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Du Parti Radical à la Gay Pride de Marseille

medium_Logo_parti_radical.jpgJe passe une nouvelle journée dans la cité phocéenne pour un programme éclectique.
A 11h30, je rejoindrai les ateliers d’été du Parti Radical de PACA où j’interviendrai à l’invitation de ma collègue conseillère régionale radicale Arlette Fructus. L’occasion d’évoquer nos institutions et les évolutions des modes de vie.
Dès 15 heures, je serai sur la place de l’arbre de l’espérance et participerai pour la sixième année consécutive à la Marche des fiertés LGBT de Marseille qui clôture la saison des marches de revendication pour l’égalité. A 17h30, une minute de silence sera dédiée aux victimes du sida puis à 18h30, je déposerai une gerbe au monument de la déportation à l’occasion de la cérémonie organisée par « les Oubliés de la mémoire » et y lirai, à la demande des organisateurs, un texte extrait du livre de Pierre Seel, déporté homosexuel décédé récemment [texte reproduit ci-dessous].
Une journée lourde en émotion et sûrement … en chaleur !
Bon week-end à celles et ceux d’entre vous qui ont un peu de temps libre ou qui partent en vacances.

Texte de Pierre Seel que je vais lire ce soir

 

"Des jours, des semaines, des mois passèrent. De mai à novembre 1941, je vécus six mois de la sorte dans cet espace où l’horreur et la sauvagerie étaient la loi. Mais je tarde à évoquer l’épreuve qui fut la pire pour moi, alors qu’elle se passa dans les premières semaines de mon incarcération dans le camp. Elle contribua plus que tout à faire de moi cette ombre obéissante et silencieuse parmi d’autres.

Un jour, les haut-parleurs nous convoquèrent séance tenante sur la place de l’appel. Hurlements et aboiements firent que, sans tarder, nous nous y rendîmes tous. On nous disposa au carré et au garde-à-vous, encadrés par les SS comme à l’appel du matin. Le commandant du camp était présent avec tout son état-major. J’imaginais qu’il allait encore nous asséner sa foi aveugle dans le Reich assortie d’une liste de consignes, d’insultes et de menaces à l’instar des vociférations célèbres de son grand maître, Adolf Hitler. Il s’agissait en fait d’une épreuve autrement plus pénible, d’une condamnation à mort. Au centre du carré que nous formions, on amena, encadré par deux SS, un jeune homme. Horrifié, je reconnus Jo, mon tendre ami de dix-huit ans. Je ne l’avais pas aperçu auparavant dans le camp. Etait-il arrivé avant ou après moi ? Nous ne nous étions pas vus dans les quelques jours qui avaient précédé ma convocation à la Gestapo. Je me figeai de terreur. J’avais prié pour qu’il ait échappé à leurs rafles, à leurs listes, à leurs humiliations. Et il était là, sous mes yeux impuissants qui s’embuèrent de larmes. Il n’avait pas, comme moi, porté des plis dangereux, arraché des affiches ou signé des procès-verbaux. Et pourtant il avait été pris, et il allait mourir. Ainsi donc les listes étaient bien complètes. Que s’était-il passé ? Que lui reprochaient ces monstres ? Dans ma douleur, j’ai totalement oublié le contenu de l’acte de mise à mort. Puis les haut-parleurs diffusèrent une bruyante musique classique tandis que les SS le mettaient à nu. Puis ils lui enfoncèrent violemment sur la tête un seau en fer blanc. Ils lâchèrent sur lui les féroces chiens de garde du camp, des bergers allemands qui le mordirent d’abord au bas-ventre et aux cuisses avant de le dévorer sous nos yeux. Ses hurlements de douleur étaient amplifiés et distordus par le seau sous lequel sa tête demeurait prise. Raide et chancelant, les yeux écarquillés par tant d’horreur, des larmes coulant sur mes joues, je priai ardemment pour qu’il perde très vite connaissance. Depuis, il m’arrive encore souvent de me réveiller la nuit en hurlant. Depuis plus de cinquante ans, cette scène repasse inlassablement devant mes yeux. Je n’oublierai jamais cet assassinat barbare de mon amour. Sous mes yeux, sous nos yeux. Car nous fûmes des centaines à être témoins. Pourquoi donc se taisent-ils encore aujourd’hui ? Sont-ils donc tous morts ? Il est vrai que nous étions parmi les plus jeunes du camp, et que beaucoup de temps a passé. Mais je pense que certains préfèrent se taire pour toujours, redoutant de réveiller d’atroces souvenirs, comme celui-ci parmi d’autres. Quant à moi, après des dizaines d’années de silence, j’ai décidé de parler, de témoigner, d’accuser." Extrait du livre « Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel » de Pierre Seel ; Calmann-Lévy, 1994.

Commentaires

  • Après tout çà pense à te reposer mon cher Jean-Luc !

    Bises,
    Christophe

  • Que d'émotion en te lisant ...

  • TRADITION ET MODERNITE : Le parti radical est le plus ancien parti de l'hexagone. Profondément attaché à la Laïcité, aux valeurs républicaines,cette organisation politique a malheureusement perdue de l'influence... Et pourtant, sans remonter à Edouard HERRIOT que de personnages, de personnalités et de figures de notre hexagone ont marqué cette famille : pêle-mêle : Pierre MENDES FRANCE (qui a été aussi un temps au PSU ), J.J.S.S avec l'Express et sa campagne contre les essais atomiques, mais aussi le Député de NANCY allant défier sur ses terres bordelaises Jacques CHABAN DELMAS, cela se passait dans les années soixante-dix...Puis ce parti s'est déchiré au moment de la signature du programme commun...Dommage...Mais l'humanisme, la Laïcité, les valeurs de progrès sont encore à l'ordre du jour pour une nouvelle république prenant en compte des aspirations pour un mieux vivre ensemble,cela passe par les aspirations écologistes mais aussi jean luc par vos combats pour la reconnaissance de l'Homme dans ses diversités.

  • J'espère que cette deuxième journée à Marseille se passe bien....sous la canicule sans doute....

    Je suis bien d'accord avec Anne-Marie, cette note est vraiment émouvante, d'ailleurs, je l'aie lue ce matin, et ce soir, à l'heure où tu lisais ce "terrible" texte, j'ai pensé à toi et à tous les gens présents autour de toi à ce moment là....

    Tout le monde devait être très ému.... Ce genre de "cérémonie" est nécessaire car il ne faut pas oublier que ce genre d'horreurs a réellement existé... malheureusement...

    Ces deux jours ont dû être très chargés en activités et en émotions fortes sans doute : c'était ton anniversaire hier donc je suppose que ton portable n'a pas arrêté de sonner et j'espère que tu as eu plein de BELLES SURPRISES..... Maintenant, repose toi un peu quand même, car les vacances ne sont pas encore là.....

  • J'espère que cette journée s'est bien passée et que la chaleur ne vous a pas fatigué.
    Ce texte est tellement bien écrit qu'on a l'impression d'asister à l'horreur de ce qui se passe.
    Je vous embrasse

Les commentaires sont fermés.