Mon hommage à Bruno-Pascal Chevalier
Discours de Jean-Luc Romero
Hommage à Bruno-Pascal Chevalier
Espace des Blancs-Manteaux - 26 janvier 2013
Mesdames, Messieurs, Mesdames et messieurs les militants,
Nous sommes ici pour honorer la mémoire de Bruno-Pascal Chevalier, un homme de valeur, un homme de cœur, un militant, un combattant. Il est très difficile de résumer l’estime que l’on a pour quelqu’un en quelques mots.
Alors peut-être vais-je commencer par une citation, d’un homme, écrivain, philosophe qui a érigé la révolte comme solution. "Ce n'est pas la révolte en elle même qui est noble mais ce qu'elle exige". Cette phase d'Albert Camus, tout comme moi, beaucoup ici la connaissent. Et je crois que, quand on parle de Bruno-Pascal, cette phrase prend vraiment tout son sens.
Bruno-Pascal, c'était une voix. La voix de la rage. La voix du combat et de la colère. Une voix qui savait se faire douce pour expliquer mais qui rugissait pour dénoncer et porter les revendications. Une voix qui ne tremblait pas. Une voix qui reflétait bien une vie où le mot compromission n’avait pas droit de cité.
Bruno-Pascal, c'était un regard. Un regard qui vous transperce. Un regard honnête et droit. Un regard qu'on n'oublie pas. Un regard de feu. Très peu de temps avant sa mort, j’avais revu Bruno-Pascal. Il souhaitait que le Patchwork des noms se restructure afin que ce formidable outil de mémoire soit le plus connu possible par le grand public. Il avait plein de projets, ça je vous le garantis ! Dans ses yeux, dans son regard, je n’ai vu ni fatigue, ni désespoir. Au contraire ! J’y ai vu l’envie, l’énergie, la croyance en quelque chose qui anime tous les militants, la croyance définitive dans le fait que l’on porte une cause juste.
Bruno-Pascal, c'était un corps. Un corps meurtri par le combat au quotidien contre la maladie. Un corps qu'il avait décidé de faire souffrir encore plus pour lutter contre cette profonde injustice que sont les franchises médicales. Rappelons-nous toutes et tous qu’il y a quelques années, il avait décidé de faire une grève des traitements. Ce geste était bien sûr très fort mais aussi et surtout très dangereux pour sa santé. Ce n’est pas bien sûr pas la reconnaissance individuelle qu’il cherchait, loin de là ! Ce qu’il voulait, c’était la justice, la justice envers les malades. Rendre le malade coupable de sa propre maladie, en voilà une belle idiotie, une idiotie dangereuse car populiste à souhait. Bruno-Pascal défendait l’idée d’une société humaine et justice, où le mot solidarité n’est pas qu’un vain mot balancé dans tous les préambules des lois ou dans les discours. Non ! Bruno-Pascal avait fait de ce mot solidarité un moteur de vie et un but concret. Faire d’un combat individuel un combat collectif, voilà ce qu’il a réussi à porter.
Bruno-Pascal, c'était un cœur. Un grand cœur, un gros cœur. Un homme amoureux, un homme généreux, un homme pour qui donner allait de soi. Il n’attendait pas qu’on lui rende quelque chose. C’est rare à notre époque …
Bruno-Pascal, c'était tout ça. Une voix, un regard, un corps, un cœur.
Bruno-Pascal, c'était tout ça mais pas seulement. Bruno-Pascal, c'était un esprit. Cette phrase, je la mets au passé mais, je sais que nous en sommes tous persuadés, elle doit se décliner au présent. Car oui, Bruno-Pascal, c'est un esprit. C'est un esprit militant. Un esprit de combattant. Un esprit qui met l'humain au-dessus de tout. Un esprit qui nous a appris que la mémoire est un guide pour notre futur, pour la lutte mais aussi pour la vie. Nous avons perdu un être rare mais son esprit nous accompagnera pendant très longtemps car, nous le savons, un esprit, lui, ne meurt jamais !