J’étais hier le porte-parole de mon groupe, à la région Ile-de-France, sur le dispositif régional de soutien à la mise en œuvre du droit à la contraception et à l’IVG. Bien que j’estime ne pas avoir toujours été suffisamment convaincant dans ce débat de bonne tenue et respectueux des options de chacun, j’ai cependant obtenu que les principales demandes de mon groupe soient reprises dans ce texte présenté par les Verts. Ainsi, le CRIPS qui n’était pas partie prenante de ce dossier important est désormais réintroduit. Je regrette cependant le débat sur les préservatifs féminins où tout et son contraire a été dit. Je n’ai pu répondre à certains propos qui démontrent encore une sacrée ignorance de bien de nos élus sur un instrument de protection efficace et utile.
Je suis cependant fier que mon groupe, malgré une liberté de vote légitime sur un tel sujet, ait voté à l’unanimité ce dispositif utile et juste pour les femmes de notre région capitale.
Fier aussi que mon groupe ait choisi un homme pour défendre un tel sujet où l’on nous entend trop peu !
Je vous reproduis l’intervention que j’ai faite dans le débat général.
Intervention de Jean-Luc Romero
Conseiller régional UMP-Aujourd’hui, Autrement
Séance du 17 mars 2006
Monsieur le président,
Mes chers collègues,
Etonnant que plus de 31 ans après la loi Veil du 17 janvier 1975, puis les lois Roudy de 1982, Neiertz de 1993 et Aubry de 2001, nous soyons obligés, mes chers collègues, de faire le constat que toutes les femmes - notamment dans notre région capitale - ne sont pas encore égales face à la contraception et à l’IVG.
Car c’est bien à l’inégalité qu’il s’agit aujourd’hui de remédier.
Inégalité des Franciliennes face à l’information sur la sexualité, la contraception ou les IST et le sida.
Inégalité d’accès à l’IVG.
Et notre région capitale qui assure près de 25% des IVG de notre pays - alors que notre population n’avoisine que les 18% -, montre de vraies carences quant à l’information et aux structures de prise en charge.
Information qui n’arrive plus vers les publics souvent les plus précarisés et qui se révèlent forcément les plus vulnérables.
Information qui s’avère partiellement assimilée par les jeunes filles, car en usant de méthodes contraceptives, certains femmes se croient totalement immunisées contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles.
La proposition du groupe des Verts de mettre en place un dispositif de soutien à la mise en œuvre du droit à la contraception et à l’IVG se révèle donc pertinente dans ce contexte. Elle manque cependant de cohérence et nécessite pour être appliquée harmonieusement d’être coordonnée par un acteur dépendant de notre collectivité locale. Les investissements financiers proposés par ce dispositif global l’exigent incontestablement.
Pour que l’ensemble des mesures soient appliquées correctement, il nous apparaît, au groupe UMP, qu’on doit se reposer sur une structure en laquelle nous avons toute confiance et qui œuvre dans ce champ au nom de la région depuis bien longtemps. Je pense évidement au Centre Régional d’Information et de Prévention du Sida.
On l’oublie souvent. Si cet organisme créé, je vous le rappelle, par notre collectivité, et qui fait figure d’exemple pour beaucoup d’acteurs, exerce son activité dans le champ du VIH/sida, cette mission, pour être essentielle, est loin d’être la seule corde à son arc.
Le CRIPS oeuvre dans la lutte conte la toxicomanie, les hépatites, mais aussi dans la lutte contre les IST et bien sûr l’éducation à la sexualité. Dans cette dernière compétence, il est incontestablement reconnu par tous les acteurs et notamment par le Planning Familial. Pour coordonner les actions qui sont proposées dans ce rapport, il nous apparaît donc logique que le CRIPS soit en première ligne. C’est d’ailleurs le sens des amendements que nous avons déposés et que nous discuterons tout à l’heure.
La campagne d’information grand public qui coïncide avec le cinquantième anniversaire du Mouvement pour le Planning Familial doit bien sûr être mise en œuvre avec cet organisme, l’ANCIC, la CADAC et d’autres, mais le bras armé de cette campagne doit être à mon sens le CRIPS. N’oublions pas qu’avec les scénarios contre le sida et la toxicomanie, le concours d’affiches durant l’année sida, grande cause nationale 2005, le CRIPS a montré un vrai sens de la communication. Communication qui touche sa cible sans racoler.
De même, il ne peut être envisagé de ne pas confier le travail de prévention auprès des femmes et des adolescentes mineures sur la contraception, les actions d’éducation à la sexualité. N’oublions que c’est déjà une compétence largement mise en œuvre par le CRIPS dans les lycées, les CFA et les jeunes publics dans le cadre du Cyber Espace de la Tour Maine Montparnasse. Quant au travail d’information évoqué par le rapport envers les femmes les plus vulnérables, notamment les migrantes, le CRIPS œuvre déjà dans ce domaine et monte actuellement en puissance. Au risque de disperser nos forces, de brouiller le message vis-à-vis du personnel du CRIPS, seul ce dernier organisme doit continuer pour la région ce travail et même l’amplifier grâce aux crédits que proposent à juste titre les Verts pour cette action.
Enfin, c’est encore le CRIPS qui doit être notre expert pour les projets de créations de centres spécifiques à l’IVG et le choix de la destination des achats des 10 échographes, que le rapport qui nous est soumis nous propose. Pour mémoire, le CRIPS joue un rôle d’expert dans l’implication de la région dans les programmes de lutte contre le sida à l’international comme pourra nous le confirmer notre vice-présidente Janine Haddad.
Je doute cependant que les médecins praticiens aient besoin de notre modeste intervention pour leur rappeler leur travail et je souhaite que cette action soit abandonnée car superfétatoire.
En conclusion, je dirai que si ce rapport est amendé dans le sens que nous proposons, le dispositif montrera une incontestable efficacité.
Alors que 60.000 IVG sont pratiqués annuellement en Ile-de-France - dont 2500 chez des femmes mineures -, l’accès à l’information et en dernière instance à l’IVG baisse incontestablement. Comme le rappelle votre rapport, de 1999 à 2005, 50 sites réalisant des IVG ont disparu dans la région, c’est à dire que nous sommes passés de 176 à 126 centres alors que le nombre d’IVG est resté constant sur cette même période.
L’intervention de la région peut donc être utile à condition - excusez-moi de me répéter ! -, de rationaliser le dispositif proposé et d’en donner la coordination à un organisme à même de travailler, en toute neutralité et intelligence, avec les autres acteurs associatifs oeuvrant dans ce champ et notamment le Planning Familial.
« Soyons réalistes, demandons l’impossible ! » Les impossibles d’aujourd’hui sont toujours les possibles de demain, rappelait Simone Veil, le 26 novembre 1974, lors du débat sur l’interruption volontaire de grossesse. Dépassons donc nos postures partisanes et construisons ensemble un dispositif efficace. C’est en tout cas le souhait du groupe UMP.
Je vous remercie.