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international

  • Mon intervention sur la politique internationale de la région Ile-de-France

    Madame la Présidente,
    Monsieur le 1er Vice-Président,
    Chers collègues,

    Introduction
    Première région économique d’Europe, la Région Ile-de-France doit plus que toute autre collectivité de notre pays s’investir à l’international afin de promouvoir les valeurs de liberté, d’égalité ou d’inclusion de notre République laïque et d’aider les populations précaires et victimes de persécution.
    Région-capitale, nous devons porter l’idéal humaniste et progressiste républicain au travers de nos actions partout où nous le pouvons.
    Alors que le monde connaît une montée des violences et que les catastrophes climatiques s’enchainent, l’exécutif régional a pourtant décidé d’opérer une baisse de 5.3 % de son budget international. C’est bien sûr un mauvais signal.
    Je me permets de vous rappeler que ces violences empêchent les progrès du développement humain, comme le souligne le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) de mars 2016.
    Nous regrettons également la diminution de plus de 13 % du budget consacré à la coopération décentralisée, soit une baisse cumulée sur trois ans de 43.2 % !
    Nous regrettons enfin la présence d’aucun budget dédié, et cela depuis deux ans, au soutien aux personnes LGBTQI persécutées dans le monde ni de politique de lutte vraiment d’envergure contre le sida à l’international.
    La Région Ile-de-France par cette gestion semble bien trop guidée par l’austérité et aboutit à renoncer à défendre et faire rayonner ses valeurs mais aussi la francophonie. Ainsi, elle se coupe d’une longue tradition de solidarité et de partage à l’international.
    Nous le regrettons vraiment.
    Nous regrettons également les choix géographiques et quelque peu « communautaire » fait par l’exécutif.

    1. Surconsommation de lignes et bénéficiaires discutables.

    En effet, si nous devons soutenir des associations humanitaires permettant la reconstruction d’écoles ou d’hôpitaux, nous nous étonnons d’une surconsommation de la ligne « Fonds de soutien au Moyen-Orient » de plus de 40 %, alors que le budget alloué à d’autres parties du monde, grandement sinistrées elles aussi, comme Madagascar, est diminué et que cette ligne qui devait aussi servir pour les populations LGBTQI ne les a jamais aidées.

    Mais surtout, nous nous étonnons des seuls organismes - tous catholiques - qui ont pu bénéficier des moyens de notre collectivité.

    • Tout d’abord l’Œuvre d’Orient: consacrée à l’aide aux Chrétiens d’Orient et placée sous la protection de l’Archevêque de Paris, l’association, soutient l’action des évêques et des prêtres au Moyen-Orient.Nous notons également que l’association consacre 25 % de son budget annuel à la vie des diocèses, c’est-à-dire à la vie des prêtres, des religieux et religieuses. On peut légitimement se poser la question de savoir si cette mission n’entre pas en totale contradiction avec le principe républicain de laïcité et notamment la charte que vous faîtes signer ?
    • Ensuite la Fondation Raoul Follereau: association fondée par le militant catholique éponyme remarquable, mais qui a été épinglée, en 2014, par l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) pour son opacité.
      L’IGAS relève que : « l'organisation reste complexe et ne garantit pas complètement au donateur une utilisation conforme de ses dons ».

    De nombreuses associations luttant pour les droits humains existent et auraient aussi besoin d’être soutenues.L’exécutif régional aurait tout intérêt à élargir le champ des bénéficiaires et des domaines d’intervention de son soutien financier. Si nous continuerons à soutenir bien sûr le soutien aux Chrétiens d’Orient, nous serons vigilants quant à un meilleur équilibre au soutien de tous ceux qui sont persécutés, pas seulement pour des raisons religieuses.

    2. Une priorisation des causes peu pertinente.

    • En 2016, 3 117 condamnations à mort ont été prononcées dans le monde et 1032 personnes ont été exécutées selon Amnesty International.
    • La persécution homophobe en Tchétchénie, en Mauritanie ou au Soudan continue de faire chaque jour des centaines de victimes qui n’ont comme seuls torts d’être différents. Sans compter les tortures, avec les tests anaux, en Tunisie sur lesquelles vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.
    • Les guerres contemporaines au Yémen, au Sahel ou au Tchad s’éternisent, produisant un flot toujours plus grand de victimes civiles.

    Les théâtres d’opérations ne manquent pas.
    Pourtant toutes sont absentes ou trop insuffisamment prises en compte dans ce budget 2018. Nous comptons sur vous, après plusieurs demandes de mon groupe, pour que la région soutienne enfin les LGBTQI tchétchènes persécutés.

    Conclusion
    Madame la Présidente, la Région Ile-de-France a-t-elle renoncé à défendre et faire rayonner ses valeurs à travers le monde ?
    A la lecture de cette annexe, même si le 1er vice-président a annoncé sa volonté, partagée par toutes et tous ici, de mener une politique ambitieuse sur la Francophonie, nous ne pouvons que nous interroger et vous enjoindre à davantage d’ambitions et de justice dans votre stratégie à l’internationale.
    Nous avons déposé un certain nombre d’amendements dans ce sens et seront attentifs au sort qui leur est réservé.
    André Breton écrivait à juste titre : « « Transformer le monde » a dit Marx ; « changer la vie » a dit Rimbaud : ces deux mots d’ordre ne font qu’un. »
    Ils devraient en tous cas guider aussi notre politique internationale.
    Je vous remercie.