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Ma préface à « Donnez à mon fils le droit de mourir ! » de Michèle de Somer et Frédéric Veille

Cette semaine soit le bouleversant livre de Michèle de Somer, écrit par le journaliste Frédéric Veille « Donnez à mon fils le droit de mourir ! – Le dernier cri d’amour d’une mère. » Ce livre est un plaidoyer pour ce qui devrait être un droit humain.
Je vous reproduis ci-dessous ma préface.

En lisant ce manuscrit du journaliste Frédéric Veille, en me rappelant qu’Eddy de Somer et Vincent Humbert étaient voisins de chambre, allongés tous les deux sur un pauvre lit de souffrance, je pense à ce poème de Louis Aragon, La rose et le Réséda.
Non pas que l’un croyait au ciel et que l’autre n’y croyait pas. Non. Je n’en sais rien.
Mais parce que leur histoire, sans cesse, se rejoint, se croise, s’appelle et se répond. Deux jeunes hommes brisés, unis dans un même destin tragique, au cœur d’un commun combat. Celui pour la vie et pour la liberté.
Parce que les deux garçons, après avoir lutté avec leurs médecins pour retrouver une partie de cette vie attrayante et emplie de promesses qui s’offrait à eux, ont exprimé la même volonté de mettre sereinement un terme à leurs souffrances physiques et psychiques, devenues inapaisables et jugées par eux-mêmes inutiles.
Si tous les deux étaient fidèles à la liberté, notre Pays, lui, dans le domaine qui est le plus personnel, le plus intime, qui concerne chaque individu dans ce qu’il a de plus sacré – sa propre vie – vivait sous le régime de la dictature : celle de l’acharnement thérapeutique, avant 2005 ; celle de l’acharnement palliatif – frappé de paupérisation – depuis la loi du 22 avril 2005.
Il fallut bien que Marie et Michèle, mères courages atteintes dans leur chair, entendent puis tentent, avec leur cœur, de comprendre et de répondre à la demande d’un enfant chéri.
L’une réussit. L’autre non. Pourquoi ? Comment ? Peu m’importe.
Ce qui compte, c’est qu’il fallut se cacher, avoir peur, pleurer. La clandestinité nous renvoie à Aragon, dans un pays qui dicte et prive de liberté.
Le calvaire de Vincent prit fin – alors que commençait celui de Marie, pourchassée, questionnée, humiliée – tandis que celui d’Eddy semble sans fin, toujours prisonnier de son pauvre corps décharné, privé du regard de sa mère, morte.
Quelle cruauté lorsque le sort s’acharne. Quelle injustice lorsque les solutions ne sont pas également données par la loi mais qu’elles doivent être arrachées clandestinement dans la pénombre.
Si la tragédie de la vie d’Eddy de Somer et de sa maman – que décrit avec tant d’émotion Frédéric Veille, comme il le fit avec Vincent et Marie Humbert - doit ouvrir sur une espérance, il faut qu’elle serve – avec les milliers de drames que nous connaissons, certains rapportés par la presse, d’autres plus intimes – à faire comprendre à nos gouvernants qu’une loi juste, de liberté, évite les dérives, l’arbitraire, la solitude du médecin en face de cas graves et sans espoir, la tristesse des mamans et la peine des enfants.
Une loi juste, de liberté, permet à chacun, dans un cadre sanitaire parfaitement clarifié, de choisir à quel moment sa propre vie n’est plus qu’une survie, absurde, douloureuse, inutile.
La dignité de chacun, bien sûr, est en jeu. Définie par soi-même et pour soi-même, à l’exclusion de tout autre.
Il est aussi question de la paix et de la sérénité que procure une mort attendue, préparée. De la paix et de la sérénité que permettent les adieux faits, les mots d’amour échangés pour une toute dernière fois.
De la paix et de la sérénité qui ne seront jamais offertes à une maman qui, parce que rien n’est prévu pour secourir son enfant, doit s’arranger avec sa conscience, trouver les complaisances, rechercher les cachettes, obtenir les instants de solitude. Et agir. Ou pas.
En lisant ce livre, je veux que chacune et chacun se rappelle qu’il est des pays, humains et respectueux des libertés individuelles, qui offrent à chacun la fin de vie qu’il aura décidée : non pas dans une alternative entre la vie et la mort, bien sûr, mais dans une alternative entre deux morts : celle choisie et organisée, apprivoisée, et celle subie, imposée, qui arrive au détour d’une nuit, dans la solitude, et laissant à jamais aux proches le sentiment d’un manquement à un devoir d’humanité, le deuil impossible à faire.
Michèle de Somer, c’est chacune et chacun d’entre nous. Réfléchissons.

frédéric veille,jean-luc romero,michèle de somer,euthanasie,eddy,admd,france,politique

 

Commentaires

  • Trés lucide cette vision.....je sais que toi aussi tu te bats contre la maladie..
    Jj admire ton courage de te battre encore pour les autres ...maman me parle souvent
    De toi ...je t embrassse j luc.....laurent l ainé de marie

  • Je suis étudiant en soins infirmiers et actuellement eb stage dans un service de soins palliatifs.
    je peux comprendre le chagrin que mére peut ressentir de voir son fils se degrader de jour en jour et d'être dans l'incapacité de ne rien faire pour le soulager.
    Je pense que le gouvernement devrait s'impliquer d'avantage sur le sors des famillle ayant une grande souffrance morale de voir leur enfant dans un état critique.
    Pour une mère c'est trés difficile d'admettre qu'on laisse vivre un enfant dans un comas vegetatif et tétraplégique et que l'avenir sera sombre.
    Pourquoi le gouvernement ne fais t'il pas adopter un loi au cas par cas .
    Certes, en tant que professionnel de santé il nous appartient de soigner la personne et surtout d'accompagner le patient dans la prise en charge de la douleur et aussi de prendre en compte l'aspect psychologique de famille , de l'entourage et de l'être prisonnier de son corps.
    Je suis peiné de voir ces familles souffrir du manque de décision concernant le gouvernement actuel.
    J'espère que Monsieur Hollande si il est élu sera à la hauteur de faire voter une loi concernant le droit de mourir à chacun dans le respect du choix des famille ou de l'être malade .

  • Je suis étudiant en soins infirmiers et actuellement eb stage dans un service de soins palliatifs.
    je peux comprendre le chagrin que mére peut ressentir de voir son fils se degrader de jour en jour et d'être dans l'incapacité de ne rien faire pour le soulager.
    Je pense que le gouvernement devrait s'impliquer d'avantage sur le sors des famillle ayant une grande souffrance morale de voir leur enfant dans un état critique.
    Pour une mère c'est trés difficile d'admettre qu'on laisse vivre un enfant dans un comas vegetatif et tétraplégique et que l'avenir sera sombre.
    Pourquoi le gouvernement ne fais t'il pas adopter un loi au cas par cas .
    Certes, en tant que professionnel de santé il nous appartient de soigner la personne et surtout d'accompagner le patient dans la prise en charge de la douleur et aussi de prendre en compte l'aspect psychologique de famille , de l'entourage et de l'être prisonnier de son corps.
    Je suis peiné de voir ces familles souffrir du manque de décision concernant le gouvernement actuel.
    J'espère que Monsieur Hollande si il est élu sera à la hauteur de faire voter une loi concernant le droit de mourir à chacun dans le respect du choix des famille ou de l'être malade .

  • Que d'hypocrisie en ce qui concerne ce vaste sujet qu'est l'euthanasie chacun se cachant derrière l'autre.
    Messieurs les plus grands de quel droit et au nom de quoi et de qui vous autorisez-vous à priver un être humain du choix du partir dites-nous et avec honnêteté ce que vous vous feriez si votre vie ou celle d'un proche venait à basculer dans l'horreur le supporteriez-vous? l'être humain ne supporte pas de voir souffrir un animal alors faut-il aller trouver un vétérinaire......bien encadrée une loi serait la bienvenue et vite

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