Charlotte Valandrey participera dimanche à partir de 20h50 à l’émission de Marc-Olivier Fogiel, On ne peut pas plaire à tout le monde, sur France 3.
Pour la première fois depuis la révélation de sa séropositivité, elle parlera en direct. Pour avoir connu le même exercice - révélation de ma séropositivité dans un livre Virus de vie, puis prise de parole en public devant les militants de AIDES et dans les medias -, j’imagine l’état d’esprit dans lequel doit être Charlotte à quelques heures de cette interview difficile.
Pas facile de dire sa vérité, de parler à visage découvert d’une maladie qui reste toujours aussi tabou 25 ans après son apparition ! Exercice d’autant plus difficile que Charlotte sait que désormais, elle ne pourra plus jamais revenir sur cette révélation. Assumer le regard - parfois réprobateur - des passants, supporter la compassion trop souvent malsaine de certains, ce sera désormais son lot quotidien, comme il l’est pour moi depuis ce jour de mai 2002 où j’ai enfin osé dire ce mal qui me ronge.
En contre-partie, quand on a tout dit - même, si dire une maladie reste comme un aveu de faiblesse pour tous ces bons esprits qui croient qu’ils mourront d’un seul coup loin des affres de la souffrance et de la déchéance -, on se sent aussi plus fort. Plus rien ne peut nous atteindre : ces rumeurs qui font si mal n’ont plus de raison d’être.
On peut ainsi mieux combattre ce virus qui, tel un scorpion en se détruisant se détruit un peu lui-même.
Certes, vivre avec le sida s’apparente souvent plus à de la survie que de la vie – 50% des personnes séropositives ne travaillent pas ou plus, une sur deux vit avec moins de 700€ par mois et 60% des sidéens estiment avoir été discriminés dans leur vie sociale ou professionnelle.
Mais, c’est aussi vivre de manière plus intense ses émotions, ses amours sans savoir malgré tout de quoi demain sera fait.
Pour moi, et comme je l’ai dit dans le reportage qui devrait précéder l’intervention de Charlotte, j’ai fait de ce virus un combat politique et 20 ans après ma contamination, pour moi, l’avenir dure toujours…