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Mon discours au Forum "Pansons le monde"

Forum “Pansons le Monde”
25 janvier 2012
Intervention de Jean-Luc Romero
Conseiller régional d’Ile-de-France
Président du Crips Ile-de-France

 
Mesdames, Messieurs, Chers amis,
J’interviens, ici, dans ce forum en ma qualité de conseiller régional en Ile-de-France et c’est pourquoi mon intervention sera dans premier temps centrée sur le rôle du conseil régional dans la lutte contre le sida.
Clairement, ce combat est une priorité pour la région Ile-de-France. Evidemment tout d’abord sur le territoire francilien où la moitié des nouvelles contaminations y sont découvertes et un quart sur Paris. En Ile-de-France, la région a créé un organisme associé : le Centre régional d’information et de prévention du sida, le Crips. Cette association, dont j’assure la présidence, œuvre pour la mise en place de la politique de lutte contre le sida via des actions d’information, d’éducation et de prévention. Refermons cette parenthèse.
De manière claire et visible, la région a fait de la lutte contre le sida à l’international une réelle priorité car n’oublions pas qu’en 2012, 34 millions de personnes vivent avec le sida et 1,8 millions en sont mortes en 2010.
Tout d’abord, la région agit via l’action du Crips qui, notamment, coordonne les stands internationaux dans certains grands congrès comme ceux de l’International Aids Society ou qui forme et soutient les militants du sud, action d'ailleurs que je compte développer fortement dès cette année.
Mais l’essentiel de l’action de la Région ne passe pas que par le Crips mais plus en direct. Cela fait plus de 11 ans que la Région s’investit dans cette lutte et cet engagement a été affirmé solennellement en 2000 via l’amendement [dit “Romero”] que j’avais déposé et qui a été, il faut le noter car ce n’est pas si fréquent, voté à l’unanimité. Cet amendement prévoit la possibilité d’un volet sur le VIH/sida dans tout accord de coopération décentralisée de la région. De là ont découlé bon nombre d’actions et d’accords qu’il me semblerait quelque peu fastidieux de vous énumérer dans la totalité. Juste quelques exemples peut-être: un centre de traitement ambulatoire à Nouakchotte en Mauritanie, un centre de prévention du sida à Santiago du Chili (CRIAPS), un grand programme de soutien aux associations dans la Province du Gauteng en Afrique du Sud, où 20% de la population vit avec le sida, mais aussi des financements pour le CTA de Dakar au Sénégal, le soutien aux actions communautaires à Kayes au Mali, au service d’écoute téléphonique, Sida info Afrique, et cette semaine encore 45 000 € votés pour le dépistage prénuptial à Khayes, etc. Globalement, le montant des financements pour le volet coopération décentralisée dans le domaine VIH/sida s’élève, pour la région Ile-de-France, à près de 1.350.000 euros sur la période 2004/2011. Une somme importante sachant que le budget total du secteur international est de 10 millions.
Au-delà de ce volet sur la coopération décentralisée, la Région s’est engagée fortement dans le fonds Solidarité Sida Afrique, créé par Solidarité Sida. Elle fut la première collectivité à s’y engager et elle en est aujourd’hui le premier contributeur. Au final entre 2004 et 2011, ce sont près de 2.500.000 euros qui ont été consacrés par la région à la lutte contre le sida à l'international.

jean-paul huchon,jean-luc romero,santé,politique,france

Forum “Pansons le Monde”

25 janvier 2012

 

Intervention de Jean-Luc Romero

Conseiller régional d’Ile-de-France

Président du Crips Ile-de-France

 

 

Mesdames,

Messieurs,

Chers amis,

 

J’interviens, ici, dans ce forum en ma qualité de conseiller régional en Ile-de-France et c’est pourquoi mon intervention sera dans premier temps centrée sur le rôle du conseil régional dans la lutte contre le sida.

 

Clairement, ce combat est une priorité pour la région Ile-de-France. Evidemment tout d’abord sur le territoire francilien où la moitié des nouvelles contaminations y sont découvertes et un quart sur Paris. En Ile-de-France, la région a créé un organisme associé : le Centre régional d’information et de prévention du sida, le Crips. Cette association, dont j’assure la présidence, œuvre pour la mise en place de la politique de lutte contre le sida via des actions d’information, d’éducation et de prévention. Refermons cette parenthèse.

 

De manière claire et visible, la région a fait de la lutte contre le sida à l’international une réelle priorité car n’oublions pas qu’en 2012, 34 millions de personnes vivent avec le sida et 1,8 millions en sont mortes en 2010.

Tout d’abord, la région agit via l’action du Crips qui, notamment, coordonne les stands internationaux dans certains grands congrès comme ceux de l’International Aids Society ou qui forme et soutient les militants du sud, action d'ailleurs que je compte développer fortement dès cette année.

 

Mais l’essentiel de l’action de la Région ne passe pas que par le Crips mais plus en direct. Cela fait plus de 11 ans que la Région s’investit dans cette lutte et cet engagement a été affirmé solennellement en 2000 via l’amendement [dit “Romero”] que j’avais déposé et qui a été, il faut le noter car ce n’est pas si fréquent, voté à l’unanimité. Cet amendement prévoit la possibilité d’un volet sur le VIH/sida dans tout accord de coopération décentralisée de la région. De là ont découlé bon nombre d’actions et d’accords qu’il me semblerait quelque peu fastidieux de vous énumérer dans la totalité. Juste quelques exemples peut-être: un centre de traitement ambulatoire à Nouakchotte en Mauritanie, un centre de prévention du sida à Santiago du Chili (CRIAPS), un grand programme de soutien aux associations dans la Province du Gauteng en Afrique du Sud, où 20% de la population vit avec le sida, mais aussi des financements pour le CTA de Dakar au Sénégal, le soutien aux actions communautaires à Kayes au Mali, au service d’écoute téléphonique, Sida info Afrique, et cette semaine encore 45 000 € votés pour le dépistage prénuptial à Khayes, etc. Globalement, le montant des financements pour le volet coopération décentralisée dans le domaine VIH/sida s’élève, pour la région Ile-de-France, à près de 1.350.000 euros sur la période 2004/2011. Une somme importante sachant que le budget total du secteur international est de 10 millions.

 

Au-delà de ce volet sur la coopération décentralisée, la Région s’est engagée fortement dans le fonds Solidarité Sida Afrique, créé par Solidarité Sida. Elle fut la première collectivité à s’y engager et elle en est aujourd’hui le premier contributeur. Au final entre 2004 et 2011, ce sont près de 2.500.000 euros qui ont été consacrés par la région à la lutte contre le sida à l'international.

 

Deux remarques quant à cette liste :

 

- Une remarque globale tout d’abord: derrière toutes ces données chiffrées, il y a des actions de terrain, des prises en charge thérapeutiques, des actions de prévention, des hommes, des femmes, des enfants. On donne souvent des chiffres. Ils sont froids et désincarnés, mais derrière, il ne faut jamais oublier l’humain. Je crois pouvoir dire que c’est notre moteur à nous tous qui sommes réunis ici car derrière le mot sida, ce sont d’hommes et de femmes en souffrance dont nous parlons.

 

- La seconde remarque que je souhaite faire, concerne la liste d’engagements de la Région Ile-de-France. Il n’est pas de mon propos de dire que tout est parfait, je crois que la situation du VIH/sida dans le monde nous interdit ce satisfecit et nous impose une réelle exigence dans ce domaine. Tout au moins, reconnaissons que son engagement est fort. Saluons d’ailleurs la volonté de son président Jean-Paul Huchon dans ce domaine. Sans nul doute, cet engagement pourrait servir d'exemple à d'autres collectivités, peut-être pas à ce niveau de financement mais rien n'empêche que mon amendement sur ce volet concernant le VIH/sida dans les accords de coopération décentralisée soit adopté par bien d'autres collectivités. C'était mon but quand, dans le cadre de la présidence d'une autre association, en l'occurrence Elus Locaux Contre le Sida, j'avais, il y a quelques années, rencontré les présidents de nombreux conseils régionaux de France pour les convaincre de prendre cette disposition: au final, les régions Franche-Comté́, Provence-Alpes-Côte-D’azur et Rhône-Alpes, avaient adopté de semblables dispositifs. Tout comme la ville de Paris qui, à l’initiative de Bertrand Delanoë, finance aujourd’hui de nombreux projets internationaux contre le sida.

 

Ce que je souhaite vous dire, au-delà des données chiffrées, c'est que dans la lutte contre le sida et globalement dans la poursuite des objectifs du millénaire pour le développement, les collectivités locales peuvent être des acteurs importants. Doivent être des acteurs importants.

 

Globalement, je pense sincèrement que, comme je le dis souvent, le sida se soigne aussi par la politique. Aujourd'hui, on note de grands progrès dans la lutte contre le sida : les nouvelles infections à VIH ont diminué de 21% depuis 1997, et les décès liés au sida de 21% depuis 2005. Pour autant n'allons pas crier victoire, loin de là ! Alors que le continent africain regroupe 68% des malades et que le taux de prévalence du sida en Afrique sub-saharienne est de 5% pour les adultes, encore la moitié des personnes pour qui un traitement serait nécessaire n'y ont pas accès.

 

Alors pour continuer cette lutte de manière efficace - l'ONUSIDA ayant affirmé avec force que les 5 prochaines années seraient décisives dans la réponse faite au VIH/sida - il faut de l'argent, il faut financer la lutte : l’argent est bien le nerf de la guerre dans la réponse mondiale au sida et l'engagement politique sûrement la solution pour débloquer ces fonds, des fonds à la hauteur des défis mais aussi des financements pérennes et les moins dépendant possible du contexte économique. En juin 2010, les Etats membres de l’ONU ont convenu d’un nouvel ensemble d’objectifs mondiaux, parmi lesquels dégager chaque année au moins 22 milliards de dollars pour la riposte mondiale au sida à l’horizon 2015. C'est un objectif ambitieux mais nécessaire, qui suppose d'être porté politiquement de façon extrêmement volontaire. D’autant qu’aujourd’hui l’on sait que si on soignait toutes les personnes qui ont en ont besoin, le sida pourrait disparaître d’ici moins de 50 ans.

 

C'est dans ce cadre qu'il faut défendre avec force les financements innovants : UNITAID, bien sûr, dispositif sur lequel je ne vais pas revenir car l'enjeu essentiel est bel et bien cette fameuse taxe sur les transactions financières, taxe techniquement impossible à mettre en place, puis finalement possible, politiquement impossible à mettre en place et puis finalement souhaitée, même sans les autres ... Pas facile de suivre tout le monde en période préélectorale ! Plus sérieusement, cette taxe pourrait révolutionner le financement de la solidarité internationale.

Se posent deux questions évidemment essentielles :

 

- La teneur de cette taxe : on ne peut se satisfaire d'une taxe au rabais ; les sources gouvernementales citées dans les médias évoquaient quelques centaines de millions d'euros... Pour rappel un dispositif équivalent en Grande-Bretagne permet de lever 4 milliards !

 

- Autre grande question: l'affectation des fonds. Dans un contexte économique tendu où on cherche l'argent un peu partout, la tentation est grande de noyer quelque peu les choses et que les fonds levés ne profitent pas totalement aux causes défendues. Je sais que les acteurs de la solidarité internationale sont extrêmement attentifs sur ce point et ne sont pas très rassurés pour l’instant !

 

Je me suis quelque peu éloigné du sujet mais il me paraissait réellement important d'évoquer ici ce sujet. Je vais conclure mon intervention en reinsistant sur le rôle des collectivités locales dans la lutte contre le sida à l'international et plus globalement dans l’accès à la santé : elles peuvent faire beaucoup même à des niveaux de financements assez bas. Rien n'empêche par exemple une commune d'être jumelée avec une collectivité africaine dans une zone où le VIH/sida est endémique. Plus que jamais je pense que le niveau local ne peut et ne doit pas être ignoré dans ce combat pour la vie. L'engagement de la région Ile-de-France en est, je le crois sincèrement, un exemple très parlant. Et j’espère qu’il sera suivi par bien d’autres collectivités locales.

 

Je vous remercie.

 

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