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La démocratie à Fleury-les-Aubrais...

Communiqué du 13 mai 2009

 

 

 

 

La mairie de Fleury-les-Aubrais (Loiret) interdit aux militants de l’ADMD leur présence sur le marché de la ville

 

 

 

Alors que la France prépare les élections européennes du 7 juin et que l’ADMD profite de la présence des femmes et des hommes politiques sur le terrain pour sensibiliser les Français à la question de la fin de vie, le directeur de cabinet du maire de Fleury-les-Aubrais, Pierre Bauchet, dans un courriel d’un rare sectarisme, interdit aux militants de l’ADMD leur présence sur le marché de la ville, la distribution de tracts et la signature d’une pétition, ce qui se fait pourtant sur plus de 200 marchés de France durant la semaine du 11 au 17 mai.

Le directeur de cabinet n’invoque pas un quelconque trouble à l’ordre public, mais uniquement le fait que « Monsieur le Maire … reste farouchement contre l’euthanasie ».

L’ADMD, par la voix de son président, Jean-Luc Romero, s’élève contre une telle pratique qui autoriserait aux uns ce que l’ont refuserait aux autres, au seul prétexte de ses convictions personnelles.

Rappelons que dans la région Centre, 89% des personnes interrogées (sondage BVA réalisé du 28 au 29 avril) se déclarent favorables à une légalisation de l’euthanasie (86% de moyenne nationale).

Le maire de Fleury-les-Aubrais va-t-il également interdire aux militants du PS, du PC, des Verts et de l’UMP de distribuer des tracts dans sa bonne ville ? Drôle de conception de la démocratie.

Le texte du courriel du directeur de cabinet :

 > Vous avez sollicité Monsieur le Maire de Fleury les Aubrais afin d'obtenir l'autorisation de proposer aux clients du marché dominical du 17 mai la signature d'une pétition relative à la fin de vie .

> Si Monsieur le Maire reconnait volontiers à chacun le droit de choisir sa propre fin de vie, il reste farouchement contre l'euthanasie ( aide active à mourir ) et pense que le combat devrait plutôt porter sur l'augmentation des moyens alloués aux unités de soins palliatifs .

> Aussi, Monsieur le Maire ne souhaite pas accéder à votre demande et ne vous donne pas l'autorisation de proposer une pétition envisageant la légalisation de l'euthanasie sur le marché de Fleury les Aubrais .

> Sincère salutations,

>  

> J. C.

> Directeur de Cabinet 
Lire l'article de La République du Centre (ici), Généthique (ici).

Commentaires

  • Réaction à l’article paru sur le blog de l’ADMD concernant le refus de la tenue de signatures de pétition sur le marché de Fleury les Aubrais.

    Monsieur le Maire,
    Je suis la maman d’Hervé Pierra qui est décédé en novembre 2006, suite à l’application de la loi Léonetti. Plongé dans un coma végétatif chronique irréversible pendant 8 ans et demi, depuis l’âge de 20 ans, après une tentative de suicide par pendaison, mon fils était coincé dans une non vie de souffrance.
    Très gravement cérébro-lésé, avec un électro-encéphalogramme presque plat (un cerveau « tout ratatiné » aux dires des médecins) et avec des résultats d’IRM sans appel, il respirait par une trachéotomie et était nourri par sonde gastrique. Sa seule manifestation de vie se traduisait par de très violentes expectorations qui l’arcboutaient, il s’étouffait dans ses propres sécrétions qui entrainaient des régurgitations quotidiennes. Son corps n’était jamais déplacé, il ne tenait pas sa tête et son squelette en position fœtale, avec des attitudes viciées de ses membres, basculait contre les ridelles de son lit. Il développait escarres et plaie atone très grave. Les médecins qui avaient fait preuve d’obstination déraisonnable à son encontre ont été le chercher à la frontière de la mort à deux reprises, tout en nous demandant parallèlement de prendre nos dispositions pour le décès de notre fils.
    Au bout de 8 ans et demi, nous avons adressé notre requête d’application de la loi dite « Léonetti », ce fut un véritable parcours semé d’embûches et de souffrance. Sous la pression des plus hautes instances politiques et médicales (Monsieur le ministre Xavier Bertrand, Monsieur le député Jean Léonetti, le Professeur Régis Aubry…), le corps médical s’est exécuté au bout de 16 mois. Deux avis de comités d’éthique ont été sollicités concluant à la légitimité et à la recevabilité de notre requête après auscultation de notre enfant, entretien avec les médecins et nous-mêmes et l’étude de tous les dossiers médicaux. J’allais voir mon fils chaque jour, chaque jour je le massais, je le caressais, je parlais à son âme, je lui racontais la vie dehors. Je l’aimais et l’aime plus que tout au monde, il avait 29 ans à son « deuxième » décès.
    Il est décédé le 12 novembre 2006 sans aucune sédation (administration d’antidouleurs) car les médecins avaient peur d’être accusé d’euthanasie si notre enfant mourrait trop rapidement. Le corps de mon fils était comme « électrocuté » pendant six jours et six nuits, il était cyanosé, brulant, ses yeux s’enfonçaient dans leurs orbites. Nous vivions un véritable cauchemar, la situation était surréaliste.
    Nous avons été auditionnés par la commission d’enquête parlementaire présidée par M. Léonetti le 28 mai 2008, nous avons été reçus par le conseil de l’ordre des médecins, nous avons été médiatisés, tout cela pour l’ajout d’un troisième paragraphe dans l’article 37 du code de déontologie médicale, obligeant les médecins à sédater les patients dans des situations semblables. Sans précisions de délais entre l’enlèvement de la sonde gastrique, l’arrêt de tout traitement et la survenue de la mort, la loi, en l’état, conduit à des drames et à des agonies sans fin, les médecins ayant peur des poursuites judiciaires.
    Environ 2000 personnes, souvent des jeunes gens accidentés en moto, se retrouvent ainsi coincés, ni dans la vie, ni dans la mort, dans cet « entre-deux mondes » de souffrance. Quelles perspectives pour ces personnes condamnées à la prison de leur corps, sans espoir de retour à la vie.
    Tous les députés et les intervenants de la mission d’évaluation ont unanimement condamné l’attitude des médecins en charge de mon enfant. Hélas, l’histoire se répète, avec l’agonie en 2008 de M. Patrick Koffel (article dans le journal « Le Monde » du 14 mars 2009) après 4 ans et demi d’état végétatif. Il est mort en 11 jours abominables sous les yeux effarés de ses proches. D’autres témoignages de personnes qui veulent rester anonymes, nous parviennent, plus déchirants les uns que les autres. Ce temps qualifié du « temps du deuil » est intolérable aussi bien pour le patient qui devrait être au centre de toutes les préoccupations que pour les familles traumatisées.
    Je vous livre ci-dessous, quelques unes de mes réflexions et de mes réactions :
    - La loi Léonetti, loi du « laisser mourir », nous parait insatisfaisante pour les comas végétatifs chroniques irréversibles et pour les 10 % de malades en phase terminale de maladies incurables et dont les douleurs sont dites « réfractaires » et qui demandent et réitèrent leur désir de mort, de libération, cloués par la douleur.
    - Nous sommes bouleversés par les témoignages de médecins qui comme le professeur Desfossé et son équipe, dénonçaient cette loi, traumatisés par le décès au bout de 4 semaines d’une patiente en phase finale de cancer et dont la peau se décollait, sans alimentation et hydratation.
    - L’aide active à mourir et les soins palliatifs sont deux facettes d’une même réponse à l’ultime souffrance.
    - Pourquoi mourir est-il un droit à revendiquer, alors que la mort s’inscrit légitimement dans la vie ? Nous demandions pour notre fils le seul « droit de mourir tout court ».
    - Il n’est pas normal, juste et humain, que la médecine abandonne les patients en état végétatif chronique, lorsque les IRM attestent de lésions cérébrales irréversibles ne permettant plus la vie.
    - Doit-on considérer que la vie est uniquement vie biologique ?
    - Devons-nous restés figés dans l’immobilisme par peur des dérives, alors que la loi est transgressée tous les jours par des professionnels de santé qui font preuve d’humanisme et de raison ?
    - Que penser de cette position (induite par l’indétrônable prétendu fondement de toute société) qui consiste à dire que l’euthanasie a toujours existé dans le secret des hôpitaux alors, pourquoi légiférer ? Cela revient à conférer à la clandestinité une certaine légitimité. La clandestinité aurait force de loi !
    - En quoi l’inoxydable commandement « tu ne tueras point », devrait être un argument à considérer dans une société laïque ? D’autre part, ce qui est autorisé n’est pas forcément préconisé et chacun est libre de souffrir pour expier ses fautes dans le plus grand respect de sa religion.

    Ceci, Monsieur le Maire n’est que mon modeste témoignage, un cri de douleur et de révolte qui reste sans écho, perdu dans le néant de l’indifférence ou du « bien penser ». Mais il faut savoir que malheureusement, nos politiques, dénient le droit à 86 % des français ( qui se sont prononcés pour l’euthanasie) d’être entendus sur un sujet à propos duquel, chacun dispose pourtant d’une capacité de réflexion et souvent, hélas, d’expériences personnelles douloureuses.

    Je vous remercie, Monsieur, pour le temps d’écoute que vous avez eu la gentillesse de m’accorder au téléphone le 14 mai 2009.
    C’est avec respect, que j’attire votre attention, Monsieur le Maire, sur le refus opposé à nos amis de l’ADMD de tenir sur le marché de votre commune une action d’information et de pétition. Ces pratiques n’ont jamais entrainé par le passé, ni dans le présent, le moindre incident ; tout cela se déroule dans les meilleures conditions possibles. Les différents maires sont avisés par pure politesse, dans un louable esprit de courtoisie et de bienséance car, leur aval n’est en rien obligatoire aux yeux de la loi. Ces démarches s’inscrivent légitimement dans le cadre d’un débat citoyen démocratique, dans un esprit de liberté (liberté de s’exprimer, liberté d’informer, liberté de penser), qui constitue une facette des valeurs de notre magnifique devise républicaine qui doit trôner, à n’en pas douter, sur le fronton de votre mairie : « Liberté, Egalité, Fraternité ».

    Avec mes sincères salutations.

  • étonnée et outrée!!!
    merci à Mme Pierra de son intervention
    pour moi, nous avons fait les marchés de sète, béziers, mèze, pézenas, agde, montpellier, sans difficultés: il est vrai que nous n'avons demandé aucune autorisation à personne, mais les maires de ces ville, quoique non favorables au droit à l'euthanasie (je préfère cette formule, nous ne voulons pas des euthanasies n'importe comment, mais dans un cadre de loi...), ne s'y sont opposés ni cette année ni l'an dernier

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