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Mon discours de Johannesburg (version française)

Excellence, cher Monsieur l’Ambassadeur de France,
Chère Madame la Ministre Provinciale de la Santé et du Développement Social,
Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile,
Mesdames et messieurs,

C’est véritablement un très grand plaisir pour moi de représenter la Région Île-de-France parmi vous aujourd’hui, au lendemain de la Journée mondiale du Sida, à la fois en tant que membre de la Commission des Affaires Internationales et Européennes du Conseil Régional et Président du Centre Régional d’Information et Prévention du Sida (CRIPS).
Je souhaite d’abord vous dire que le problème du Sida demeure pour la Région Île-de-France une priorité de sa politique en matière de santé. L’Île-de-France concentre en effet la moitié des cas de sida de toute la France. Elle est également l’une des régions d’Europe les plus touchées par la maladie.
La Région s’est engagée dans la lutte contre ce fléau il y a maintenant plus de 20 ans, et consacre chaque année 5 millions d’euros à la prévention du VIH et au suivi des personnes touchées en Île-de-France. Avec cette somme, nous soutenons les actions des nombreuses associations engagées dans la lutte contre le Sida sur notre territoire, et nous finançons surtout le Centre régional d’information et de prévention du Sida, véritable bras opérationnel de notre politique régionale dans ce domaine.

Excellence, cher Monsieur l’Ambassadeur de France,
Chère Madame la Ministre Provinciale de la Santé et du Développement Social,
Mesdames et Messieurs les représentants de la société civile,
Mesdames et messieurs,

 

C’est véritablement un très grand plaisir pour moi de représenter la Région Île-de-France parmi vous aujourd’hui, au lendemain de la Journée mondiale du Sida, à la fois en tant que membre de la Commission des Affaires Internationales et Européennes du Conseil Régional et Président du Centre Régional d’Information et Prévention du Sida (CRIPS).

Je souhaite d’abord vous dire que le problème du Sida demeure pour la Région Île-de-France une priorité de sa politique en matière de santé. L’Île-de-France concentre en effet la moitié des cas de sida de toute la France. Elle est également l’une des régions d’Europe les plus touchées par la maladie.

 
La Région s’est engagée dans la lutte contre ce fléau il y a maintenant plus de 20 ans, et consacre chaque année 5 millions d’euros à la prévention du VIH et au suivi des personnes touchées en Île-de-France. Avec cette somme, nous soutenons les actions des nombreuses associations engagées dans la lutte contre le Sida sur notre territoire, et nous finançons surtout le Centre régional d’information et de prévention du Sida, véritable bras opérationnel de notre politique régionale dans ce domaine.

Cette structure, créée il y un peu plus de 20 ans, est tout d’abord un centre de ressources au service des professionnels des secteurs éducatif, sanitaire et social et, plus généralement, de tous ceux qui s’impliquent dans la lutte et la prévention du sida, des hépatites et des conduites à risque, soit 10.000 personnes par an. Mais le CRIPS est aussi acteur de la prévention auprès des lycéens et apprentis franciliens. Chaque année, ses animateurs vont à la rencontre de 140.000 d’entre eux dans les établissements scolaires. Dans le même temps, ils en reçoivent 15.000 au Cybercrips, lieu d’échanges ludique et pédagogique, et 25.000 sur les stands des manifestations auxquelles le CRIPS participe.

Mais parce que le Sida dépasse bien sûr largement les frontières de l’Île-de-France, parce qu’il s’agit d’un fléau mondial, et parce que l’idée que nous nous faisons de notre région est celle d’une région solidaire et ouverte sur le monde, nous avons également souhaité faire de la lutte contre le Sida un axe important de notre politique internationale et plus particulièrement de notre politique de coopération décentralisée.

Elu de la Région Île-de-France depuis 1998, j’ai ainsi fait voter des l’année 2000 un amendement préconisant que tous nos accords de coopération incluent un volet de travail sur le Sida. Les actions qui viennent de vous être présentés par Aids Consortium et qui sont menées depuis maintenant près de 10 ans dans le cadre de notre partenariat avec la Province du Gauteng –  un des nos plus anciens partenariats de coopération auquel nous sommes très attachés – sont une traduction concrète, et pour nous emblématique, de cette engagement.

Mais elle n’est pas la seule et permettez-moi de vous citer très rapidement d’autres exemples d’actions mises en œuvre par la Région Île-de-France avec ses collectivités partenaires à étranger :

-  A Santiago du Chili, nous avons contribué à la création d'une structure similaire à notre CRIPS (le CRIAPS), 

- A Nouackchott en Mauritanie, nous avons soutenu la mise en place d’un centre de traitement ambulatoire,

-  A Dakar, nous avons contribué par nos financements à la création d’une ligne « Sida Info Service Afrique » destinée à 8 pays d’Afrique subsaharienne.

Si bien sûr nous nous félicitons de pouvoir faire bénéficier nos partenaires de notre expérience et de pouvoir les accompagner, aussi bien financièrement que techniquement, dans l’élaboration et mise en œuvre de leurs propres politiques publiques territoriales en matière de lutte contre le Sida, nous sommes également convaincus que nous avons beaucoup à apprendre d’eux. Ainsi j’ai déjà pu constater par exemple combien en matière de travail communautaire la Région Île-de-France a à apprendre de la Province du Gauteng.

Je souhaiterais maintenant élargir mon propos et vous dire quelques mots non plus seulement en tant qu’élu de la Région Île-de-France, mais également en tant que membre du Conseil National français du Sida, en tant que membre actif de la société civile et responsable de l’association Elus Locaux Contre le Sida, association qui regroupe 14.000 élus en France, et surtout, en tant que personne touchée par le sida depuis près de 25 ans.

En effet, je vis, comme 33 millions de personnes, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Vivre avec le VIH, c’est savoir que l’on va mourir. Mais, peut-être pire encore, c’est sentir que l’on est montré du doigt, comme des pestiférés, comme des coupables. Coupable de quoi ? Coupable de sa propre maladie !

Le sida, maladie obstinément mortelle, est aussi une maladie sociale, une maladie discriminante, une maladie qui précarise et qui isole. Une maladie que l’on ne peut pas dire. Vous pensez que je noircis la situation, personnellement je ne le pense pas ! Je pourrais vous citer bien des enquêtes sur ce thème, mais je préfère ne vous citer qu’un chiffre. Quand les personnes séropositives disent leur statut sérologique à leur travail en France, elles perdent, pour la moitié d’entre elles, leur travail dans les 6 mois ! Drôle de coïncidence vous ne trouvez pas ?

Coupable de sa propre maladie, la personne séropositive est également vue et traitée comme un danger potentiel. N’allez pas croire que ce sont des paroles en l’air, pour le prouver je vais simplement prendre deux exemples où clairement, c’est bien la peur du malade qui est érigé en principe d’action.

Le premier exemple concerne les restrictions à la liberté de circulation et d’établissement des séropositifs dans le monde. Vous ne le savez peut-être pas mais, si vous êtes séropositif, vous ne pouvez pas vous rendre en Russie pour des vacances. Si vous êtes séropositif, il vous sera très compliqué de travailler ou d’étudier en Australie ou au Canada, un test VIH étant demandé. Et oui, 66 pays à travers le monde disposent de réglementations spécifiques concernant l’entrée des personnes séropositives et 31 pays continuent d’expulser des personnes séropositives ou de leur ordonner de quitter le territoire lorsque le VIH est diagnostiqué. Oui, vous avez bien entendu, 31 pays expulsent les personnes séropositives au seul motif de leur maladie ! Vous imaginez où nous en sommes, près de 30 ans après le début de l’épidémie ! Au lieu de faire porter leurs efforts sur la prévention et l’information, ces états ont choisi de faire du sida une maladie d’étrangers avec, à la clé, une solution très simple : empêcher les malades d’entrer ou les expulser et le sida serait un problème réglé. Quelle bêtise … Les restrictions à la liberté de circulation et d’établissement des séropositifs n’ont qu’un seul effet : saper les efforts de prévention faits par les acteurs de cette lutte. Instaurer ce type de législation discriminatoires, c’est tout simplement lutter contre les malade pas contre la maladie.

Deuxième exemple que je vous donne : la criminalisation de la transmission du VIH. Alors la pénalisation, c’est quoi ? C’est le fait de condamner pénalement une personne séropositive qui a transmis le virus. Bien évidemment, je ne vais pas parler ici des personnes qui utilisent des ruses pour obtenir de façon totalement volontaire une relation sexuelle non protégée tout en se sachant contaminé. Ce sont des cas très rares et évidemment punissables.

Dans ce cadre général du débat sur la pénalisation, quel constat pouvons-nous dresser ? De plus en plus de poursuites ont été entreprises et de plus en plus de condamnations très largement médiatisées ont été prononcées depuis quelques années dans le cadre d’une transmission du VIH/sida. Ainsi, selon un rapport de la Fédération internationale du planning familial, 58 pays dans le monde se sont déjà dotés de lois ou utilisent des lois existantes pour criminaliser la transmission du VIH. 33 autres pays envisageraient de les imiter.

Bien évidemment, il n’est pas de mon propos que de contester aux personnes contaminées leur statut de victime. Absolument pas. Ce que je veux dire, c’est que, sur le plan de la santé publique, la criminalisation est dramatique. En effet, outre le fait que cette politique n’emporte avec elle aucun changement de comportements et n’a pas de pouvoir dissuasif, elle donne tout simplement une prime à l’irresponsabilité. En effet, quel est le message porté ? Si vous ne voulez pas avoir de problème avec la justice, ne vous dépistez pas ! C’est dramatique. Cette politique de pénalisation sape tous les efforts de la politique de promotion du dépistage alors que l’on sait très bien que le dépistage doit être encouragé afin de traiter plus tôt. C’est d’ailleurs une des priorités du nouveau plan français de lutte contre le VIH/sida. Alors je l’affirme : la pénalisation contribue à la propagation du virus.

Globalement, plus que jamais, j’affirme que les droits humains doivent être placés au cœur de la riposte face au VIH/sida. Souvenons-nous des paroles de Jonathan Mann qui disait que les mesures de santé ne peuvent être efficaces que si les personnes touchées sont informées et participent à la prise de décision concernant leur santé. Meilleure santé et respect des droits de l’homme sont deux notions totalement indissociables. Ainsi, aucun progrès significatif dans la lutte contre le VIH/sida ne se sera effectif sans le plein et entier respect des droits des personnes. Cela doit une priorité pour les acteurs de la lutte contre le sida et cela doit être également une vraie priorité pour le monde politique dans son ensemble. Je vous remercie de votre attention.

In a nutshell, more than ever, I affirm that human rights must be placed at the heart of the fight against HIV/Aids. Let us recall Jonathan Mann’s statement who once said that health measures may only be effective if affected people are informed and take part in the decision making process regarding their health. Better health and respect of human rights are two inseparable concepts. Thus, no significant progress in the fight against HIV/Aids can be effective without an entire and full respect of rights of people. This must be a priority of all stakeholders in the fight against Aids and this must also be a true priority for the whole political world.

 

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