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Faites que la France et l’Europe se mobilisent pour qu’aimer ne soit pas un crime ! (Tribuen dans The Huffington Post)

« Quand aimer devient un crime », Cette expression que je reprends à mon compte pour cette tribune est en fait le titre du rapport d’Amnesty International de 2013 sur la criminalisation des relations sexuelles entre personnes de même sexe en Afrique sub-saharienne. C’est une phrase qui, je crois, prend tout son sens quand on se rappelle que dans près de 40 pays en Afrique, l’homosexualité est un délit. Alors bien sûr, certains auront à cœur de répondre que dans le droit français aussi, il est possible de trouver quelques vieilles dispositions oubliées, non-appliquées et qui n’ont pas été abolies…Ce serait là une réponse terriblement médiocre et éminemment inhumaine : on parle de prison, voire même de peine de mort, pour des personnes dont le seul crime est d’aimer une personne du même sexe qu’elle ! Regardez les actualités sur une période de un ou deux ans, on ne compte plus le nombre de condamnations, le nombre de lynchages, le nombre d’appel à la chasse aux homosexuels de la part d’officiels africains au pouvoir ou de représentants religieux.
Face à cette situation absolument dramatique, doit-on attendre une réaction de l’Union Africaine : je pense que clairement la réponse est non ! Pourquoi ? Tout simplement, parce que son président est Robert Mugabe, un dictateur chez qui l’on constate une haine viscérale à l’encontre des LGBTI depuis bien des années. Un exemple de ces diatribes ? « Cela dégrade la dignité humaine. C'est contre nature, et il n'est pas du tout question de permettre à ces personnes de se comporter pire que des chiens et des porcs. Si les chiens et les porcs ne le font pas, pourquoi les êtres humains le doivent-ils ? ». J’aurais pu aussi choisir des extraits de ces interventions où il appelle au meurtre des homosexuels… Avec Mugabe, sur cette question, on a dramatiquement le choix …
Mais si la réaction ne vient pas de cette institution, l’espoir existe bel et bien.
D’une part parce que le focus est mis sur cette question par Barack Obama, actuellement en déplacement en Afrique et que l’on aime ou pas, on connaît la puissance diplomatique des Etats-Unis et leur capacité à impulser le changement. Au Kenya, ce samedi, il a été très clair en affirmant : « J'ai été constant à travers toute l'Afrique là-dessus. Je crois au principe selon lequel chacun doit être traité de manière égale devant la loi (...) et que l'Etat ne devrait discriminer personne sur la base de son orientation sexuelle ». Il a rajouté : « En tant qu'afro-américain aux Etats-Unis, je suis douloureusement conscient des conséquences de la discrimination ».
D’autre part, et c’est là un élément sur lequel il faudra savoir s’appuyer, certains pays en Afrique font preuve de progressisme sur cette question des droits des LGBTI, cassant ainsi l’image qu’on pourrait avoir de l’Afrique comme continent unanimement homophobe. Prenons le cas le plus évident avec l'Afrique du Sud, pays qui a autorisé l'adoption par des couples de même sexe en 2002 et légalisé le mariage entre personnes de même sexe en 2006. Certains disent que ce pays est un peu à part, moi je pense plutôt, pour bien connaître ce pays qu’il peut faire cas d’école et que cela peut être un modèle à suivre !
Je le disais : l’espoir est de mise mais la question que je me pose, c’est que faisons nous, nous, pour le créer et l’entretenir ? Pas grand-chose …
Et surtout qu’allons nous faire alors que 7 sénégalais risquent la prison pour relations homosexuelles.  Oui, au Sénégal, pays où beaucoup aiment à passer leurs vacances ! On y jette en prison les homosexuels ! Je reviens de Dakar, j’y ai rencontré les rares activistes qui résistent courageusement, et 7 personnes ont donc été arrêtés pour je cite des actes contre-nature. Ils vont être jugés aujourd’hui. Cela devrait nous révolter, nous mettre en colère, cela devrait faire l’objet d’une réaction de la diplomatie française et européenne. Cela devrait et cela ne fait rien. Tout le monde s’en fiche. Ce sont les vacances, on lit les magazines people. Alors mesdames et messieurs du Quai d’Orsay, mesdames et messieurs de l’Union européenne, faites-moi mentir ! Faites que la France et l’Europe se mobilisent pour qu’aimer ne soit pas un crime !
A lire sur The Huffington Post (ici).

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