Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Visibilité homosexuelle en politique

medium_Sexus_politicus.jpgSuite à la sortie du livre de Christophe Deloire et Christophe Dubois, Sexus politicus [Albin Michel – 20,90€], le bimensuel gay gratuit, Illico, qui régulièrement ne me ménage guère, a fait une enquête sur la visibilité homosexuelle dans le monde politique. Une enquête qui mélange articles de fond et interviews.
Cette enquête permet notamment de se faire une idée globale de la visibilité dans les autres pays et de connaître les élus qui ont fait leur coming out dans le monde.
Comme d’autres élus, notamment mon collègue Eddie Aït, conseiller régional PRG, j’ai répondu à quelques questions et je vous reproduis l’intégralité de mes réponses ci-dessous. Vous pouvez aussi retrouver mes réponses sur le magazine en ligne en cliquant ici.



 

Visibilité homosexuelle en politique [suite]

1 : Contrairement à d¹autres pays , la France compte extrêmement peu de personnalités politiques ouvertement homosexuelles. Aux dernières élections suédoises , on comptait plus de 180 candidats LGBT. Aux Pays-Bas où plus récemment en Italie , les candidatures LGBT ont aussi été nombreuses , etc. Comment expliquez-vous cette situation ?
Il est vrai que sur ce point la France est en retard. Globalement , je crois qu’en France il y a un réel problème lorsque l’on parle de sexualité; même si nous ne sommes pas une société moralisatrice et puritaine à l’américaine , des blocages sociétaux existent et il nous faut les surmonter. Certains de nos voisins européens sont incontestablement plus ouverts sur la question. medium_Gay_Pride_2006_tf1_jlr_4JPG.2.JPG

2 : Selon vous , les difficultés qu¹ont pu rencontrer les personnalités ouvertement homosexuelles en France (procès continu en communautarisme , blagues homophobes , tentative d¹assassinats) expliquent-elles ce refus de parler ouvertement de son orientation sexuelle ?
Il est clair que , actuellement en France , en 2006 , vivre son homosexualité au grand jour est encore très difficile. Bien sûr la société évolue mais il faut se défaire d’un parisianisme qui laisse à penser que la situation est réglée. Je suis originaire de province , je vais plusieurs fois par mois en province - depuis 11 ans ! - pour mobiliser dans la lutte contre le sida et je vous assure que dans certaines régions , vivre son homosexualité est toujours quelque chose de très , très compliqué. Alors , selon moi , le refus de parler ouvertement de son orientation sexuelle est dû à une situation où les personnes homosexuelles ont peur d’être discriminées et qu’on les voit autrement. Rappelons ces chiffres dramatiques : les jeunes homosexuels ont 13 fois plus de risques de se suicider qu’un jeune hétérosexuel… Il est essentiel que l’Education nationale s’engage enfin et avec force dans cette lutte contre les discriminations.

3 : En 2001 , un des principaux responsables du SPD appelait les hommes politiques homos à suivre l¹exemple du nouveau maire de Berlin qui venait de faire son coming out : "Je crois que les homos et les lesbiennes de la politique pourraient aider leur parti , eux-mêmes et l¹opinion publique s¹ils n¹en faisaient pas mystère." Etes-vous d¹accord ?
Oui et non. Oui parce que plus il y aura de politiques qui parleront librement de leur homosexualité , moins l’homosexualité sera un thème tabou et plus les thématiques LGBT seront abordées , discutées librement et approfondies. Non parce que cette phrase laisse à penser que ne pas révéler publiquement son homosexualité serait en avoir plus ou moins honte et ne pas vouloir faire avancer les choses. Chacun doit pouvoir décider de le dire ou non. Chacun doit pouvoir avancer à son rythme !

4 : Pensez-vous que l’orientation sexuelle est encore aujourd’hui un critère retenu par les électeurs et qu¹elle peut constituer un réel handicap dans une carrière politique ?
Oui c’est un critère retenu mais seulement dans un premier temps. L’orientation sexuelle ne constitue pas un critère essentiel quant au choix d’un électeur. Regardez les parcours politiques de Bertrand Delanoë et du regretté André Labarrère. Ils ont publiquement révélé leur homosexualité et pourtant leur carrière politique est très riche , sans qu’on leur reparle tout le temps de leur orientation sexuelle.

5 : Dans votre cas personnel , votre homosexualité est-elle un handicap ou non ?
Un handicap non. Mais , cela me donne la responsabilité de me mobiliser sur les thématiques LGBT : l’égalité , l’éducation à la sexualité , la lutte contre l’homophobie , sans oublier le sida qui touche , ne l’oublions pas , 15 % des gays en France. Au risque de me faire accuser de ne me préoccuper que des questions gays et de faire du communautarisme !

6 : Peut-on dire qu'il est plus difficile aujourd'hui encore de parler ouvertement de son homosexualité lorsqu'on est une personnalité politique de droite ?
Plus difficile non je ne crois pas. On peut penser que l’électorat de droite est plus conservateur mais combien d’hommes politiques de gauche ont révélé publiquement leur homosexualité ? Très , très peu… A droite les mentalités évoluent comme le prouve l’amélioration du PACS , le vote de la loi sur la répression des propos homophobes… mais les responsables politiques de droite restent à la traîne et n’évoluent pas aussi vite que leurs électeurs. Ce qui est sûr c’est qu’assumer son homosexualité publiquement , c’est décider de s’engager dans un combat de longue haleine ! Mais à vrai dire , le plus difficile à assumer pour moi est de parler ouvertement de ma séropositivité. Parler d’une telle maladie en politique , c’est le tabou suprême…

 

 

Les commentaires sont fermés.