Pourquoi le cacher ? Pourquoi faire semblant de ne pas être affecté.
J’ai évidemment pris un coup sur la tête en lisant la position de Sarko sur le mariage homo. Alors que j’étais à Genève, c’est un journaliste qui m’a appris la teneur de la dépêche AFP relatant l’interview du ministre de l’intérieur. Sur l’instant, j’en étais sans réaction. Comme assommé.
Mon déplacement à Genève consacré à la lutte contre le sida – mon combat individuel et collectif contre le sida. Incontestablement le plus important ! – ne m’a permis de réagir que vendredi en fin de journée.
Juste avant de débattre avec Christian Vanneste sur Radio Classique, j’ai donc rédigé avec Philippe Lohéac un communiqué que vous trouverez ci-dessous et sur le site d’Aujourd’hui, Autrement.
Si cette position prématurée du président de l’UMP - pourquoi confier une mission à Luc Ferry et donner une position avant que cette mission ait commencé ses travaux ? - et maladroite m’a désorientée durant une journée, le débat avec M. Vanneste a conforté mes craintes, mais paradoxalement m’a redonné une envie, une rage même, de reprendre le combat dès aujourd’hui. Sans perdre de temps.
Voir triompher M. Vanneste, député condamné pour homophobie et désavoué clairement par Nicolas Sarkozy, et l’entendre dire que 300 députés le soutiennent ne peut que me donner la rage de me battre pour défendre ce que j’estime juste.
La rage pour rappeler à la droite qu’en 1997, elle s’est déjà plantée en beauté en condamnant - avec des propos qu’on n’entend heureusement de moins en moins - ce PaCS, que quelques années plus tard, elle défend désormais avec véhémence.
La rage car je ne peux accepter que les députés les plus réactionnaires dans les interviews tentent de faire croire qu’ils ont enrôlé Sarko dans leur combat, alors que ce dernier ne peut être suspecté d’homophobie lui qui a été le premier à reconnaître que la droite a commis de graves erreurs en s’opposant au PaCS, lui qui a aggravé les crimes et délits commis pour homophobie et lui encore qui a soutenu avec force cette loi qui a permis de condamner M. Vanneste et que ce dernier ose même vouloir réformer pour s’autoamnistier.
Je veux plus que jamais croire Nicolas Sarkozy quand il affirme reconnaître l’amour homosexuel, quand il plaide pour l’égalité entre couples homosexuels et hétérosexuels et quand il se pose en combattant des discriminations.
En des temps récents, Lionel Jospin - proche de Bertrand Delanoë - et Ségolène Royal avaient aussi dit leur opposition à l’homoparentalité et au mariage des conjoints de même sexe, comme le président de l’UMP aujourd’hui, avant d’évoluer et de soutenir les demandes d’égalité des homosexuels.
Sans faux semblant, je crois qu’il faut impérativement continuer le travail intérieur de lobbying pour faire comprendre à Nicolas Sarkozy et aux militants UMP que les Français majoritairement soutiennent cette légitime demande d’égalité. Je ne peux me réduire à penser que l’homosexualité est l’apanage de la gauche. L’homosexualité n’est ni de droite ni de gauche. Elle est seulement humaine et naturelle.
Sans naïveté mais avec fermeté, il faut continuer aussi le combat pour que M. Vanneste, député ultra sécuritaire, condamné par un tribunal de notre pays, n’ait plus l’investiture de l’UMP aux prochaines élections législatives.
Ce combat, avec mes amis d’Aujourd’hui, Autrement je vais le continuer pour convaincre Sarko et bien d’autres élus que ces revendications sont légitimes. C’est aussi cela le rôle des militants politiques.
Convaincre, encore convaincre, toujours convaincre qu’un combat est juste.
C’est un long chemin. Je l’ai souvent vécu en solitaire. Je l’assume : tout en n’étant guère confortable, ce combat n’en est pas moins exaltant.
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