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EN 2014, UN NOUVEAU DROIT A CONQUERIR, UNE LOI POUR NOTRE ULTIME LIBERTE (tribune dans le Huffington Post))

On peut regretter que le Jury citoyen n’ait été composé que de 18 personnes. Mais comment travailler et auditionner des acteurs de la fin de vie devant un collège pléthorique ? On peut également regretter que le Jury citoyen se soit réuni à huis-clos. Mais les organisateurs pouvaient-ils prendre le risque des pressions que les différentes parties auraient pu exercer, y compris par l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité que je préside ? On peut aussi regretter que le Jury citoyen ait auditionné huit militants anti-euthanasie et seulement deux personnes favorables, dont moi-même.
Mais on peut se féliciter, pour la démocratie et la laïcité, fondements de notre République, que de vrais citoyens aient été réunis pour entendre les acteurs de la fin de vie et aient rédigé des conclusions sans esprit dogmatique, sans esprit partisan, sans esprit corporatiste. Et c’est ainsi que nous avancerons sur le chemin des droits individuels. Dans tous les domaines, nous savons que la protection des intérêts catégoriels – ceux des mandarins, professeurs de médecine en l’espèce – ne peut conduire qu’au conservatisme, qu’au maintien des privilèges et des pouvoirs. Ici, un quasi-pouvoir de droit de vie et de mort sur des personnes en fin de vie pour lesquelles ont décide sans rendre compte à personne. C’est ainsi que l’Institut National des Etudes Démographiques (Ined) annonce près de 5000 décès annuels par administration d’un produit létal, que Jean Leonetti, militant anti-euthanasie, avoue – tout en convenant que c’est illégal – avoir « débranché des respirateurs pour libérer des lits » et que les témoignages de décisions médicales absurdes qui ont conduit à des drames de fin de vie abondent.
Je suis satisfait que le rapport remis lundi dernier ouvre la voie à une aide active à mourir qui pourrait être accordée à tous ceux qui en feront la demande, de manière lucide et réitérée – qu’ils accomplissent le geste eux-mêmes ou que ce soit un tiers qui le fasse – et qu’il préconise une exception d’euthanasie pour ceux qui sont arrivés dans une impasse thérapeutique, ne peuvent plus s’exprimer et n’ont jamais écrit de directives anticipées.
J
eudi 19 décembre, le ministre des relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a annoncé un projet de loi en 2014. Je lui donne le bénéfice de la bonne volonté et prends acte de ce calendrier. J’accompagnerai le mouvement. De manière loyale, constructive et vigilante. Mais avec les 51000 adhérents actifs de l’ADMD, je le redis : n’inventons pas une architecture législative incompréhensible, ne rédigeons pas une loi Leonetti de gauche, aussi inapplicable et source de drames que la loi actuelle qui date de 2005. Regardons ce qui fonctionne chez nos amis européens, chez nos voisins néerlandais, belges et luxembourgeois. Les lois de légalisation de l’euthanasie dont ils disposent fonctionnent parfaitement, protègent des dérives qui existent par contre dans notre propre pays, assurent l’égalité de traitement entre les citoyens et rassurent les populations, notamment les personnes âgées qui, si elles savent évidemment que la mort est une échéance inéluctable, savent aussi que leur médecin, jamais, ne les laisseront souffrir et qu’elles pourront mourir debout, les yeux ouverts, dans le respect de la dignité que chacun s’impose à soi-même.
En 2014, les Français doivent obtenir cette loi de liberté qui garantira à chacun le respect de sa propre volonté lorsque sa vie n’est plus que de la survie et qu’il est temps de tirer sa révérence. Dans sa propre dignité.

Jean-Luc Romero
Président de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité
Auteur de "Monsieur le Président, laissez-nous mourir dans la dignité !"
Lire aussi sur le site du Huffington Post (ici).

 

 

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