Mon discours d'ouverture au 1er séminaire de la réduction des risques
Intervention de Jean-Luc Romero
Conseiller régional d’Ile-de-France
Président du Crips-Ile-de-France
1er séminaire de la réduction des risques
"Au-delà de l’ouverture de salles de consommation,
quels accompagnements des injections et autres consommations ?"
Conseil régional d’Ile-de-France / 11 janvier 2013
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
J’ai le grand plaisir de vous accueillir ici au nom de Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Ile-de-France. Celui-ci ne pouvant malheureusement être à vos côtés ce jour, il m’a demandé de le représenter ce que je fais bien sûr avec grand plaisir.
Le thème qui va être discuté tout au long de la journée est le suivant : « Au-delà de l’ouverture de salles de consommation, quels accompagnements des injections et autres consommations ? ».
Alors, la RDR où en est on en 2013? Une légalisation en 2004, une centaine de CAARUD créés, la Déclaration de Vienne qui érige le RDR comme solution face à des politiques répressives coûteuses et inefficaces… Autant d’éléments qui pourraient laisser penser que tout va bien. Mon introduction serait courte mais heureuse ! Malheureusement ce n’est pas le cas : prévalence très forte du VHC, absence de la RDR en milieu carcéral, vulnérabilité sociale … Autant de défis pour lesquels il était et, il est nécessaire, que les acteurs de la RDR fassent preuve d’une valeur moteur, d’une valeur qu’ils mettent en œuvre au quotidien : le sens de l’innovation. Sens de l’innovation qui, je le crois, n’a pas été freiné par la professionnalisation du secteur, ou qui, dans tous les cas, ne doit pas l’être.
L’expérimentation des salles de consommation à moindre risque est une revendication déjà ancienne et on ne peut que se féliciter que cela soit enfin en très bonne voie aussi bien à Paris, à Marseille qu’à Bordeaux. Je ne vais pas revenir sur l’utilité de ce type de structure, leur efficacité notamment au regard de ce qui se passe à l’étranger, le rapport de l’INSERM, du CNS... Je crois que nous avons ici tous les spécialistes pour nous expliquer cela mieux que moi. Les acteurs du secteur étaient convaincus par ce dispositif, restait à convaincre le politique qui, on le sait, dès qu’il s’agit de drogues, est très prudent, d’autant que nous avons eu la malchance d’avoir M. Apaire pendant quelques années à la tête de la MILDT. Heureusement les choses ont changé et Mme Daniele Jourdain Menninger a une posture équilibrée et, je pense, une vraie vision des choses.
Je voudrais rappeler que la région Ile-de-France a porté avec détermination ce dossier et a joué un vrai rôle en apportant un soutien financier dès 2010 aux études sur les SCMR. Je crois que c’est tout à l’honneur de la région d’avoir su avoir une vision juste des choses, de ne pas tomber dans la gueguerre de mots et d’avoir porté politiquement dès le début ce dossier avec pragmatisme, humanité et efficacité.
Intervention de Jean-Luc Romero
Conseiller régional d’Ile-de-France
Président du Crips-Ile-de-France
1er séminaire de la réduction des risques
Au-delà de l’ouverture de salles de consommation,
quels accompagnements des injections et autres consommations ? »
Conseil régional d’Ile-de-France / 11 janvier 2013
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
J’ai le grand plaisir de vous accueillir ici au nom de Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Ile-de-France. Celui-ci ne pouvant malheureusement être à vos côtés ce jour, il m’a demandé de le représenter ce que je fais bien sûr avec grand plaisir.
Le thème qui va être discuté tout au long de la journée est le suivant : « Au-delà de l’ouverture de salles de consommation, quels accompagnements des injections et autres consommations ? ».
Alors, la RDR où en est on en 2013? Une légalisation en 2004, une centaine de CAARUD créés, la Déclaration de Vienne qui érige le RDR comme solution face à des politiques répressives coûteuses et inefficaces… Autant d’éléments qui pourraient laisser penser que tout va bien. Mon introduction serait courte mais heureuse ! Malheureusement ce n’est pas le cas : prévalence très forte du VHC, absence de la RDR en milieu carcéral, vulnérabilité sociale … Autant de défis pour lesquels il était et, il est nécessaire, que les acteurs de la RDR fassent preuve d’une valeur moteur, d’une valeur qu’ils mettent en œuvre au quotidien : le sens de l’innovation. Sens de l’innovation qui, je le crois, n’a pas été freiné par la professionnalisation du secteur, ou qui, dans tous les cas, ne doit pas l’être.
L’expérimentation des salles de consommation à moindre risque est une revendication déjà ancienne et on ne peut que se féliciter que cela soit enfin en très bonne voie aussi bien à Paris, à Marseille qu’à Bordeaux. Je ne vais pas revenir sur l’utilité de ce type de structure, leur efficacité notamment au regard de ce qui se passe à l’étranger, le rapport de l’INSERM, du CNS... Je crois que nous avons ici tous les spécialistes pour nous expliquer cela mieux que moi. Les acteurs du secteur étaient convaincus par ce dispositif, restait à convaincre le politique qui, on le sait, dès qu’il s’agit de drogues, est très prudent, d’autant que nous avons eu la malchance d’avoir M. Apaire pendant quelques années à la tête de la MILDT. Heureusement les choses ont changé et Mme Daniele Jourdain Menninger a une posture équilibrée et, je pense, une vraie vision des choses.
Je voudrais rappeler que la région Ile-de-France a porté avec détermination ce dossier et a joué un vrai rôle en apportant un soutien financier dès 2010 aux études sur les SCMR. Je crois que c’est tout à l’honneur de la région d’avoir su avoir une vision juste des choses, de ne pas tomber dans la gueguerre de mots et d’avoir porté politiquement dès le début ce dossier avec pragmatisme, humanité et efficacité.
Sur cette question des salles de consommation à moindre risque, une des très grosses réussites a été d’imposer ce débat dans le champ de l’actualité générale. C’était un grand défi que de faire sortir cette question du champ des initiés et, grâce à la détermination des acteurs, cela a été possible. On ne peut que s’en féliciter. Nous le savons bien : dès qu’il est question de drogues, bizarrement la décision politique ne se fait plus sur des critères précis, la peur, les fantasmes brouillent les choses. En matière de drogues, nul doute que, s’il y a une bataille à gagner, c’est bien celle de l’opinion publique. Comment ? En informant de façon pragmatique, en jouant la transparence, en cassant l’image de l’usager dont l’identité serait uniquement liée à l’usage, oubliant qu’il est aussi un coitoyen.
C’est bien cela que permet et que promeut la RDR : au-delà de son aspect sanitaire et social, le RDR est une politique humaine, une politique citoyenne. Considérer l’usager de drogues comme un citoyen, un citoyen à part entière, pas un sous-citoyen, un malade ou un délinquant. Réintégrer l’usager dans la Cité. Voilà quels sont les buts de la RDR ! La RDR emporte le droit à la dignité. Cela veut dire qu’aucune substance n’enlève à l’homme son humanité. Je dis bien aucune. Aucune substance ne définit entièrement l’Autre. Un usager, c’est aussi un commerçant, un fonctionnaire, une mère, un voisin… L’image de l’usager dont la seule identité serait définie par l’usage, voilà quelque chose sur lequel nous devons travailler très fortement et surtout casser. Je rejoins avec beaucoup de détermination l’ensemble des acteurs qui veulent aussi porter la RDR comme une politique sociétale et citoyenne.
Alors bien sûr, il y aura toujours des « anti », des « anti tout », des anti professionnels et médiatiques. Des gens pour qui pester, accuser, apostropher, mentir est une posture raisonnable et constructive ! Posture assez simple, très faible intellectuellement et surtout dangereuse.
Les salles de consommation, je vous le disais en introduction ne sont qu’un outil qui complète un panel d’outils de réduction des risques mais ce n’est pas la seul, cela ne doit pas être le seul. Et de cela vous allez en discuter tout au long de cette journée de débats. Sachez que la région Ile-de-France sera très attentive aux résultats de cette journée.
Avant de vous laisser œuvrer, je voudrais conclure par une question, une vraie question qui, au-delà de son aspect quelque peu provocateur mérite une réponse : de celui qui se drogue ou de celui qui refuse toute évolution à la politique de réduction des risques, qui est le plus criminel ?
Je vous remercie.