Sortir de l’hypocrisie institutionnelle.
La semaine dernière, je vous disais à quel point je pensais que l’instauration d’une 6ème République pourrait être le signal d’une réconciliation des Français avec la politique et leurs institutions.
Je le pense d’autant plus que, pour moi et mes amis d’Aujourd’hui, Autrement, la Vème République est morte avec l’instauration du quinquennat. Si elle demeure en vigueur, c’est qu’on la maintient en vie artificielle. Nous sommes donc en pleine hypocrisie institutionnelle !
L’architecture institutionnelle, finement élaborée par le général de Gaulle et Michel Debré, s’est effondrée comme un château de cartes avec l’élection concomitante de Jacques Chirac et d’une nouvelle majorité en juin 2002.
Le fonctionnement actuel de l’exécutif nous démontre tous les jours que la répartition des tâches, prévue par la constitution moribonde de la Vème, entre le Président et le Premier ministre, est aujourd’hui totalement obsolète. La triple défaite électorale du premier semestre 2004 a sonné le glas de l’illusion que donnait encore le pouvoir de suivre à la lettre l’esprit de nos institutions. Contrairement à l’article 20 de la Constitution, le gouvernement ne conduit pas la politique du pays, il « exécute » simplement les orientations du chef de l’Etat, comme ce dernier l’a rappelé dans sa mémorable intervention du 14 juillet 2004.
Cette nouvelle donne institutionnelle – ainsi que l’absence de représentativité et de légitimité de l’Assemblée nationale où nombre de mouvements politiques ne sont pas représentés – a aussi des conséquences sur la vie quotidienne des Français. Aujourd’hui, notre classe politique n’évolue pas : elle est conservatrice, qu’elle soit à la droite ou à la gauche de l’échiquier politique. Elle vit sur son passé, celui de dirigeants qui continuent à vouloir vivre comme si la société n’avait pas changé depuis 1958, comme si mai 68 n’avait jamais existé, comme si l’Union Européenne ne constituait pas notre avenir immédiat.
Cette classe politique ne change pas et reste au pouvoir des décennies, empêchant ainsi les jeunes générations d’accéder aux responsabilités majeures. Cette longévité a bien sûr un intérêt pour les plus hautes fonctions de l’Etat, qui nécessitent expérience et maturité évidentes, mais devient problématique quand elle déteint à tous les autres niveaux : Parlement, exécutifs locaux.
Créer la 6ème République, ce sera donner des institutions totalement nouvelles pour favoriser l’émergence d’une classe politique pluraliste, qui - tout en étant attentive aux mouvements de fond de la société - n’hésitera pas à montrer le chemin avec courage.
Créer la 6ème République, c’est d’abord, pour moi et mes amis d’Aujourd’hui, Autrement, instaurer un régime présidentiel. Et ce régime que nous proposons nécessite une vingtaine d’aménagements, sur lesquels je reviendrai sur ce blog au fil des semaines.