l’ARS, des Corevih pour aboutir aux objectifs de l’ONUSIDA dès 2020, les trois fois 90.
    La région a voté à l’unanimité notre plan et c’est pour nous tous une énorme satisfaction. Je laisserai la présidente rappeler notre mobilisation pour la prévention et pour le dépistage qui sont les clés de la fin de l’épidémie. Des individualisations financières ont encore été votées à notre dernière commission permanente la semaine dernière. Il nous faudra cependant encore aller plus vite dans l’accompagnement de la PrEP. N’oublions pas qu’en Ile-de-France, neuf infections sur 10 concernent les HsH et les migrants. Lors d’un court voyage à San Francisco, avec Jean et Anne-Claire Tyssander, nous avons pu constater l’efficacité de la PrEP. Près de 12.500 personnes sont sous PrEP dans cette ville qui n’a que 750.000 habitants. Et San Francisco a divisé par trois les nouvelles infections. En France, en début d’année, nous étions autour de 3.500 et nous sommes peut-être à aujourd’hui 5.000 personnes sous PrEP pour 65 millions d’habitants ! Seulement…

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    Certes, la France a été le premier pays au monde à rembourser la PrEP et il faut en saluer le précédent Gouvernement. Mais il faut vraiment aller plus loin et plus vite. Toutes les études nous montrent l’efficacité de la PrEP combinée à un dispositif puissant et accessible de dépistage. D’où d’ailleurs, l’importance des autotests que la Ville de Paris et la région Île-de-France veulent mettre à disposition des associations, mais aussi des médecins, notamment dans les zones sensibles.

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    Ce serait d’ailleurs bien que la ministre de la santé change rapidement la réglementation, car il est interdit aujourd’hui à notre région de donner gratuitement des autotests aux médecins. Un comble !
    Pour arriver aux objectifs de l’ONUSIDA et donc à un monde sans sida en 2030, il faut que la France reprenne vraiment le flambeau. D’abord, l’argent. La France n’a plus augmenté sa contribution au Fonds mondial depuis plus de 5 ans. Nous étions le 2e contributeur mondial, nous sommes désormais le 3e. Un monde sans sida, c’est l’accès universel à la prévention, au dépistage et aux traitements. Pour cela, l’argent est le nerf de la guerre et j’espère que le 1er décembre, la France annoncera de nouveaux crédits. Seuls 53% des personnes séropositives ont accès aux ARV. Cela progresse vite, mais comment accepter que, chaque jour, près de 3.000 personnes continuent à mourir du sida dans le monde alors que ces morts pourraient être évitées.
    Mais au-delà de l’argent, il faut aussi une parole forte et engagée. La pénalisation des populations vulnérables est un frein énorme à la fin de cette pandémie. Comme l’écrivait Albert Camus : « Il ne suffit pas de combattre l’injustice, il faut donner sa vie pour la combattre. »

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    Comment accepter qu’en 2017, 70 pays pénalisent encore l’homosexualité ? Quand la France portera-t-elle enfin un message fort pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité, et pour que les trans ne soient plus considérés comme des malades mentaux par l’OMS ? Et quand nous mobiliserons-nous face à des pays comme la Russie qui s’attaquent aux usagers de drogue et refusent de mettre en place une politique de substitution pour enrayer une épidémie galopante dans cette population dans ce pays ? Sans oublier la persécution que subissent tant de travailleuses et de travailleurs du sexe ? Et cet ignoble arbitraire commis en Tchétchénie ?
    Une politique qui s’attaque aux personnes plutôt qu’au virus est contre-productive et attentatoire aux droits humains. Contraire à la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
    C’est pourquoi, en conclusion, je voudrais terminer en évoquant les personnes qui vivent avec ce virus. Ces personnes auxquelles on ne donne pas souvent de visage.

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    C’est pourquoi, je remercie Giovanna pour son beau témoignage. Son livre intitulé Accrochée à la vie avait ému beaucoup d’entre nous. Son courage nous donne de la force. Car ce qui ne se voit pas n’existe pas, d’où l’importance des témoignages.
    L’année dernière, en évoquant mes 30 ans de vie avec le VIH, que je célèbre cette année, j’avais indiqué que je souhaitais publier de nouveau des témoignages de personnes séropositives. Le laboratoire Gilead a répondu présent et nous sortons ce soir Portraits de VI(h)ES aux éditions du cherche midi. 15 personnes séropositives y témoignent et s’exposent grâce à la plume bienveillante de Doan Bui et au talent du photographe Patrick Messina.
    Rémy, Fred, Florence, Elodie, Charlotte, Yannick, Morgane, Ida, Julien, Pascal, Nicolas, Giovanna, Hoang, Didier, Nils, autant de femmes et d’hommes qui démontrent, sans pathos, ce qu’est vivre avec le VIH/sida en 2017. On aurait pu croire que ce serait bien plus facile qu’en 1987, quand j’apprenais ma propre séropositivité. C’est paradoxalement souvent plus difficile.
    Dans les années 80/90, il y avait une vraie solidarité ; les personnes séropositives étaient souvent très soutenues dans la communauté LGBTQI. En 2017, les progrès médicaux ont été considérables mais pas les progrès sociétaux. Dire sa séropositivité, c’est souvent encore se mettre au ban de la société. De la compassion des années 80/90, nous sommes passés à la culpabilisation.

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    Ce livre qui est décliné avec une exposition qui, je l’espère, en 2018, traversera tout le pays, a pour vocation d’incarner le VIH/sida et de rappeler que nous sommes toutes et tous concernés.
    Il y a celles et ceux qui témoignent, bien sûr. Mais ce pourrait être votre père, votre mère, votre frère, votre sœur, votre conjoint, ou encore votre meilleur ami.
    C’est vraiment contre la maladie qu’il faut lutter. Pas contre les malades. C’est tout le sens de ce livre et de cette exposition.
    Pour que la honte ne soit plus du côté de celle ou de celui qui vit avec ce virus et qu’il faut protéger et aimer. Mais du côté de celles et de ceux qui stigmatisent et qui insultent.
    Merci à ces courageux témoins.

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    Merci à vous toutes et à vous tous pour votre mobilisation et nous vous attendons, dès 19H30, au Banana Café pour vous présenter ce merveilleux livre et ses admirables témoins.
    Et permettez-moi de terminer sur cette belle citation d’Alfred de Musset : « J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois, mais j’ai aimé. »
    Je vous remercie.

     

     

     

  • Podcast de mon intervention sur la fin de vie à la région Ile-de-France

  • Mon intervention sur le Plan d’accompagnement de la fin de vie en Ile-de-France

    Madame la présidente, Mes chers collègues,

    100% d’entre nous allons mourir !
    J’espère ne pas vous annoncer de mauvaises nouvelles mes chers collègues.
    Mais rassurez-vous, car comme le disait si bien Marcel Pagnol, « la mort, c’est tellement obligatoire que c’est presque devenu une formalité. »

    valérie pécresse,; jean luc romero,fin de vie


    Pour être sérieux, la mort est une des rares questions qui nous concernent tous. Et puisqu’on ne peut y échapper, mieux vaut l’aborder et la préparer sereinement.
    Et, croyez-moi, il vaut mieux, car on meurt vraiment mal en France.
    Très mal même et toutes les études et missions faites ces 15 dernières années le démontrent.
    Et surtout, ce n’est toujours pas le mourant qui est au centre des décisions, mais encore trop souvent celles et ceux qui sont autour du lit. Et cela malgré les trois lois Leonetti de 2005, 2008 et 2016 !
    Cette question est donc importante pour tous les Franciliens et toutes les Franciliennes. C’est pourquoi le groupe RCDEC a souhaité vous présenter ce plan d’accompagnement de la fin de vie.
    Rassurez-vous et pour revenir sur des arguments étonnants entendus pour s’opposer à notre texte : cela ne serait pas de nos compétences !

    valérie pécresse,; jean luc romero,fin de vie


    Soyons-clairs, même si ma conviction est qu’il faut une autre loi qui mette vraiment le mourant au centre des décisions et que je milite pour l’accès universel aux soins palliatifs mais aussi pour la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, il ne s’agit nullement d’aborder ici ce débat qui n’est pas de notre compétence. Que cela soit vraiment clair chers collègues. Je ne suis pas ici en tant que président de l’ADMD mais bien comme élu régional représentant sur ce texte le groupe RCDEC.
    Ce plan est donc pleinement ancré dans nos compétences puisqu’il propose des mesures pour notre région, pour toute la population, pour les jeunes dans le cadre des lycées et CFA et concerne, comme vous le savez les formations sanitaires qui dépendent totalement de nous, puisque vous avez même proposé un amendement en ce sens dans le précédent rapport.
    Par ailleurs, la région ne peut être absente du débat sur les lois bioéthiques qui s’ouvre en 2018 car elle doit notamment y promouvoir l’accès universel aux soins palliatifs et la lutte contre la douleur ou encore celui que vient d’ouvrir le Conseil économique, social et environnemental.
    En être absent pourrait nous mettre dans la difficulté, nous qui avons quand même la chance d’avoir 40% des lits de soins palliatifs alors que nous n’avons que 18% de la population française.
    Imaginez la situation de beaucoup d’autres régions et même de départements comme la Guyane qui n’a même pas une unité de soins palliatifs.

    valérie pécresse,; jean luc romero,fin de vie


    Notre plan est motivé par le fait qu’on meurt mal en France. Excusez cette énumération à la Prévert : 65% des personnes qui meurent à l’hôpital le font dans de mauvaises conditions selon les soignants ; 12 % des mourants ont des douleurs réfractaires qu’on ne peut soulager ; 76% des personnes qui meurent à l’hôpital meurent seules sans leurs proches ; seuls 36% des personnes meurent à domicile alors que 85% voudraient mourir chez elles ; l’acharnement thérapeutique continue avec 50% des chimiothérapies données dans les 15 derniers jours de la vie ; et M. Leonetti dans son dernier rapport confirme aussi cela pour de nombreuses Ephad. Enfin, seuls 20 à 25% des mourants qui en ont besoin bénéficient de soins palliatifs alors que ces derniers sont universels en Belgique ou au Pays-Bas.
    De graves dérives ont lieu car selon l’INED, 0,6 % des morts, soit 3400 personnes, recevraient un produit létal alors qu’ils n’ont rien demandé et, dans le même temps, ceux qui le demandent ne sont pas entendus ! Qui s’en inquiète ?
    Par ailleurs et cela confirme la nécessité de notre plan, 70% des Français ne connaissent pas leurs droits en fin de vie et d’ailleurs seuls 2,5% des mourants - quelques dizaines de milliers de personnes - ont écrit des directives anticipées alors qu’elles sont reconnues, même si non opposables réellement malheureusement, et cela, depuis 2005.
    Je ne vais pas vous présenter de manière exhaustive notre plan. En fin de session et de journée, je ne suis pas sûr que notre auditoire y résisterait.
    Je vais juste insister sur quelques points et nous pourrons, après vos interventions, répondre aux questions des groupes.
    Nous proposons d’abord de faire un état des lieux d’accueil pour la fin de vie dans notre région et des différentes ressources dont nous disposons.
    Une cartographie permettra d’identifier clairement l’offre en Île-de-France. L’ORS a les moyens de mener ce travail utile et je sais que son excellent président, Ludovic Toro, y est favorable.
    Il s’agit ensuite de sensibiliser lycéens et apprentis aux directives anticipées. Un bon moyen d’appréhender la mort. Parler de la mort ne fait pas mourir. C’est un moyen d’aider à mieux vivre, car quand on sait que tout doit se terminer on vit mieux le moment présent et on aime mieux ses proches. C’est une belle leçon de vie pour nos jeunes. Comme l’écrit si bien Martin Gray, « Il faut que l’homme apprenne à voir la mort comme un moment de la vie. »

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    Il nous faut aussi informer les personnes en fin de vie et leurs familles de leurs droits. Et, nous le pouvons par des campagnes et des kits d’information. L’Etat ne l’a jamais fait ! Jamais !
    Il s’agit de créer une nouvelle formation sanitaire et sociale dédiée spécifiquement à l’accompagnement de la fin de vie et nous nous réjouissons que dans une précédente délibération, vous ayez fait un pas dans cette direction.
    Il est aussi nécessaire de créer un réseau de vigilance en fin de vie basé sur le bénévolat pour accompagner les personnes en fin de vie et leurs aidants, trop souvent abandonnés à leur sort.
    Enfin, notre région ne peut être absente du débat sur la fin de vie en 2018, car elle doit porter aussi le message de la lutte contre la douleur et pour l’accès universel aux soins palliatifs. Les Franciliens ne comprendraient pas que nous refusions de nous saisir d’un sujet essentiel.
    Sur notre texte, je n’ai pas été exhaustif, car je suis sûr que vous avez lu le texte de notre groupe.
    Soyez-en persuadés : les Franciliens sont très attentifs à cette question et à notre façon d’en débattre.
    Ils ont souvent vu trop de proches mourir dans des conditions indignes. Récemment, le pape lui-même se prononçait contre l’acharnement thérapeutique, qu’on appelle désormais obstination déraisonnable et qui existe toujours en France.

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    Soyons donc à la hauteur, mes chers collègues, et construisons ensemble un plan régional ambitieux pour notre région.
    Et, permettez-moi de conclure par cette belle citation de Jeanne Moreau : « On ne meurt que si l’on nous oublie. » Tâchons ensemble de ne pas oublier les Franciliens en fin de vie et leurs proches !
    Je vous remercie.

     

  • Pour le groupe RCDEC, je défendrai une délibération sur la fin de vie à la région Ile-de-France

    Avec mon groupe, le RCDEC, à la région Ile-de-France, nous avons déposé un texte sur la fin de vie qui sera discuté en fin de session du conseil régional ce vendredi.
    Je porterai ce texte qui permettra de mieux accompagner les personnes en fin de vie et les aidants. Il s'agit aussi que la région ne soit pas absente du grand débat sur la fin de vie qui devait s'ouvrir en 2017 dans le cadre de la révision des lois bioéthiques.

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  • Message au colloque du Comité Laïcité République

    Monsieur le Président du Comité Laïcité République, cher Patrick, inlassable militant de la liberté et de la laïcité,
    Monsieur le Député Jean-Louis Touraine, fidèle soutien du droit de mourir dans la dignité,
    Chers amis,

    Vous voudrez bien pardonner mon absence parmi vous aujourd’hui ; je suis à Cahors, aux côtés de notre déléguée pour le Lot, afin d’animer une réunion en faveur du droit de mourir dans la dignité.
    La vie associative révèle la plupart du temps de très belles choses, au premier rang desquelles la lutte pour un idéal, le sens de l’intérêt général, la satisfaction de servir et d’être utile aux autres.
    C’est avec cette conviction chevillée au corps que j’ai la satisfaction d’avoir été reconduit au poste de président de l’ADMD le 14 octobre dernier, par la confiance de nos près de 70.000 adhérents à l’occasion de notre 37ème générale. Je partagerai cette responsabilité avec une équipe renouvelée, comportant des bénévoles expérimentés et des nouveaux combattants pour notre ultime liberté, des jeunes et des moins jeunes, des professionnels et des militants. Des femmes et des hommes qui, de manière bénévole comme cela fut toujours le cas, seront en charge de l’administration de notre association.
    Je sais, j’entends les impatiences des défenseurs du droit de mourir dans la dignité. Elles sont les miennes aussi… Cette loi que nous revendiquons depuis 1980, que les Néerlandais ont depuis 2001, que les Belges ont depuis 2002, que les Luxembourgeois ont depuis 2009, tarde à venir chez nous… Pendant une décennie, notre vie et notre mort ont été confiées à Jean Leonetti, médecin éloigné depuis fort longtemps de la médecine, militant anti-choix… Il n’est aujourd’hui plus député. C’est une bonne nouvelle pour tous ceux – plus de 90% de nos compatriotes – qui aspirent à une loi qui leur permettra de choisir pour eux-mêmes les conditions de leur propre fin de vie.
    La loi du 2 février 2016, que certains, y compris à l’ADMD même s’il s’agit de militants très minoritaires, veulent nous présenter comme une avancée, est une véritable régression. Une régression pour tous et un trompe-l’œil pour les non-connaisseurs. Car en vérité, les directives anticipées ne sont toujours pas contraignantes et la terrible sédation terminale ne peut être envisagée que dans les tout derniers instants de la vie. Le flou qui entourait auparavant la sédation prévue par un décret du 29 janvier 2010 permettait à des médecins bienveillants et attentifs à la qualité de vie de leurs patients de poser des gestes de compassion et d’apaisement… Aujourd’hui, c’est un peu de notre liberté qui disparaît avec les imprécisions de 2010. Qui disparaît encore…
    Il nous faudra convaincre. Convaincre encore et toujours.
    C’est évidemment vers les politiques que nous nous tournons de manière privilégiée. Car qui d’autres que les politiques, les parlementaires, ont le pouvoir de modifier la loi ? Ne comptons pas, dans notre combat, sur la rue… En effet, toutes les fois où nous avons organisé des manifestations, nous ne réunissons au mieux que quelques milliers de personnes. Quelques milliers pour près de 70.000 adhérents. Comment faire la révolution quand – et je le comprends parfaitement compte tenu de l’âge moyen de nos adhérents – la pluie, la chaleur, la station debout, la marche… dissuadent les nôtres de venir nous soutenir ? Et pourtant, jamais dans l’histoire de notre association, autant de manifestations n’auront été organisées à mon initiative. Je vous rappelle que nos adversaires, que l’on a vu défiler en 2013 contre le mariage pour tous, que nous verrons défiler contre la PMA, dont les parents ont défilé contre l’IVG au début des années soixante-dix et défilent encore, rassemblent parfois plusieurs centaines de milliers de personnes. Et pourtant, le droit de mourir dans la dignité est très largement accueilli favorablement par les Françaises et les Français.
    J’observe ce qui se passe en Suisse ou en Belgique, avec le départ de Français. Ceux qui ont les moyens financiers et la force physique, psychologique et morale de se déplacer peuvent partir en Suisse. Ceux qui peuvent se payer les trajets pour la Belgique – qui ne souhaite pas accueillir notre misère en fin de vie – peuvent bénéficier d’une euthanasie légale. Et les autres ? Rien. La souffrance. Au mieux, la sédation accompagnée de la dénutrition et de la déshydratation… Est-ce cela l’avenir de notre société ? Car qui s’occupera de nos proches, de nos enfants. Auront-ils les mêmes moyens et les mêmes connaissances que nous pour s’exiler ? Ne serions-nous pas égoïstes de ne penser ainsi qu’à nous-mêmes et de laisser les autres, les nôtres, à leur triste sort régi par la loi Leonetti ?
    C’est parce que je veux une loi pour tous, ici, en France, sans condition ni financière ni autre, que je me bats. Il faut que dans quelques années, chacune et chacun d’entre nous, sans barrière d’aucune sorte, puisse bénéficier d’une aide médicalisée pour mourir selon ses convictions, dès lors que c’est un choix exprimé, conscient et réitérée. Il n’y a qu’à cette seule condition que nous aurons la certitude qu’après notre propre mort, ceux que nous chérissons bénéficieront du même droit de mourir dans la dignité.
    Alors oui. Le temps est long. Et pour certains, le temps presse… Nous n’abandonnerons jamais ces derniers. Nous ne l’avons jamais fait. Je ne l’ai jamais fait…
    Nous avons en face de nous un président de la République qui semble ne pas maîtriser ce sujet. Pourtant, il a récemment déclaré vouloir choisir sa propre fin de vie. Nous avons en face de nous un premier ministre qui a connu, avec son père, les tourments de la mauvaise mort. Il a décrit cette expérience – comme nous tous, du reste – comme une véritable tragédie. Nous avons en face de nous une ministre de la santé qui parle d’une évaluation de la loi. Pourtant, nul besoin d’une évaluation. Je lui donne ici deux noms qui suffiront à comprendre ce qu’il en est réellement de la loi Leonetti : Vincent Lambert et notre chère Anne Bert.
    Mais nous avons aussi à côté de nous des parlementaires, au premier rang desquels l’admirable Jean-Louis Touraine, ou encore Olivier Falorni, qui portent notre combat dans l’hémicycle. Il faut leur parler. Beaucoup sont novices en politique et n’ont donc pas de réactions d’appareil. Nous irons les voir. Un par un. Nous leur dirons qu’une nouvelle liberté enrichit la société. Qu’un droit n’est jamais une obligation. Que dès lors que l’on place la parole du citoyen – et non celle de son médecin ou de sa famille – au centre de la décision de fin de vie, il n’y a aucun risque de dérive. Que la vie peut être belle, mais que la survie, en France, est souvent un cauchemar… Nous leur demanderons de réfléchir. Nous leur demanderons de réfléchir à leur propre fin de vie ; à la fin de vie de ceux qu’ils aiment le plus. Souhaiteraient-ils les voir diminués, infantilisés, avec un corps vide de ses forces et de son esprit ? Je vous assure que non.
    Si la loi ne change pas, quelques uns poursuivront leurs petits arrangements, et beaucoup mourront dans des conditions indignes et en contradiction avec leur volonté.
    Chateaubriand écrivait : « Tout nous ramène à quelque idée de la mort, parce que cette idée est au fond de la vie. »
    Nous pouvons gagner ce combat pour la vie, pour la fin de vie. C’est à notre portée. Mais il faut nous mobiliser et nous regrouper.
    Vive la liberté ! Vive la laïcité !
    Je vous remercie.

  • Mon discours sur le fin de vie à La Rochelle - 14 octobre 2017

    Mes chers amis,
    La vie associative n’est pas toujours simple. Elle révèle la plupart du temps de très belles choses, au premier rang desquelles la lutte pour un idéal, le sens de l’intérêt général, la satisfaction de servir et d’être utile aux autres. Quelquefois, elle sert de défouloir… Le processus électoral au sein de l’ADMD, en vue du renouvellement de notre conseil d’administration, s’est achevé aujourd’hui. Je dois bien avouer que jamais je n’aurais imaginé les bassesses qu’il a connues et auxquelles j’ai veillé à ne jamais répondre, inappropriées qu’elles étaient au combat pour la dignité que nous portons. Certains sont allés jusqu’à transmettre de fausses informations – mais ce n’est pas la première fois – à un journal satyrique entre autres. Certains sont allés jusqu’à remettre en cause le travail de l’huissier de justice et du commissaire aux comptes…

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    Les bassesses et la violence de cette campagne ont eu néanmoins un grand mérite : le vote qui s’est déroulé dans l’office d’un huissier de justice, contrôlé par un second huissier de justice, est indéniablement un vote d’adhésion. Il ne pourra pas être dit que les nouveaux administrateurs, que le nouveau président, ont été élus par ignorance ou par défaut. Les membres de la liste concurrente ont mis tous les moyens pour m’atteindre. En m’accordant près de 80% des votes, nos adhérents ont exprimé leur confiance. Cette campagne n’a pu que renforcer ma conviction profonde que le président d’une association aussi importante que la nôtre doit se tenir à l’écart des querelles mesquines. C’est en pensant à nos morts et à nos mourants que nous devons travailler. Pas pour la gloire éphémère et illusoire des titres…
    Le temps se chargera de rétablir les vérités… Chacun se retrouvera avec sa conscience. Ce qui est inquiétant est que ces insinuations, ces contre-vérités ont été largement diffusées sur un site Internet ouvert au public au grand plaisir de nos adversaires qui s’amusent à relayer cela sur les réseaux sociaux. « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelques chose », comme l’écrivait si justement Francis Bacon. Le pire est que ceux qui voulaient m’atteindre ou l’équipe sortante mettent clairement en danger notre combat et donnent des arguments aux ennemis de l’ultime liberté.

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    C’est donc un nouveau mandat de quatre années qui s’ouvre aujourd’hui. Un mandat que vous avez confié à une équipe renouvelée, comportant des bénévoles expérimentés et des nouveaux combattants pour notre ultime liberté, des jeunes et des moins jeunes, des professionnels et des militants. Des femmes et des hommes qui, de manière bénévole comme cela fut toujours le cas, seront en charge de l’administration de notre association. La campagne interne est désormais close et j’espère qu’enfin le vote très majoritaire de nos adhérents pour une stratégie politique sera enfin respecté. Cette stratégie devra être mise en œuvre du conseil d’administration aux délégations. Elle a été clairement et sans ambiguïté adoptée par nos adhérents.
    Je sais, j’entends les impatiences qui sont les vôtres. Elles sont les miennes aussi… Cette loi que nous revendiquons depuis 1980, que les Néerlandais ont depuis 2001, que les Belges ont depuis 2002, que les Luxembourgeois ont depuis 2009, tarde à venir chez nous… Pendant une décennie, notre vie et notre mort ont été confiées à Jean Leonetti, médecin éloigné depuis fort longtemps de la médecine, militant anti-choix… Il n’est aujourd’hui plus député. C’est une bonne nouvelle pour tous ceux – plus de 90% de nos compatriotes – qui aspirent à une loi qui leur permettra de choisir pour eux-mêmes les conditions de leur propre fin de vie.

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    La loi du 2 février 2016, que certains, y compris à l’ADMD même s’il s’agit de militants très minoritaires, veulent nous présenter comme une avancée, est une véritable régression. Une régression pour tous et un trompe-l’œil pour les non-connaisseurs. Car en vérité, les directives anticipées ne sont toujours pas contraignantes et la terrible sédation terminale ne peut être envisagée que dans les tout derniers instants de la vie. Le flou qui entourait auparavant la sédation prévue par un décret du 29 janvier 2010 permettait à des médecins bienveillants et attentifs à la qualité de vie de leurs patients de poser des gestes de compassion et d’apaisement… Aujourd’hui, c’est un peu de notre liberté qui disparaît avec les imprécisions de 2010. Qui disparaît encore…
    Il nous faudra convaincre. Convaincre encore et toujours.
    J’observe ceux qui, prétendant avoir la solution à l’aboutissement de notre revendication, dénoncent une association qui serait trop tournée vers le politique. Mais qui d’autres que les politiques, les parlementaires, ont le pouvoir de modifier la loi ? Même Anne Bert ne s’y est pas trompée en interpellant la ministre de la santé et les élus. Ne comptons pas, dans notre combat, sur la rue… Toutes les fois où nous avons organisé des manifestations, que ce soit dernièrement une marche militante le 18 mars 2017 ou un rassemblement sur la place de la République, à Paris, le 2 novembre 2016, nous ne réunissons au mieux que quelques milliers de personnes. Quelques milliers pour 70.000 adhérents. Comment faire la révolution quand – et je le comprends parfaitement compte tenu de l’âge moyen de nos adhérents – la pluie, la chaleur, la station debout, la marche… dissuadent les nôtres de venir nous soutenir ? Et pourtant, jamais dans l’histoire de notre association, autant de manifestations n’auront été organisées à mon initiative. Je vous rappelle que nos adversaires, que l’on a vu défiler en 2013 contre le mariage pour tous, que nous verrons défiler contre la PMA, dont les parents ont défilé contre l’IVG au début des années soixante-dix et défilent encore, rassemblent parfois plusieurs centaines de milliers de personnes. Et pourtant, le droit de mourir dans la dignité est très largement accueilli favorablement par les Françaises et les Français.

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    J’observe aussi ceux qui demandent des actes spectaculaires. J’y suis favorable. Comme beaucoup d’autres, j’ai moi-même soutenu plusieurs personnes qui me l’ont demandé, dans des conditions très claires. Mais, hormis quelques rares courageux - je pense à Françoise Griso ces jours-ci -, qui accepte de témoigner ? Lorsque nous lançons un appel, peu de réponses nous parviennent. La médiatisation de tels gestes, j’en conviens, est difficile, y compris pour les proches qui vont rester. Je peux faire ici un petit sondage. Qui accepterait, le moment venu, d’être suivi par une caméra avant qu’une aide médicale ne lui soit apportée ? Être poursuivi par la presse, traquée, débusqué, comme le fut Chantal Sébire en 2008, n’a rien d’une partie de plaisir et ne concourt en rien à la sérénité nécessaire à un tel moment… Même Anne Bert, qui a tant donné, souhaitait qu’on respecte l’intimité de ses derniers moments.
    J’observe ceux qui demandent que l’ADMD se transforme en marchande de pilules chinoises qui parfois détruisent plus qu’elles ne favorisent une fin de vie digne et paisible. On ne commande pas la mort par Internet, pour trouver un matin une pilule frelatée dans sa boîte aux lettres. Où est l’accompagnement ? Où est la dignité ? Où est le respect dû à ceux que nous aimons ? Je ne préside pas une association à but lucratif… Notre force, ce sont nos dizaines de milliers d’adhérents qui nous la donnent. Pas un petit commerce…
    J’observe ceux qui voudraient comme unique stratégie que nous fassions la seule promotion de la Suisse, voire de la Belgique. Devrais-je présider une ADMD à deux vitesses ? Ceux qui ont les moyens financiers et la force physique, psychologique et morale de se déplacer pourraient partir en Suisse. Ceux qui peuvent se payer les trajets pour la Belgique – qui ne souhaite d’ailleurs pas accueillir notre misère en fin de vie – pourraient bénéficier d’une euthanasie légale. Et les autres ? Rien. La souffrance. Au mieux, la sédation accompagnée de la dénutrition et de la déshydratation… Est-ce cela l’avenir de notre association ? Et après que nous ayons été aidés de la sorte, qui s’occupera de nos proches, de nos enfants. Auront-ils les mêmes moyens et les mêmes connaissances que nous pour s’exiler ? Ne serions-nous pas égoïstes de ne penser ainsi qu’à nous-mêmes et de laisser les autres, les nôtres, à leur triste sort régi par la loi Leonetti ?
    C’est parce que je veux une loi pour tous, ici, en France, sans condition ni financière ni autre, que je me bats. Il faut que, le plus vite possible, chacune et chacun d’entre nous, sans barrière d’aucune sorte, puisse bénéficier d’une aide médicalisée pour mourir selon ses convictions, dès lors que c’est un choix exprimé, conscient et réitérée. Il n’y a qu’à cette seule condition que nous aurons la certitude qu’après notre propre mort, ceux que nous chérissons bénéficieront du même droit de mourir dans la dignité.
    Alors oui. Le temps est long. Et pour certains, le temps presse… Nous n’abandonnerons jamais ces derniers. Nous ne l’avons jamais fait. Je ne l’ai jamais fait… J’en profite pour remercier Jacqueline Jencquel qui a suivi tant d’accompagnements, notamment en Suisse.

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    Nous avons en face de nous un président de la République qui semble ne pas estimer ce sujet prioritaire. Pourtant, il a récemment déclaré vouloir choisir sa propre fin de vie. Jeudi dernier cependant, sa conseillère solidarité/santé m’a assuré que la fin de vie ferait partie de la révision des lois bioéthiques. Nous serons vigilants.  Nous avons en face de nous un premier ministre qui a connu, avec son père, les tourments de la mauvaise mort. Il a décrit cette expérience – comme nous tous, du reste – comme une véritable tragédie. Nous avons en face de nous une ministre de la santé qui parle d’une évaluation de la loi. Pourtant, nul besoin d’une évaluation. Je lui donne ici deux noms qui suffiront à comprendre ce qu’il en est réellement de la loi Leonetti : Vincent Lambert et notre chère Anne Bert.
    Ici, en Charentes-Maritimes, j’ai comme vous tous une immense pensée pour Anne Bert. J’ai eu la chance de la rencontrer et d’échanger beaucoup avec elle durant son tout dernier été. Au début de nos échanges, elle m’a dit : « Vous savez, Jean-Luc, je suis adhérente à l’ADMD, mais je ne suis pas une militante. Je ne l’ai jamais été. » Et je lui avais répondu : « Vous êtes la plus efficace non militante que j’ai connue ! » Ca l’avait fait rire. Depuis je l’appelais affectueusement « ma non militante ».
    Chers amis, chers militants, nous avons aussi en face de nous des parlementaires, dont beaucoup sont novices en politique et n’ont donc pas de réactions d’appareil. Tous n’ont pas non plus, comme notre ami Olivier Falorni, des convictions chevillées au corps sur la question. Il faut aller les voir. Il faut leur parler. Il faut, avec l’argumentaire qui a été publié dans le Journal de l’ADMD de mars dernier – le numéro 140 – et qui est toujours en ligne sur notre site, défaire les contre-vérités, les idées préconçues, les mensonges… Il faut leur dire qu’une nouvelle liberté enrichit la société. Qu’un droit n’est jamais une obligation. Que dès lors que l’on place la parole du citoyen – et non celle de son médecin ou de sa famille – au centre de la décision de fin de vie, il n’y a aucun risque de dérive. Que la vie peut être belle, mais que la survie, en France, est souvent un cauchemar… Demandez-leur de réfléchir. Demandez-leur de réfléchir à leur propre fin de vie ; à la fin de vie de ceux qu’ils aiment le plus. Souhaiteraient-ils les voir diminués, infantilisés, avec un corps vide de ses forces et de son esprit ? Je vous assure que non.
    J’ai déjà eu l’occasion de vous le demander à plusieurs reprises par le passé. J’ai besoin de vous. Notre conseil d’administration et nos délégués ont besoin de vous. Simple chef d’orchestre, je ne parviendrai à jouer aucun son sans les instruments de musique, sans toutes celles et tous ceux – vous – qui, en mêlant leur énergie, en donnant un peu de leur temps, en unissant leurs forces et leur voix, vont faire de ce combat, un combat pour leur propre fin de vie, un combat collectif, celui qui bénéficiera à toutes les Françaises et à tous les Français.

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    Mobilisons-nous. Répondons présents à l’appel des délégués de notre association qui, partout sur notre territoire, organisent des actions militantes. Soyons présents dans les salles chauffées, certes, mais soyons présents aussi sur les marchés, dans les permanences de nos députés, devant les préfectures, s’il le faut. Oui… Il faut s’inspirer du combat politique et syndical pour être entendus et pour faire changer la loi. Si la loi ne change pas, quelques uns poursuivront leurs petits arrangements entre privilégiés, d’autres poursuivront leur petit commerce fructueux, et beaucoup mourront dans des conditions indignes et en contradiction avec leur volonté.

    Chateaubriand écrivait : « Tout nous ramène à quelque idée de la mort, parce que cette idée est au fond de la vie. »
    Nous pouvons gagner ce combat pour la vie, pour la fin de vie. C’est à notre portée. Mais il faut se mobiliser et se regrouper.
    Hauts les cœurs !
    Vive l’ADMD !
    Vive la liberté !
    Je vous remercie.

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  • Extrait de mon intervention à la région Ile-de-France sur la démocratie participative

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  • Podcast de mon intervention à la région Ile-de-France sur la démocratie participative

  • Podacst de mon intervention sur les déserts médicaux au conseil régional d'Ile-de-France

  • Mon intervention à la région Ile-de-France pour la subvention à Flag

    Madame la présidente, Monsieur le président, Chers collègues,

    Je me réjouis de la subvention de 15 000 euros pour l'association FLAG que le groupe RCDEC votera bien sûr.
    A cette occasion, je voulais rendre hommage à cette association de policiers et de gendarmes qui œuvrent au sein de leurs corps respectifs pour mieux faire connaître les problèmes auxquels sont parfois confrontés les personnes LGBTQI dans leurs relations avec les forces de l'ordre.
    La méconnaissance est souvent la raison de bien nombreuses incompréhensions notamment avec les transgenres. Ces incompréhensions peuvent être douloureuses.
    Il faut donc mieux former les forces de l'ordre aux questions de discriminations en général et les sensibiliser en particulier aux haines LGBTQIphobes.
    Il faut aussi les former à l'accueil des personnes LGBTQI qui viennent porter plainte pour des actes homophobes et transphobes. Pour certains, ce n'est pas simple de faire cette démarche et ils doivent être bien accompagnés et entendus.
    D'où l'importance de l'action de Flag et l'importance évidemment de notre soutien régional.
    Permettez-moi en conclusion une pensée, que je sais commune à nous tous dans cette assemblée, pour Xavier, policier de 37 ans, membre de FLAG qui fut lâchement assassiné en avril dernier sur les Champs Elysées. Ne l'oublions pas. Jamais !
    Je vous remercie.

  • Mon intervention à Montréal à la Conférence Egalité et Légalité

    Mesdames, Messieurs,

    Avant tout je voudrais me présenter à vous : élu de Paris et de la région Île-de-France, ambassadeur d'une Île-de-France sans sida, gay, séropositif, activiste, marié et heureux de l’être ! Voilà en quelques mots comment je peux me définir.
    Depuis plus de 20 ans, j’ai créé et préside Élus Locaux Contre le Sida, une association qui regroupe plus de 17.000 élus en France et dont le but est d’informer et mobiliser ce public dans la lutte contre le VIH/sida, les hépatites et, bien sûr, la lutte contre les discriminations. C’est un modèle original d’association, unique en son genre en France. J’ai également été membre du Conseil national du sida, organisme français chargé de donner des avis sur les réformes à mener sur la politique de lutte contre le sida en France et président du collectif inter-associatif chargé de l’opération nationale « Sida : grande cause nationale », en 2005.
    Dans ma vie, j’ai choisi de faire du combat individuel que je mène depuis exactement 30 ans contre le VIH/sida, un combat collectif, persuadé, en pensant au proverbe ivoirien, que « Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil finira toujours par briller. »
    Ce combat passait notamment par dire publiquement mon statut sérologique, ce qui n'était jamais arrivé pour un élu dans mon pays. Je reste encore le seul élu français à avoir révélé sa séropositivité bien plus de trois décennies après les débuts de la pandémie. Cette visibilité, même si elle a pu constituer un obstacle sur le plan professionnel et surtout politique, je l’ai souhaité, d’abord pour moi, car cela me donnait la certitude d’être honnête avec moi-même, mais aussi pour aider mes concitoyens, pour leur donner un peu de courage en somme.
    Tout au long de ces années d’activisme, ma conviction n’a pas changé : la lutte pour les droits LGBTQI et la lutte contre le sida sont liées. C’est évident mais je préfère le dire : il ne s’agit pas là de lier homosexualité et sida car la majorité des personnes infectées dans le monde sont bien sûr hétérosexuelles.
    D'ailleurs, je veux ici rappeler l’attitude exemplaire de la communauté LGBTQI dans le monde qui a bien souvent pallié à l’absence criminelle de réactions des gouvernements au début de l’épidémie et c’est encore le cas dans de nombreux pays, notamment avec un silence criminel vis-à-vis des populations clés. Bien trop souvent le cas dans beaucoup de pays africains, asiatiques ou d'Europe de l'Est.
    Dans ces combats, l’union fait la force au sens propre du terme, l’union non pas seulement des associations mais aussi des acteurs LGBTQI dans leur diversité.
    Permettez-moi un rapide point sur la situation épidémiologique concernant le VIH et sur la situation des droits LGBTQI en France. Ensuite, j'essaierai de donner quelques pistes pour changer les choses.

    I – Situation épidémiologique du VIH en France et situation des droits LGBTQI

    * Les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes représentent en France près de la moitié des infections au VIH avec 43 % des nouvelles découvertes de séropositivité en 2015 (2600 découvertes sur les 5925). Ce taux n’a pas beaucoup varié depuis des années, il a même tendance à augmenter alors que les infections chez les hétérosexuels et chez les migrants originaires d’Afrique sud-saharienne, autre population clé en France avec les HSH, diminuent.
    Face à ce constat, de nouvelles méthodes de prévention ont été inventées dans le cadre d’une politique qui a dépassé la norme du tout-préservatif pour une prévention diversifiée, une prévention qui s’adapte aux choix, aux envies, et surtout aux possibilités de vie des personnes. En somme, une prévention individualisée grâce à un panel d’outils, avec notamment la consécration du traitement comme outil de prévention dans le cadre du « TASP » test and treat et de la PREP (pre-exposure prophylaxis), qui est autorisée en France, depuis novembre 2015, et, gratuite depuis le 1er janvier 2016. Nous sommes ainsi le premier pays au monde où la PrEP a été remboursée par un système national de santé.

    * Dressons maintenant un rapide constat sur les droits LGBTQI. Sur ce point, la France est paradoxale.
    Elle a beaucoup évolué et ce dans le bons sens : pénalisation des propos homophobes, ouverture du mariage aux couples de mêmes sexe, adoption, et peut-être bientôt la PMA ouverte à toutes les femmes, l'introduction de modules de lutte contre l’homophobie à l’école … autant de mesures fortes qui ont conduit à une vraie amélioration des droits LGBTQI, notamment quant à la reconnaissance d’un statut de citoyen à part entière, et non de sous-citoyen comme on pouvait le ressentir et le constater auparavant. Cela a amené à une évolution globalement positive des choses, je pense notamment aux enquêtes d'opinion où la très large majorité des Français ne veulent absolument pas revenir sur le mariage gay contrairement, encore aujourd'hui, à certains responsables politiques. Célébrant souvent des mariages de couples LGBTQI à Paris, je constate aussi une très nette évolution des mentalités lors de ces cérémonies toujours très émouvantes et réunissant quasiment à chaque fois des anciens opposants au mariage pour tous, heureux de participer désormais au mariage d'un ou d'une de leur proche. Ils ont enfin compris que donner des droits à une minorité permet en fait à la société entière de s'élever !
    Voyons l’autre côté des choses : les débats sur l’ouverture du mariage pour toutes et pour tous ont libéré une parole homophobe et transphobe de manière extrêmement violente. Je peux vous assurer que je savais que ce débat allait être dur et que je suis habitué depuis tant d’années, en tant que personnage public, à être insulté, principalement sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter où je suis très présent et suivi, mais à ce point... C’était incroyable et malheureusement cette libération de la parole homophobe, lesbophobe et transphobe est toujours d’actualité et le groupuscule extrémiste « La Manif pour tous » - organisation largement soutenue par l’Église catholique - qui a mené ce mouvement, existe toujours et a même désormais des élus dans les assemblées locales et régionales. Je le répète, vous ne pouvez pas imaginer le climat de haine et de violence pendant tous ces mois, dans ce que beaucoup d'entre vous considèrent encore comme le pays des Droits de l'Homme. Quand on sait qu’un jeune homosexuel, en France, a quatre fois plus de risques de faire une tentative de suicide qu’un jeune hétérosexuel, je vous laisse imaginer les drames que cette haine a pu provoquer. Mais bien évidemment, ces professionnels de la haine n’y font pas attention ! Ils s’en fichent !
    Autre volet dramatique que je veux évoquer : les personnes trans. Les réformes nécessaires les plus élémentaires n’ont pas abouti à des avancées suffisamment probantes, même sur des sujets très simples comme le changement d’état civil. Il nous reste tant à faire, je le répète, simplement pour le respect des droits les plus élémentaires des personnes transgenres.
    Il n'est donc pas étonnant qu'en France, la pandémie ne diminue pas chez les HSH et les trans. Quand ces populations continuent à être stigmatisées, il ne faut pas s'étonner que certains LGBTQI refusent d'être des acteurs de prévention et en arrivent parfois à ne plus avoir d'estime personnelle.

    II - Après avoir décrit la situation française, la question principale c’est comment fait-on changer les choses dans un pays qui s'approche pourtant de l'égalité réelle et qui a dépénalisé l'homosexualité depuis 1982 ?

    Je vous le disais en introduction : selon moi, la lutte contre le sida et la lutte pour les droits LGBTQI vont obligatoirement de pair. Et je pense que le trait d’union est cette notion de « santé sexuelle ». Quand je dis le mot « santé », je ne parle pas du sens restrictif que l’on peut donner quelques fois à la santé ; je pense à la santé comme l’Organisation mondiale de la santé la définit : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. »
    Dans cette conception complète et légitime de la santé, clairement le fait de se sentir bien, non-jugé et non exclu du fait de son orientation sexuelle ou de son identité de genre est primordial et central.
    Et je rappelle aussi que la santé est un droit et ce droit à la santé ne doit être entravé par aucun jugement moral ou autre.
    Dans cette conception des choses, plusieurs acteurs entrent en jeu : la société dans son ensemble, les politiques et la communauté LGBTQI elle-même.

    * Premier acteur : la société.
    La société, dans son ensemble, doit pouvoir s’interroger sur le regard qu’elle porte sur les LGBTQI. Si l’on parle de la partie prévention en milieu gay, cela ne peut être véritablement efficace que si la personne voit son identité reconnue et acceptée par la société. Or, aujourd’hui, il est toujours très difficile de dire et de vivre son homosexualité ou d'être transgenre : rejet parental, injures, homophobie, transphobie latentes … On peut considérer en partie que la banalisation des comportements à risque et donc la hausse des infections au VIH - principalement chez les gays et les trans - est aussi une des conséquences de ce mal-être et de cette non estime de soi causées par le regard qu’une partie de la société porte sur eux. Porte sur nous. Cette évolution des mentalités doit être portée par un volet essentiel : l’éducation. Et il ne s’agit pas là que d’une déclaration d’intention, des moyens doivent être mis en œuvre pour que cette politique éducative centrée sur l’acceptation de l’autre soit une réalité promue et non pas seulement affirmée dans de beaux discours sans lendemain ! C'est ce que nous essayons de faire, avec la société civile, en région Île-de-France notamment avec le CRIPS dont j'étais le président jusque janvier 2016, mais qui poursuit son action désormais avec mon collègue Jean Spiri.

    * Deuxième acteur : les responsables politiques.
    Avec ma double casquette d’activiste et d’élu, j’aurai beaucoup de choses à dire sur le milieu politique, un milieu aussi bien formidable tant il peut changer le monde que, parfois, terriblement lâche et réactionnaire. Je crois profondément que, quand on est élu par le peuple, on doit parler à tous ses concitoyens, car lorsque nous sommes élus, nous les représentons tous. Même ceux qui n'ont pas voté pour nous ! Et quand certains élus en France, et pas les moins importants, prennent position de manière violente et profondément humiliante pour qu’une partie de leurs concitoyens n’aient pas les mêmes droits que les autres concitoyens, il ne s’agit pas là d’une erreur politique mais d’un contre-sens complet sur le rôle même de l’élu, sur la définition même de ce qu’est un élu. La société est quelques fois, voire souvent en avance par rapport à ses responsables politiques. C’est pourquoi toute cette activité de lobbying de la société civile est primordiale, tant pour obtenir des droits civils que pour obtenir le droit à la santé. Ce droit à la santé, il comprend le droit à pouvoir profiter des innovations en terme de santé, je pense notamment à la PrEP et ce forcément sans moralisme.
    Cela veut dire aussi que les dirigeants des pays qui ont atteint l'égalité ont la responsabilité de soutenir les militants qui vivent dans les pays où l'homosexualité est toujours pénalisée – encore plus de 70 pays en 2017 ! - et doivent s'engager clairement pour la dépénalisation universelle de l'homosexualité.

    * Troisième et dernier acteur : la communauté LGBTQI elle-même.
    Et quand je dis communauté LGBTQI, je pense à toutes ses composantes : les personnes bien sûr, les associations, les acteurs économiques, les acteurs culturels, etc...
    Je crois que l’on doit avoir une réflexion à avoir sur nous-mêmes. Je vous donne un exemple : comment se fait-il qu’il existe encore un phénomène de choix fièrement assumé de ses partenaires en fonction de son statut sérologique alors que l’on sait pertinemment qu’il n’est pas du tout risqué d’avoir une relation sexuelle protégée, voire non, avec une personne séropositive, sans IST et avec une charge indétectable depuis plus de six mois.
    Ce message, il doit être porté par l’ensemble de la communauté LGBTQI pas seulement les acteurs de la lutte contre le VIH. Après tout, c’est notre santé qui est en jeu. Il nous appartient de porter des messages cohérents et non discriminants. C’est essentiel et c'est une partie de la réponse à la fin du sida que nous souhaitons tous dès 2030… Si nous discriminons au sein même de nos propres communautés dans nos pays riches, comment voulez-vous que des gouvernement homophobes et transphobes dans les gouvernements du Sud nous considèrent comme des acteurs à part entière ?

    En conclusion, n'oublions pas le grand Sénèque : « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. »
    Nous avons un défi collectif : mener de pair les combats collectifs contre le VIH/sida et pour la reconnaissance des droits des LGBTQI.
    Pas l'un ou l'autre !
    Mais l'un et l'autre !
    Et soyons-en certains : sans reconnaissance des populations clés par les gouvernements comme acteurs à part entière, et si on continue de pénaliser homosexuels, usagers de drogues et travailleuses - eurs du sexe, on ne pourra aboutir, en 2030, à un monde où pourraient naître enfin – quel rêve merveilleux ! - des générations sans VIH/sida.

    Je vous remercie.

     

     

  • Extrait de mon intervention au Facebook live de l'ADMDTour à Toulouse

  • Mon discours pour la remise de mes 52 recommandations pour un Paris inclusif pour les LGBTQI

    Remise à la maire de Paris
    des 52 recommandations de Jean-Luc Romero-Michel
    pour faire de Paris
    une ville phare de l'inclusion et de la diversité.
    Mardi, 13 juin 2017
    Hôtel de ville de Paris

     

     

     

    Madame la Maire de Paris, chère Anne,
    Monsieur le Premier adjoint à la Maire de Paris, cher Bruno,
    Mesdames et Messieurs les adjoints à la Maire de Paris, chère Hélène, cher Jean-François, cher Frédéric,
    Monsieur le président de l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris, cher Pierre,
    Chers amis,

    Je voudrais d’abord remercier chaleureusement et affectueusement la Maire de Paris – chère Anne – pour avoir pris la décision d’organiser une mission spécifique sur l’attractivité de Paris pour les LGBTQI.
    Depuis longtemps, la Maire de Paris porte un combat fort en faveur de la lutte contre les discriminations – ça fait partie de ses gênes, je crois – et, pour avoir travaillé avec elle sur ces questions lorsqu’elle était encore la présidente du CRIPS Ile-de-France, j’ai pu mesurer sa grande connaissance de ces dossiers et son intérêt profond pour les questions LGBTQI. Son engagement pour l’égalité est exemplaire, que ce soit le mariage pour tous, la PMA pour toutes ou encore la nécessité d’avancer enfin sur les droits des trans. Sans oublier bien sûr sa lutte contre les LGBTQIphobies
    En me confiant cette mission, la Maire de Paris – mais je salue aussi l’engagement particulier de son premier adjoint Bruno Julliard ou encore celui d’Hélène Bidard – a souhaité que notre capitale soit une ville exemplaire dans l’inclusion. C’est une décision forte, très honorable ; mais c’est aussi un défi…Vous me permettrez, avant de rentrer dans le vif du sujet et après tant d’heures d’auditions et de réunions, de remercier particulièrement Gilles Scrédic et Inés Amrani.

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    Gilles, conseiller au cabinet de Bruno, n’a pas ménagé sa peine pour nous aider dans cette mission, participant notamment à une grand partie des auditions et relayant régulièrement nos attentes après de Bruno Julliard, qui s’est révélé un allier très important et toujours à l’écoute dans le cadre de cette mission. Un grand merci, cher Gilles ! Et merci encore à Bruno et aussi à Hélène.
    Gilles partage avec moi le sentiment que cette mission n’aurait pu être menée à son terme sans l’implication d’Inès qui s’est littéralement passionnée pour le sujet et s’est investie à 100%. Qu’elle en soit vraiment remerciée. Nous lui devons vraiment beaucoup. Merci Inès !
    Enfin, merci à toutes celles et à tous ceux qui ont accepté de nous rencontrer et d’être auditionnés dans le cadre de ce travail.
    Chère madame la Maire, cher Bruno, cette mission nous a plutôt réservé de belles surprises. Paris n’est pas la belle endormie sur les questions LGBTQI qu’on nous présente trop souvent. Et donc à tort... Mais dans le même temps, on sent bien qu’elle n’est pas toujours au diapason des autres capitales, parfois plus audacieuses. D’où la volonté assumée d’Anne Hidalgo de réagir, tout en conservant une harmonie entre une ville festive et bouillonnante et une ville résidentielle.
    Nous n’avons malheureusement pas eu le temps ni les moyens de mener une enquête approfondie sur le tourisme LGBTQI à Paris et sur les attentes de nos visiteurs. Il appartiendra donc à l’Office du tourisme de mener une telle enquête ; c’est d’ailleurs l’une de nos recommandations. Pour avancer dans la bonne direction, pour développer une offre adéquate, il sera essentiel de bien connaître les demandes de nos visiteurs, mais aussi celle des Parisiens qui profiteront aussi de ces changements au quotidien.
    D’ores et déjà, nous devons reconnaître que notre Marche des Fiertés est l’une des plus originales et militantes qui existe dans le monde. L’originalité de la nôtre, c’est qu’elle est portée exclusivement par des bénévoles – je salue ici leur présidente, Aurore – et qu’elle est la plus grande manifestation récurrente à Paris et même de tout notre pays en terme de participants. Et sans aucun débordements : c’est très important de souligner cela !
    Ensuite, nous devons constater, cher Frédéric – toi qui t’investis tant dans ce domaine – que la Nuit, à Paris a profondément changé. Elle a changé, mais elle correspond incontestablement à des aspirations actuelles. Ceux qui, comme moi, ont connu la rue Sainte-Anne, peuvent le regretter comme ils regrettent leur jeunesse passée. Mais tant pis. Il faut vivre avec son temps ! Notre ville a moins de lieux incontournables identifiés, moins de boîtes mythiques, mais il existe une diversité de soirées, parfois itinérantes, qui ont une très forte attractivité parmi les noctambules et les fans d’after. Les soirées lesbiennes ou leather de Paris sont parmi le plus courues en Europe ; les Battle de Vogging font venir des danseurs du monde entier, nous plaçant juste derrière les États-Unis pour ces concours et ces soirées organisées à destination du public LGBTQI et de tous les autres… Afin de continuer à favoriser cette effervescence, la mise à disposition de lieux sécurisés et originaux, dans le respect des riverains, doit être soutenue.
    Et puis, soulignons que, dans l’imaginaire collectif – et on s’en est aperçu en auditionnant des personnalités étrangères comme le président de la Fierté Montréal, ou le CEO américain de Hornet – que Paris reste pour tous, et notamment donc pour les LGBTQI, la ville de l’amour et de l’acceptation !
    Ces trois points forts ne peuvent cacher des handicaps qui génèrent des ressentiments forts et fortement exprimés par les LGBTQI.

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    Par exemple, et alors que la Marche des Fiertés est un exemple militant singulier et formidable, l’attractivité des activités qui précédent ou suivent la Marche ne sont pas à la hauteur des autres capitales LGBTQI friendly que sont Madrid, Montréal, Tel Aviv, Sidney, San Francisco et bien d’autres. Il ne s’agit pas, bien sûr, de faire un quelconque reproche à l’Inter-LGBT, dont les bénévoles se dépensent sans compter avec des moyens restreints (un budget de 100 000€ est très loin des budgets des autres Pride qui sont, elles, organisées par des sociétés). Mais indiscutablement, il manque une offre festive et culturelle de haut niveau durant cette période.
    En ce qui concerne le Marais, Paris n’échappe pas à l’évolution qu’ont connue les autres grandes villes. En effet, dans le monde entier, les quartiers gays perdent leur identité et donc leur attractivité. La gentrification s’empare de quartiers auparavant délaissés puis investis par les LGBTQI ; les bars ferment et les boutiques de luxe reprennent les baux commerciaux. Les chiffres d’affaires du commerce LGBTQI déclinent… Cette spirale fait disparaître ces lieux de fêtes et de revendication. Tout cela est souvent aussi le fait d’une meilleure acceptabilité de l’homosexualité qui fait que les jeunes fuient parfois ce qui pourrait paraître à leurs yeux comme des lieux pas assez inclusifs pour retrouver la fête dans des établissements friendly, à la clientèle très mélangée.
    Notre commission a aussi pointé du doigt, comme un véritable point noir, les difficultés à collaborer de tous les partenaires, qu’ils soient institutionnels, associatifs ou commerciaux. Trop souvent, il reste une défiance entre tous qui, si elle autorise le dialogue, ne permet malheureusement pas encore la collaboration et le partage.
    Enfin, il manque une coordination et une meilleure diffusion de l’information, car si la vie culturelle, militante et festive LGBTQI à Paris est immense, l’accès à l’information y pêche trop souvent.
    Pour pallier ces handicaps qu’il ne faut cependant ni surestimer ni non plus sous-estimer, Paris a cet atout formidable qui est d’être et de demeurer dans l’imaginaire universel des étrangers – et sans doute dans la réalité – la capitale des Droits Humains ! C’est cet atout, qu’il nous a semblé urgent de valoriser, pour ensuite attirer plus facilement les touristes LGBTQI du monde entier.
    C’est ainsi que notre première recommandation est de faire que Paris devienne, le temps de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie du 17 mai, la Capitale des droits des LGBTQI dans le monde et qu’elle honore celles et ceux qui, souvent au péril de leur vie, se battent pour les droits.
    Je propose donc que dès 2018, profitant de la merveilleuse opportunité que seront les Gay Games, Paris crée un prix ou remette des médailles à ces combattants et à ces associations qui œuvrent pour le respect des LGBTQI et pour leurs droits. Je suis d’ailleurs heureux que, dès aujourd’hui, un hommage leur soit symboliquement rendu par la Maire de Paris après la présentation de ce rapport. Paris lance et lancera – si cette proposition est retenue – un message fort d’inclusion au monde entier. Aujourd’hui, ce message porte de manière très ferme la volonté d’inclusion de notre capitale et de la France devant les persécutions que vivent tragiquement notamment nos amis Tchétchènes, Syriens, Irakiens ou encore Tunisiens – je salue les membres de Shams ici présents – mais aussi partout dans le monde où, pénalisation de l’homosexualité ou pas, un gay ou une personne transgenre fait l’objet d’une menace à son intégrité corporelle et/ou psychique ou se voit refuser la reconnaissance d’un amour légitime. Je pense aussi à celles et ceux qui – le Moyen Âge n’est pas loin – pensent encore qu’il est possible de soigner une personne homosexuelle ou trans.
    Paris est aussi très attachée l’érection d’un monument pour honorer les victimes des LGBTQIphobies ; j’espère que l’Etat entendra rapidement les propositions qui lui seront faites par la Maire de Paris sur la localisation de ce monument. Egalement, Paris doit achever le travail fait sur les archives.
    Avec ce message fort délivré chaque 17 mai, mais aussi celui en faveur de la mémoire, Paris sera à même d’être mieux reconnue par les LGBTQI du monde entier. Elle a aussi la volonté d’assurer la sécurité de tous les LGBTI et c’est d’ailleurs le sens de plusieurs de nos propositions, dont certaines reprennent celles formulées par l’association FLAG.
    Paris devra aussi s’assurer qu’elle reste abordable à tous en favorisant aussi les modes plus économiques de logement sur lesquels je sais le groupe communiste de l’hôtel de ville, à juste titre, très attaché.
    Enfin, pour être un spot en vue pour les LGBTQI, il faudra aller plus loin et notamment faire mieux travailler ensemble tous les acteurs et mobiliser d’autres partenaires. C’est l’objet de nos 52 recommandations dont vous pourrez prendre connaissance dans mon rapport.
    Je vous en donne encore quelques unes…
    Notre mission propose qu’une association type « Vers Paris sans sida » soit créée avec tous les acteurs institutionnels, l’Inter LGBT, le Centre LGBT de Paris et d’Île-de-France, les commerçants, les entreprises et, bien sûr, l’Etat. Tous les partenaires doivent enfin travailler ensemble. C’est une condition sine qua non.
    Cette association pourrait conseiller la ville sur la mise en œuvre de mesures, gérer le jury pour le 17 mai, soutenir, dans le cadre d’un appel à projets, des activités festives et ludiques comme la renaissance d’un bal du 14 juillet LGBTQI, comme il était organisé autrefois sur le quai de la Tournelle, mais aussi démarcher les grandes entreprises pour qu’elles s’investissent enfin auprès des grands événements, comme la Marche des Fiertés ou les Gay Games. A cet égard, nous avons rencontré les responsables d’entreprises comme la RATP, le BHV, le groupe Accor et d’autres. Je regrette à cet égard que, malgré de nombreuses relances, Air France n’ait trouvé aucun intérêt à cette mission et à la volonté fortement exprimée par la Maire de Paris de faire de notre capitale une ville à forte identité LGBTQI.
    L’année 2018 doit être l’année d’un très fort engagement de Paris, autour notamment de l’organisation de cet événement inclusif que sont les Gay Games. Je salue ici la présence de Manuel. 2018 sera également l’année du congrès européen de policiers et gendarmes – organisé par le FLAG – et celle de l’élection de Mister Leather Europe qui est un événement très important pour celles et ceux qui adhérent à cette communauté.
    Paris doit être au rendez-vous de 2018, comme tous les partenaires.
    Paris, et cette association que nous proposons, devra être plus que jamais aux côtés des organisateurs de la Marche des Fiertés ; nous devons aller plus loin dans les financements, l’accompagnement, la communication…
    Bien sûr, et il est important de la rappeler, la date du dernier samedi de juin pour l'organisation de la Marche des Fiertés doit être sanctuarisée. C’est l’une des recommandations de notre rapport et la Maire de Paris s’y est engagée de manière déterminée, refusant le report que souhaitait lui imposer cette année encore la Préfecture.
    L’obligation de plus et mieux accompagner les organisateurs est une évidence, d’autant qu’ils sont, je le rappelle, des bénévoles qui organisent la plus grande manifestation récurrente à Paris ! La visibilité doit être importante et personne ne doit ignorer la date de la Marche des Fiertés, tout comme personne n’ignore la tenue du tournoi de Roland-Garros ou des Fashion weeks.
    Paris devra aussi user de son influence pour que des partenaires comme le Stif, les Aéroports de Paris, la SNCF et d’autres grandes entreprises participent à cette visibilité. Comme il faudra demander au Stif que, le jour de la Marche, le dispositif Grande nuit, avec circulation des métros toute la nuit, soit accordé comme pour la Fête de la musique. Les salons de l’Hôtel de Ville ou encore la place de l’Hôtel de Ville pourront être investis pour une grande soirée et un village associatif, ce qui permettra une visibilité maximum, chaque année, à la fin du mois de juin.
    L’office du tourisme et des congrès de Paris a un rôle primordial à jouer dans notre attractivité. Je sais que Pierre Schapira y est favorable. Ces jours-ci, l’office a publié sur son site Internet de nouvelles pages à destination des touristes LGBTQI et une campagne de pub est en cours. C’est un bon début.
    Mais comparé aux autres offices du tourisme, on le voit – et cela nous a souvent été dit pendant notre mission, il faut aller beaucoup plus loin : adhésion à des réseaux touristiques LGBTQI avec l’IGLTA et le GETA, voyages de presse, présence sur certaines Prides comme celle de Montréal, large diffusion des événements parisiens LGBTQI, création de forfaits notamment pour les marches et même attribution d’un label Friendly aux commerces et hôtels parisiens.
    Il ne faudra pas non plus négliger la diversité des LGBTQI. Les trans ne doivent pas être oubliés. La création d’un prix type Miss Queen international, comme cela existe déjà en Thaïlande, doit être envisagée comme il faudra valoriser l’Existrans et leur marche annuelle. Il ne faudra pas oublier non plus la Black Pride ou encore la Bi Pride qui n’ont pas, de la part des institutions, la visibilité que ces événements méritent.
    Enfin, il faut bien sûr re-valoriser le quartier du Marais. Il n’aura plus jamais le même rôle que dans les années 80/90 grâce au recul de l’homophobie et aux aspirations nouvelles des LGBTQI notamment des plus jeunes. Mais sa mémoire doit être entretenue et développée : panneau ou porte(s) indiquant son existence, signalétique arc-en-ciel des noms de rue, circuits touristiques notamment avec Gay Village, et même réalisation d’un mur de street art qui permettrait à de grands artistes de venir s’y exprimer régulièrement et de montrer ainsi la singularité de ce quartier qui est un symbole des luttes LGBTQI, comme le sont le Castro de San Francisco ou le Village de New York et de Montréal.
    J’ai été trop long, je le sais. Pardonnez-moi. Vous trouverez toutes nos 52 propositions dans ce rapport.
    Merci encore à Anne Hidalgo de vouloir faire de Paris une ville phare de l’inclusion et de la diversité !
    Je vous remercie.
    Lire le rapport : (ici)

  • Extrait de mon intervention à la région Ile-de-France sur les LGBTI persécutés en Tchétchénie

    Alors que notre commission permanente se réunit ce 17 mai 2017, qui, je vous le rappelle, est la journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, je souhaiterai, madame la présidente de la région Ile-de-France, que, vu l’urgence, notre domaine géographique de soutien soit étendu à la Tchétchénie, et cela comme je l’ai déjà demandé à la commission internationale, jeudi dernier, et, par question écrite, vendredi.
    En effet, le président tchétchène a déclaré qu'il allait éliminer toute la population homosexuelle de cette région russe d’ici à l’ouverture du Ramadan  début juin et a même invité les familles concernées à tuer leurs parents LGBTI pour laver leur honneur.
    Depuis plusieurs semaines, en Tchétchénie, des homosexuels présumés sont effectivement arrêtés, violemment torturés dans des lieux secrets et parfois assassinés s'ils ne livrent pas les noms de leurs amis.
    Notre région-capitale, qui a souhaité aussi soutenir les populations victimes de violences sexuelles, ne peut rester indifférente à la situation des LGBTI de l’Est Européen, qui sont, sur notre continent, à quelques heures d’avion de Paris.
    Je vous demande de soutenir les victimes de cette zone et d’abonder une subvention d’urgence à l’association ARDHIS qui accueille, en Ile-de-France, les réfugiés homosexuels et transsexuels.
    La répression s’accélérant dramatiquement en Tchétchénie, il est urgent pour notre collectivité de dénoncer clairement et symboliquement cette répression épouvantable et de prendre des mesures de soutien exemplaires.

  • Mon discours du Cirque d'hiver sur la fin de vie

    Mes chers amis,

    Quelle très belle réunion nous avons eue aujourd’hui…
    Vous avez entendu, là, devant vous, des personnalités politiques qui joueront sûrement un rôle important dans les semaines qui viennent. Certaines, sur la question de la fin de vie, vous ont plu. D’autres, c’est naturel, vous ont déplu… M’ont déplu !
    Je remercie les uns et les autres d’avoir joué le jeu de la transparence démocratique et de nous avoir indiqué, honnêtement, avec un certain courage parfois, quelle serait la politique relative au droit de mourir dans la dignité qui serait mise en œuvre dans le cas de leur accession à la présidence de la République ou de celle de leur champion.
    Je regrette cependant que certains candidats n’aient même pas répondu à notre invitation. Cette ignorance, ce mépris sont sans aucun doute une sorte de réponse que nous avons bien reçue…
    Je rappelle à toutes et à tous que l’ADMD, c’est près de 70 000 adhérents actifs et que le tout dernier sondage réalisé par l’Ifop au début de ce mois de mars indique 4 chiffres important que je vous rappelle, car il faudra très largement les diffuser :

    • 90% des Français – donc 9 sur 10 ! – approuvent l’autorisation pour les personnes souffrant de maladies insupportables et incurables de recourir à un suicide assisté.
    • Pour 95% des Français, la loi française devrait autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie des personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent.
    • 39% des Français déclarent que les questions du droit de mourir dans la dignité (droit à l’euthanasie, droit au suicide assisté) auront une forte importance dans leur vote.
    • 32% des Français – 1 sur 3 – se déclarent prêts à renoncer à voter en faveur d’un candidat proche de leur sensibilité politique mais qui, sur les questions liées à la fin de vie, se déclarerait opposé à la légalisation de l’euthanasie. Quand on sait que les élections se jouent souvent à quelques points, ce chiffre est pour nous édifiant et encourageant !

    Le droit de mourir dans la dignité est donc l’une des préoccupations majeures de nos concitoyens et un sujet de quasi unanimité. Alors pourquoi nos lois n’avancent-elles pas plus vite ? Pourquoi sommes-nous bloqués dans un no man’s land où le mourant est au prise avec lui-même, durant plusieurs jours voire plusieurs semaines, sans alimentation ni hydratation ? Pourquoi la sédation a-t-elle les seules faveurs de notre Parlement, au détriment de l’administration létale humaine et respectueuse des consciences de chacun, alors que les deux sont utiles et complémentaires ?
    Je vais vous dire… Le puissant lobby des mandarins, pour certains ignorants de la réalité des chambres d’hôpital où seules s’activent de jeunes médecins, des étudiants, des infirmières admirables et des aides-soignantes, tous bien démunis devant les cris d’angoisse des malades dont ils ont la charge. Des grands pontes de la médecine qui refusent trop souvent encore d’abdiquer ce pouvoir de vie et de mort qui les place au-dessus des hommes, presque des demi-dieux… Et puis l’influence de certains responsables de l’église catholique – voire des 3 grandes religions monothéistes – qui, contrairement d’ailleurs à la plupart de leurs fidèles et croyants, parlent encore du terme naturel de la vie, en opposition à une mort provoquée par une euthanasie ou un suicide assisté, alors même que la mort naturelle existe de moins en moins dans nos sociétés et où les malades finissent leur vie dans des hôpitaux aux plateaux techniques hyper sophistiqués, où des machines peuvent maintenir en survie des corps vides de toute vie réellement humaine, où des salles d’expériences se nourrissent parfois encore des êtres que nous aimons…
    Les grands pontes de la médecine, les représentants des Églises… Autant de voleurs de liberté qui, avec le visage de la bienveillance et les mots de la compassion, nous condamnent – et pire encore, condamnent nos amours, nos parents, nos enfants et nos amis – à la souffrance, à la déchéance, à la terreur d’une nuit d’encre qui ne s’achève jamais…
    L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, dont vous êtes ici, cette après-midi, les 2000 ambassadeurs ne donnera bien sûr aucune consigne de vote pour les élections qui viennent. Notre association est et restera apolitique. C’est sa force. C’est aussi sa richesse.
    Mais l’ADMD a un devoir d’information et d’interpellation. C’est ce qu’elle fait aujourd’hui, là, devant vous. C’est ce qu’elle continuera à faire à travers le site d’interpellation qu’elle a mis en œuvre et qu’elle développe déjà depuis plusieurs semaines.
    Vous qui êtes des militants de la fin de vie digne, certains adhérant à notre association depuis ses tout débuts en 1980, ne vous laissez pas gagner par le fatalisme. Non, nous ne sommes pas condamnés à mourir et à voir mourir nos proches dans des conditions inhumaines, indignes, que nous ne tolérerions même pas pour nos animaux domestiques.
    Nous pouvons, par notre vote, obtenir ce nouveau droit, celui de choisir les conditions de notre propre fin de vie, dans les toutes prochaines années. C’est un choix que nous devons faire en conscience, au moment de choisir notre bulletin de vote et de le glisser dans une urne.
    Certes, nous avons le sentiment d’avoir été trahis par de belles promesses, en 2012, qui se sont transformées, de commissions en rapports, en un renforcement de la loi écrite par nos opposants. Toujours les mêmes. Toujours le même !
    Alors pourquoi y croire aujourd’hui ? Parce que chaque jour, nous avançons un peu plus. Chaque jour nos arguments convainquent plus de Français. Chaque jour des drames épouvantables, rapportés par la presse, nous démontrent combien on meurt si mal en France.
    Je vous l’assure, je le sais, je le sens, nous y arriverons. Les Néerlandais, les Belges, les Luxembourgeois, les Suisses, les Canadiens et tant d’autres y sont parvenus. A ce jour, 166 millions de citoyens de ce monde vivent sous la protection d’une loi d’ultime liberté.
    Mon ambition, avec vous, est que 65 millions de Français rejoignent ces 166 millions de personnes et que, nous aussi, nous vivions dans la sérénité de celles et de ceux qui savent qu’ils ne mourront pas autrement que de la façon qu’ils souhaitent. « Les yeux ouverts » comme l’a si merveilleusement écrit la talentueuse et regrettée Marguerite Yourcenar.
    Merci encore à vous d’être venus de tous les coins de notre beau pays, de notre Ile-de-France et de notre belle capitale, Paris. Merci à nos orateurs, aux personnalités, aux représentants des associations laïques ici présentes et à la Maire de Paris qui est toujours à nos côtés.
    Et je sais pouvoir compter sur chacune et chacun d’entre vous. Dans les semaines qui viennent, allons dans toutes les réunions des candidats aux élections législatives. Disons-leur l’urgence d’avoir une loi d’ultime liberté. Rappelons-leur que 90% des Français – leurs électeurs ! – attendent une telle loi.
    Si toutes et tous, vous ici présents, si nos 70 000 adhérents deviennent, à travers tout le pays, aux côtés de nos 120 délégués, des militants de notre loi républicaine et laïque, nous ne pourrons que gagner.
    J’y crois vraiment.
    Mon corps m’appartient !
    Votre corps vous appartient !
    Ma mort m’appartient !
    Votre mort vous appartient !
    Crions le désormais très fort.
    Et, n’acceptons plus jamais que les voleurs de liberté nous imposent leur société d’un autre temps.
    Battons-nous sans relâche avec la folle énergie de celles et de ceux qui savent l’immense progrès pour toutes et pour tous que serait notre loi et nous gagnerons enfin – soyons-en vraiment convaincus ! – notre ultime liberté !
    Vive l’ADMD !
    Vive la liberté !
    Je vous remercie.

     Jean-Luc Romero, Président de l’ADMD

  • Extrait du discours pour Toulouse, ville engagée contre le sida !

  • Extrait de mon intervention sur la stratégie internationale de la région Ile-de-France

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  • Extrait de mon intervention sur le tourisme en Ile-de-France

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  • Mon intervention sur l'ouverture le dimanche de la médiathèque Hélène Berr à Paris 12

     

    Le projet d'ouverture le dimanche de la Médiathèque Hélène Berr s’inscrit dans la volonté de respecter l'engagement de campagne de la Maire de Paris d’ouvrir sept nouveaux établissements durant la mandature. Vous conviendrez qu’on ne peut pas reprocher à Anne Hidalgo de prendre des engagements et de les tenir !
    Hélène Berr (12e) sera donc ouverte le dimanche en 2016 ; puis Edmond Rostand (17e) et Aimé Césaire (14e) en 2017 ; Jean-Pierre Melville (13e) et Robert Sabatier (18e), en 2018 ; ainsi que Germaine Tillion (16e) et Parmentier (11e), en 2019.
    Cinq établissements du réseau des bibliothèques municipales sont d’ores et déjà ouverts : Marguerite Duras (20e), Marguerite Yourcenar (15e), Françoise Sagan (10e), François Truffaut (1er), ainsi que La Canopée (1er) depuis le 5 avril dernier. Les habitants de ces quartiers s’en félicitent.
    Cette ouverture dominicale, dans le champ des savoirs et la culture, correspond à une forte attente du public qui fréquente aujourd’hui les bibliothèques – des étudiants, aux familles avec enfants - dont les modes de vie et les usages ont évolué. Cela se vérifie par la forte fréquentation constatée le dimanche dans les bibliothèques déjà ouvertes.
    Cette ouverture permet également de conquérir de nouveaux publics, peut-être moins disponibles les autres jours de la semaine. Les collections et activités proposées par nos établissements, de très grande qualité, profitent ainsi et incontestablement au plus grand nombre.
    De fait, nous sommes nombreux à considérer qu'une distinction nette est à opérer entre le débat sur l’ouverture dominicale des activités commerciales et la possibilité d’avoir une vie culturelle le dimanche, telle que le permettent déjà les théâtres, les musées, les cinémas, les salles de spectacle. Il est fondamental que les bibliothèques municipales puissent proposer aux Parisienne-es des offres gratuites, familiales et accessibles, participant ainsi pleinement aux efforts de démocratisation culturelle puisque nous souhaitons que le dimanche reste un jour particulier, de repos, mais aussi de culture, non dédié seulement à la simple consommation.
    Dans ce contexte, des négociations sont menées par l’Hôtel de Ville et la DAC avec les syndicats et les représentants des personnels. Des conditions générales d’ouverture, respectueuses de l’équilibre vie professionnelle/vie familiale des agents ont été définies conjointement.
    Je rappellerai cependant  que ces négociations ne relèvent pas de l'arrondissement mais de la mairie centrale.
    J'insisterai par ailleurs sur le fait que le principe de base est celui du volontariat, les heures de service assurées le dimanche par les agents volontaires s'accompagnant de primes et de récupérations.