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Notre fin de vie nous appartient ! (Tribune pour le Huffington Post)

Samedi 2 novembre 2013
6ème Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité :
Notre vie nous appartient !

 

Quel est celui d’entre les lecteurs de cette tribune qui peut affirmer qu’il ne connaît personne qui est mort dans des conditions difficiles, douloureuses, indignes parfois ? Quel est celui qui peut dire qu’il n’a jamais vécu l’agonie d’un être aimé ?
Personne, tant la fin de vie, dans notre pays, est mal gérée.
Certes, la mort est une certitude. La seule, peut-être, que nous ayons. Nous allons tous mourir. Aujourd’hui, demain, dans plusieurs années. Il ne sert à rien de se cacher cette vérité.
C’est en y pensant qu’on l’apprivoise. C’est en la préparant qu’on la rend acceptable, pour soi-même comme pour ceux qui nous aiment. C’est en y réfléchissant que l’on comprend qu’il est un temps, celui de la fin de vie, celui de l’agonie, qui ne mérite peut-être pas d’être vécu. Car lorsque tout espoir de rémission est écarté par un diagnostic médical, quand les jours sont comptés, on peut légitimement se demander s’il est encore nécessaire de lutter pour gagner quelques heures, quelques jours, quelques mois de survie. Cette question se pose et peut avoir toutes les réponses imaginables. C’est ainsi qu’un événement extraordinaire à venir, comme une naissance annoncée, peut donner la force et le courage de surmonter cette épreuve et de prolonger ce temps. Mais à l’inverse, lorsque nous avons fait le tour de notre vie, lorsque notre « mission » a été accomplie sur cette terre, il peut aussi être légitime de vouloir lâcher la rampe. C’est le droit à éteindre soi-même la lumière.
La loi actuelle, la loi Leonetti, donne à d’autres qu’à soi-même le pouvoir de décider ce qui serait bon pour nous. Comme si nous étions des enfants. Refus de l’acharnement thérapeutique, certes, mais aussi refus d’abréger humainement les souffrances lorsque cela est demandé – réclamé, devrais-je dire – par le patient. Les décrets qui mettent en œuvrent cette loi ont tenté d’assouplir cette position intransigeante du refus de la compassion et de la fraternité en autorisant – si le corps médical en est d’accord – une sédation profonde. Ou terminale. Derrière cette sémantique technique se cache l’une des façons les plus odieuses de donner la mort à un être vivant, c'est-à-dire en le privant d’alimentation et d’hydratation, voire de respiration en attendant que le corps cède. Cela peut prendre entre quelques heures et quelques semaines selon l’état des organes vitaux de la personne. A un chien, à un chat, à un cheval, une telle agonie serait épargnée.
L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité revendique depuis plus de 33 ans le droit pour chacun de disposer de son propre corps lorsque les conditions de la fin de vie sont là. Le droit de bénéficier d’un accompagnement palliatif de qualité – les moyens font cruellement défaut en France et placent notre pays comme un mauvais élève dans ce domaine, contrairement au satisfecit de M. Leonetti – mais aussi le droit d’obtenir non pas une sédation profonde, inhumaine par les souffrances qu’elle provoque au patient ainsi qu’à ses proches et hypocrite puisqu’elle refuse de voir l’évidence de la mort prochaine, mais une mort rapide, par endormissement, à la suite de l’administration d’un produit létal. Celles et ceux des lecteurs de cette tribune qui ont eu un animal domestique savent combien il est possible, lorsque la fin est là et incontournable, de donner une mort paisible et sereine.
Le samedi 2 novembre 2013, à l’occasion de la 6ème Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité, les Françaises et les Français sont appelés à se rassembler pour rendre un hommage à celles et ceux de leurs proches qu’ils ont aimés et qui sont morts dans des conditions qu’ils n’ont pas souhaitées. Ils revendiqueront en même temps le droit de bénéficier d’une loi d’Ultime Liberté, d’une loi qui autorise en conscience, volontairement, une assistance médicalisée à mourir.
A Paris, je vous donne rendez-vous sur la place de la République, à 18 heures, ce samedi 2 novembre.
Notre corps nous appartient. Nul n’a le droit de nous en déposséder. Notre fin de vie nous appartient. Nul ne peut nous priver d’une mort digne et sereine.
A lire aussi sur le site du Huffington Post (ici).

 

Jean-Luc Romero
Président de l’ADMD
Auteur de « Monsieur le Président, laissez-nous mourir dans la dignité ! » (Editions Jean-Claude Gawsewitch)

 

 

Commentaires

  • si notre naissance ne nous appartient pas il est utile qu après notre parcourt de vie nous puissions décider de notre fin de vie dans des cas dramatiques

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