« Assisté », « dangereux », « précaire », « délinquant » … je pourrai continuer cette liste pendant longtemps mais, pitié, n’en jetez plus ! Les qualificatifs dont sont affublés les usagers de drogues sont nombreux, très nombreux, et pratiquement unanimement négatifs. Voire franchement injurieux.
Bien peu de personnes oseraient utiliser le mot « responsable ». Comment ça ? Une personne consommatrice d’une drogue pourrait être responsable ? Oui, de sa propre santé ! C’est sur cette base qu’a été réfléchie et fondée la politique de réduction des risques : sur l’évident constat qu’une société sans drogues n’existe pas – et ce n’est pas baisser les bras que de dire cela, sur la volonté engagée des associations et des pouvoirs publics de mettre en place des dispositifs permettant aux usagers d’éviter notamment les contaminations au VIH, dispositifs qui requéraient et requièrent toujours l’adhésion des personnes elles-mêmes.
La réduction des risques, la RDR, est une des politiques de santé les plus efficaces qu’il soit. Personne ne peut le nier tant ses résultats sont positifs et documentés. Un seul exemple ? Les usagers de drogue représentaient 30% des découvertes de séropositivité au VIH dans les années 90. Moins de 2% aujourd’hui.
La RdR est une politique légalisée, une politique citoyenne, qui a comme moteur l’innovation, une innovation nécessaire au regard des urgences liées tant à la précarité qu’à des pathologies comme l’hépatite C.
La RdR est, paradoxalement, une politique les plus attaquées qu’il soit. Illogique mais réel. Illogique et inacceptable.
C’est pour cela, dans ce contexte et ce cadre de réflexion que cette campagne interassociative menée par le Crips Île-de-France est née. Intitulée « La RdR explique par ma grand-mère », cette campagne, que vous découvrez dans la suite de cette newsletter, a pour but de casser les préjugés, aussi bien concernant l’usager que concernant la politique de réduction des risques. Elle les casse, non pas en opposant des principes aux principes - discussion qui ne débouche bien souvent que sur une impasse - mais en informant, en apportant des éléments objectifs, en interrogeant les représentations, en déconstruisant les préjugés, suivant ainsi la méthode classique d’action du Crips, sans tomber dans le plaidoyer.
Cette campagne ne peut exister seule, elle ne peut se suffire à elle-même ; les acteurs de terrain doivent s’en emparer, tout comme les citoyens qui ont envie de faire bouger les lignes. Cela ferait très plaisir à Mémé, et sincèrement, on a tous très envie de faire plaisir à une grand-mère, non ?