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« Avec SurVivant », Construire ma vie alors que l’on me promettait la mort ! (Tribune dans le Huffington Post - Blogs)

 

Revenir en arrière. Regarder derrière soi. S’interroger sur ce que l’on a été, ce que l’on voulait être, sur ce que l’on est. Répondre sincèrement ou tenter de le faire le plus possible. S’étonner d’être en vie alors que l’on me - que l’on nous - promettait la mort. Vivre dans l’urgence. S’imaginer le futur alors que l’on a eu une épée de Damoclès au-dessus de sa tête depuis près de 30 ans et que cette épée est toujours là, un compagnon du quotidien bien encombrant et que l’on essaie de dompter.
Voilà ce que j’ai pu ressentir ou penser tout au long de l’écriture de mon 10e livre « SurVivant ! Mes 30 ans avec le sida ». Cela m’a replongé dans mes souvenirs, mes souvenirs d’amoureux, d’élu, de militant. De personne séropositive.
Dans ce livre préfacée par mon amie Anne Hidalgo, j’ai voulu témoigner de la vie avec le VIH, de sa réalité, de ses difficultés. Si, bien sûr, je ne prétends en rien être représentatif des personnes séropositives, je me sens légitime à parler, à écrire, et surtout à dire ce qu’a été ma vie avec le VIH, ce qu’a été ma vie de militant également. Je vous rassure tout de suite, si je conjugue les verbes au passé, ce ne sont en rien des mémoires, je compte bien profiter de la vie et militer pour tant de causes encore très longtemps !
Ce livre, s’il évoque le passé, est pour moi, un livre délibérément tourné vers l’avenir. Je le dis souvent : le passé peut indéniablement être un guide pour le futur ! J’espère et je souhaite que ce livre ait un impact sur un thème qui m’est si cher : la lutte contre l’invisibilité du VIH/sida.
Quand j’ai voulu dire publiquement, il y a maintenant 14 ans, ma séropositivité, c’était pour moi mais aussi et forcément pour les autres, pour leur dire, d’une certaine manière que, en tant que personne séropositive, nous avions le droit de vivre normalement, et non pas de nous terrer. De travailler et surtout d’aimer et d’être aimés.
C’est comme cela que j’ai pu transformer un combat individuel en un combat collectif et je crois que plus jamais, nous avons le droit, nous devons avoir le droit de dire de notre séropositivité dans une société où cette annonce ne serait pas un seul signe de militantisme ou, pire, susceptible de susciter l’opprobre. Oui, nous avons le droit à la visibilité !
J’ai voulu, avec « SurVivant », donner un peu d’espoir aux personnes infectées au VIH/sida, aux malades. Je sais fort bien que l’aspect moral est primordial quand on vit avec une maladie chronique et l’espoir fait partie de la qualité de vie. Cet espoir, il faut le créer, il faut aussi l’entretenir !
Enfin, avec « SurVivant », j’ai voulu dénoncer une parole politique de plus en plus pauvre sur le sujet. Souvent absente même alors que l’on sait que le sida se soigne aussi par la politique. Bien sûr des avancées majeures dans la lutte contre le VIH/sida ont vu le jour ces derniers temps avec notamment la création des CeGIDD et des missions élargies à une approche globale de santé sexuelle ainsi qu’en matière de prévention du VIH (PrEP et TasP) et de dépistage via les TROD et les autotests. Pour autant personne ne pourra m’objecter que le politique s’est désengagé de ce sujet en n’en faisant plus un sujet sociétal majeur. Et pourtant jamais autant de personnes n’ont vécu avec le VIH/sida que ce soit en France - oui chez nous – ou bien sûr dans le monde !
Voilà pourquoi j’ai écrit ce livre. Pour tout ça. Pour nos 40 millions de morts. Pour les 3700 qui continuent à mourir chaque jour dans l’indifférence glacée de bien des dirigeants. « SurVivant », c’est un livre personnel autant que collectif. C’est l’histoire de ce virus, des hommes et des femmes infectés mais aussi de la lâcheté de bien des responsables.
C’est un livre qui, j’espère, à sa mesure, servira à rappeler que derrière le mot sida, il y a des hommes, des femmes, des enfants. Ce livre ne m’appartient déjà plus.

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