Contre la répression de la prostitution ! Pour la réglementation !
Le débat sur la prostitution est récurrent. Il est de nouveau à la une avec le récent rapport parlementaire qui propose, comme en Suède, la pénalisation des clients.
Comme toute personne engagée dans la vie de la cité, il y a bien longtemps que je réfléchis à cette question. J’y ai d’ailleurs consacré un chapitre dans mon livre « Lettre à une droite maladroite ». C’était déjà en 2004.
On peut rêver d’un monde sans prostitution ou encore sans drogues. Pourquoi pas ?
Tout le monde sait pourtant que cela est totalement irréaliste. On voit déjà les ravages que fait l’actuelle politique répressive sur les drogues - basée sur ce postulat. Tout le monde sait pourtant qu’il serait plus utile et humain de mettre tous les moyens de l'Etat contre les narco trafiquants et de faire une vraie politique de prévention plutôt que de s’attaquer aux petits consommateurs. Avec les résultats qu’on connaît !
Sur le travail du sexe, c’est la même chose. Il serait bien de mettre enfin le paquet contre le scandaleux trafic d’êtres humains et pour le démantèlement des réseaux. Et bien sûr qu’on empêche que de jeunes mineures soient ainsi exploitées !
Des prostitués – hommes et femmes – ont aussi choisi librement d’exercer ce métier. Plutôt que de les pénaliser, il serait plus juste et réaliste de réglementer cette profession. N’oublions pas aussi que la pénalisation du racolage n’a rien résolu. Au contraire, elle a poussé les femmes à se cacher et à prendre des risques à tel point que les associations de soutien ou de lutte contre le sida ont les pires difficultés à leur venir en aide !
Je suis résolument contre la pénalisation des prostituées et des clients et pour la réglementation !
Commentaires
Après nous avoir proposé la réouverture des maisons closes en expérimentation, voilà que le gouvernement effectue un virage à 180° et envisage maintenant la pénalisation des clients de prostitués. Or il me semble que les 2 projets sont radicalement opposés. Comment peut on avoir confiance en un gouvernement qui dit 2 choses totalement différentes en quelques semaines d'intervalle?
Que Monsieur Roméro ne panique pas, la proposition de loi ne débouchera sur rien. Tout cela n'est que de l'enfumage pour faire diversion. Le gouvernement a de toute évidence pris partie depuis longtemps pour les idées machistes que vous défendez, pro-pornographie, pro-prostitution, plus généralement pro commerce du sexe mais il ne peut l'afficher ouvertement, ne serait ce que vis à vis d'une partie de son électorat conservateur qui tend à le quitter pour le Front National. Comment un gouvernement qui doit probablement abriter nombre de clients de prostitués, dont un ministre a déjà avoué les fréquenter en Thaïlande, comment un gouvernement quelconque peut il légiférer dans ce sens alors que des élus, des personnalités politiques de tout bord ont été prises sur le fait - sachant que ces affaires médiatisées ne représentent que la partie immergente de l'iceberg?
Quant à l'argument de résignation de professionnalisation de la prostitution sous prétexte qu'elle ne disparaitra jamais, appliquons le jusqu'au bout. Pourquoi ne pas légaliser la cocaïne, l'éroïne, le viol puisqu'un monde sans cocaïne, sans éroïne, sans viol est totalement irréaliste? Pourquoi ne pas en faire des commerces comme les autres?
Qui peut dire ce qui est irréaliste ou non, en particulier quand toutes les solutions n'ont pas été appliquées? Jamais la prostitution n'a été intégralement prohibée en France, jamais l'interdiction de la prostitution au titre de travail clandestin combinée à une interdiction du recours aux services d'une prostituée n'ont été inscrits dans les textes de lois.
Pour quelles raisons je vous prie? Pour la simple et bonne raison que si les prostituées ne peuvent exercer sereinement, si les clients ne peuvent se servir sans l'intervention des forces de l'ordre, les premières ne présenteront plus aucun intérêt pour les proxénètes et les seconds se feront certainement plus rares. Donc la prostitution diminuera, ce que ne veulent absolument pas nos gouvernants, même s'ils prétendent le contraire.
Qu'ils soient complices de ces réseaux pour le "plaisir du mâle" ou pour le "business", ils ont tout intérêt à entretenir une marchandisation du corps incitative ou contrainte. Tant qu'elle existe, c'est tout bénèf pour l'homme.
Je me gausse d'entendre ces discours paternalistes de gens qui soutiennent une posture de libéralisation du commerce du sexe, sous couvert de défense des droits des femmes, de liberté sexuelle ou plus drôle encore pour des motifs de sécurité. C'est d'ailleurs le même type de raisonnement tordu sur le cannabis. Derrière cette hypocrisie se cache l'unique volonté de faciliter l'accès aux bordels et autres salons de rencontres, et aussi de se faire beaucoup d'argent.
Pour résoudre ce problème de la prostitution, il suffit de commencer par interdire ce qui est mal, et la prostitution est un mal. Mais certains préfèrent tenir des discours alambiqués pour en déduire au final qu'il faut continuer dans la même voie voire agraver les choses. C'est vrai, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?