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Lettre posthume de Nicole Boucheton, vice-présidente de l'ADMD, exilée en Suisse pour mourir dans la dignité !

"Je suis atteinte d’un cancer du rectum. Lors du diagnostic, le seul traitement curatif était chimio, tomo-thérapie puis chirurgie : colostomie. J’ai refusé la chirurgie car trop mutilante : l’anus artificiel qui me condamnait à une vie dans des conditions que je juge, pour moi-même, dégradées et inacceptables, limitant considérablement mes activités, activités qui font ma vie.

J’ai accepté les traitements de chimio et tomothérapie. J’ai obtenu un répit de 5 mois. Puis ce fut la récidive. Risquant une occlusion intestinale d’un moment à l’autre, les médecins ne m’ont donné qu’un seul choix, l’hospitalisation pour y pratiquer des soins de confort.

nicole boucheton,admd,suisse

 

 Vous avez dit LIBERTÉ ?

Alors j’ai pris contact avec une association suisse afin d’y pouvoir faire un autre choix, celui d’un départ rapide puisque ma seule issue était la mort.

 

Cela demande beaucoup d’argent : la prise en charge elle-même, le voyage, l’hébergement sur place lorsque l’on vient de loin.

Ajoutez à ceci le fait d’être encore capable physiquement de se déplacer.

 

Vous avez dit ÉGALITÉ ?

 

Lorsque je demandais aux médecins si je pouvais compter sur une espérance de vie d’un mois et demi, le temps moyen pour régler les problèmes administratifs auprès de l’association, ils m’ont répondu « Je ne peux pas vous dire… ça dépend… » . Manque de sincérité, de franchise, de courage.

 

Vous avez dit FRATERNITÉ ?

C’est en Suisse que j’ai rencontré ces trois valeurs qui sont pourtant celles de la République française. Merci à ce pays juste et compassionnel. Et bien sûr, la solidarité je l’ai rencontré auprès de mes amis de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité qui ont tout fait pour faciliter mes démarches.

 

L’engagement 21 du président Hollande, non tenu, qui s’enlise dans sa mise en place de missions et rapports successifs verra-t-il le jour ? J’aurais aimé en profiter et ne pas avoir à m’exiler en Suisse. J’en veux à ce président en qui j’avais fait confiance en lui donnant ma voix. Mais je sais que mes amis militants et les 92% de français favorables à une loi de liberté qui permet à chacun de choisir sa fin de vie ne baisseront pas les bras et que la victoire est proche."

 

 

Nicole Boucheton

Commentaires

  • tu as fait ton choix nicole, dommage que cette loi ne soit pas en france!!ou que tu soit ,je suis avec toi ,je t accompagne et surtout ,tu resteras mon amie ,ma confidente.

  • Chère Nicole, bon voyage, dommage que ce départ n'ait pas pu avoir lieu sur notre territoire. Bravo à la Suisse, grande démocratie supérieure à la notre (où rien ou presque ne se fait sans consulter le peuple), qui a depuis longtemps compris que la mort n'appartient qu'à celui qui en a besoin, et que retarder cette mort -souhaitée comme une ultime libération- est contraire à la volonté et à l'intérêt des citoyens. Bon vent, Nicole.

  • Je comprends tout à fait cette dame et j'ai une pensée pour elle. Mon époux est décédé l'année dernière d'un cancer du côlon, après 3 ans 1/2 de galère. Un fin de vie indigne! Non, je ne veux pas qu'il en soit ainsi pour moi! Dans l'immédiat, j'ai fait ce que la loi prévoit mais j'attends davantage.

  • Vous avez raison depuis quelque temps beaucoup de problème identique au votre je pense que notre corps nous appartient nous seule juge de notre mort face à la maladie cette loi aurais dû être voté depuis bien longtemps je vois que vous avez un grand courage et je suis avec vous dans cette épreuve car au bout du tunnel il y a la lumière de la liberté je vous embrasses tendrement

  • Voilà une échéance qui m'effraie, pour mon épouse et pour moi. Mais je pense que si je peux, je ferai de même. Il est indigne de mourir dans la souffrance et la déchéance, ou de le faire vivre à ses proches.
    Je lis que les frais sont importants. J'avoue, au delà des frais de logement et de voyage, ne pas comprendre pourquoi? On parle à la radio de 9000 €, pourquoi?
    Il y a surement de justes explications.
    J'ai vu une fois le reportage sur un homme qui faisait cela, devant la caméra, quel courage!! Car notre esprit tend à garder espoir temps que l'on vit, et se jeter ainsi dans le vide me laisse admiratif.

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