Le 15 février dernier, Talgat Tajouddin, plus haut dignitaire religieux de l'Islam en Russie, déclare que la Gay Pride à Moscou ne doit être autorisée "dans aucune circonstance". Pour lui, "les homosexuels n'ont pas de droits".
Dans un message, le leader musulman affirme que "le prophète Mahomet avait ordonné de tuer les homosexuels dans la mesure où leur mœurs conduisent à la fin de la race humaine" et qu’en tout état de cause, les homosexuels doivent être "battus". "Tous les gens normaux le feront", a-t-il ajouté, "qu’ils soient musulmans ou orthodoxes".
Face à cet appel à « battre » les homosexuels et à la demande des organisateurs, j’ai accepté de me rendre à la Gay Pride interdite de Moscou.
Je conduirai donc une délégation d’ELCS qui, outre de mobiliser les élus contre le sida, a inscrit dans ses statuts la lutte contre toutes les discriminations.
J’irai avec d’autant plus de conviction qu’hier encore, un mouvement ultra-nationaliste russe a menacé les "sodomites et les dégénérés" qui pourraient participer à la Gay Pride moscovite.
En effet, l'Union de tous les Russes, ce groupuscule ultra-nationaliste composé notamment de skinheads, a appelé ses partisans, lundi 22 mai, à empêcher les participants de la Gay Pride de Moscou de défiler, samedi.
Sur son site Internet, le mouvement dénonce "les sodomites et les dégénérés" qui, "malgré l'interdiction officielle des autorités de Moscou, vont conduire le 27 mai (...) un cortège" dans le centre de la ville. Ses responsables appellent "tous ceux qui sont partisans de nos idées à se réunir (...) pour empêcher la conduite de ce genre d'action illégale et immorale". Pour mémoire, c’est le même groupe qui a récemment assiégé une discothèque gay caillassant et tabassant les homosexuels qui en sortaient, dans l’indifférence coupable de la police qui n’a pas réagi.
Alors que la Russie prend la tête du Conseil de l’Europe, je ne peux accepter qu’un Etat dit démocratique empêche une manifestation pacifique et refuse de protéger ses citoyens parce qu’ils sont homosexuels.
J’ai bien conscience que cette mission sera éprouvante, mais je ne peux prêcher un discours de tolérance et d’égalité en France et regarder sans rien dire la stigmatisation violente des homosexuels russes.
NB: Avant la Gay Pride, j’interviendrai à deux reprises vendredi au cours d’une conférence organisée par l’IDAHO à Moscou pour parler du sida le matin, puis des revendications LGBT l’après-midi.