Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Dépêche AFP : Romero-Boutin

1732680959.jpgAffaire Sébire : M. Romero dénonce des "propos scandaleux" de Mme Boutin
JUSTICE-EUTHANASIE-MÉDECINE-SANTÉ-GOUVERNEMENT - 14/03/2008 10h51 - AFP


DIJON, 14 mars 2008 (AFP) - Le président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) Jean-Luc Romero a dénoncé vendredi dans un communiqué les "propos scandaleux" de Christine Boutin et demandé que "le gouvernement se passe de ses services" en cas de remaniement ministériel.
Jeudi, la ministre du Logement Christine Boutin, interrogée sur RMC, a affirmé être "scandalisée qu'on puisse envisager de donner la mort à cette femme parce qu'elle souffre et qu'elle est difforme".
Selon M. Romero, "Christine Boutin a tenu hier (jeudi) et dans l'indifférence générale, des propos scandaleux sur Chantal Sébire (...) alors qu'elle ne connaît absolument pas (son) dossier médical".
Pour le président d'ADMD, "oser qualifier Chantal de personne +difforme+ est indigne de la part d'un ministre de la République, comme oser prétendre que l'esthétique de Chantal la pousse à demander la mort est aussi scandaleux que mensonger".
En conclusion, M. Romero "demande que le gouvernement se passe des services de celle qui montre aujourd'hui son vrai visage (...) et qui n'est en fait que la représentante d'une droite méprisante, insensible à la détresse des hommes et des femmes de ce pays et à leur douleur".
L'ADMD a pris en charge le dossier de Chantal Sébire, une mère de famille de 52 ans, originaire de Plombières-les-Dijon (Côte-d'Or), défigurée par une maladie incurable, et qui a demandé mercredi à la justice le droit d'être euthanasiée par un de ses médecins.
Ce dernier, Bernard Senet, médecin généraliste du Vaucluse et membre de l'ADMD, a déclaré vendredi qu'il acceptait d'aider Mme Sebire à mourir à condition que la justice le permette.
Le président du tribunal de Grande Instance de Dijon a mis son ordonnance en délibéré à lundi.

Commentaires

  • Comme pour Vanneste, les propos de Boutin me choquent mais ne m'étonnent pas. Boutin n'est elle pas la représentante oficielle du pape au gouvernement? Boutin n'est elle pas la représentante de l'imposition d'une morale catholique liberticide et meutrière?

    Le cas de Chantal Sébire à longment été évoqué au journal de RTL (Belgique) et les journalistes, en restant dans la neutralité, n'ont pu que constater le retard évident de la France et souligner le progrès social à ce niveau qui existe dans d'autres pays dont la Belgique.

    Votre pays m'apparait de moins en moins celui des droits de l'homme mais je respecte intensément vos combats pour la faire avancer.

    Quand je pense que Sarkosy parlait de fanatisme Laïque...

    Laïcité, Libre examen , libre pensée, libre de tout dogme, libre jugement: telles sont des valeurs à défendre quid de la morale catholique refusant la connaissance au profit de la manipulation des plus faibles.

    J'espère que Boutin se fera virer du gouvernement bien sûr mais quand on pense à l'aventure Vanneste..., il serait étonnant que l'UMP montre une lueur d'éthique maintenant.

  • Monsieur,
    je suis heureuse de votre réaction. J'ai été moi aussi particulièrement choquée par les propos de Madame Boutin.
    J'en ai fait une publication dans mon blog. Si elle est de nature à faire avancer le débat, je vous la transmets :

    Christine Boutin, un pas trop loin ...
    J'ai lu beaucoup de réflexions écrites sur le sujet, dans des journaux, sur des blogs, j'ai écouté des émissions de radio, je n'ai malheureusement pas pu échapper aux photos, et je le regrette un peu ... mais ces photos, ces vidéos, justement, ont eu le mérite de tout de suite m'alerter sur les propos de Christine Boutin, que j'ai saisis au passage sur RMC ... Parce que ces propos étaient intolérables, au regard de ce que les photos disaient de la souffrance de Chantal Sébire ...

    Ces photos je ne vous les montrerai pas. Si vous ne les avez pas vues, contentez-vous de ce que vous avez entendu de la maladie de cette femme. Si vous ne comprenez pas mon avis, allez les voir, peut-être alors comprendrez-vous pourquoi j'ai trouvé que Christine Boutin allait trop loin ...

    Qu'a-t-elle dit exactement ?


    Mais pourquoi ne peut-elle plus vivre ? Parce qu'elle dit qu'elle souffre mais il y a les médicaments qui peuvent empêcher cette souffrance, parce qu'elle est difforme mais la dignité d'une personne va au-delà de l'esthétique de cette personne.

    Elle n'est pas suffisamment entourée, je crois qu'il faut qu'il y ait des médecins qui soient autour d'elle, qui l'aident à ne pas souffrir car aujourd'hui je suis convaincue qu'il peut y avoir un accompagnement.

    Apparemment, vous la voyez dans le Parisien, assise, cette femme, mis à part son visage qui est bouleversant, elle semble en parfait état physique.


    Ces propos sont à mes yeux indignes, à plusieurs titres :

    - oser ramener, ne serait-ce qu'en partie, la souffrance de Chantal Sébire à un préjudice esthétique est d'une telle imbécillité que j'ai honte pour Madame Boutin des propos qu'elle a prononcés ... Je pense qu'elle n'a pas dû avoir le courage de visionner la vidéo de France 3 Bourgogne-Franche Comté, d'écouter parler Madame Sébire tout au long de ce reportage, de voir l'amour que lui prodiguaient encore tous ses enfants, la façon dont ils la prenaient dans leurs bras, le naturel avec lequel Madame Sébire se montrait ... Si elle avait réellement visionné cette vidéo, j'espère que jamais elle n'aurait osé prononcer ces mots, intolérables au regard du respect dû à la dignité de la personne humaine. Si les souffrances de Chantal Sébire pouvaient être soulagées dans des conditions permettant le maintien de la vie, nul doute que, quel que soit le "préjudice esthétique" qu'elle subissait, elle aurait préféré rester en vie auprès de ses enfants et petits-enfants ...
    - intolérable également de ramener cette souffrance à la simple responsabilité d'un corps médical pas assez à l'écoute, qui ne saurait pas mettre les moyens pour soulager des maux qui, du propre aveu des médecins, ne sont plus soulageables de façon à permettre à la vie de rester la vie, de conserver la conscience
    - enfin attentatoire à la dignité de Madame Sébire non pas seulement de sous-entendre, mais carrément de dire qu'elle a l'air "en parfait état physique", nonobstant son visage qualifié de "bouleversant" ... Madame Boutin a sans doute eu la grande chance de ne jamais rencontrer la maladie au cours de son existence, pour pouvoir penser que cette dernière se manifeste nécessairement de façon plus annihilante, physiquement parlant, que ce n'est le cas pour Madame Sébire ... Que penser alors d'une patiente atteinte d'un cancer du sein en phase terminale, bien caché sous ses vêtements ? ça ne se voit pas, elle a l'air en parfaite santé, sous-entendu elle est en bonne forme, elle ne souffre pas ... Pour Madame Boutin, certainement, la souffrance et l'approche de la mort commencent quand on est allongé dans un lit d'hôpital, quand on pèse 35 kilos et qu'on ne peut plus se mouvoir ... Je ne peux pas comprendre les tréfonds de l'inhumanité dans lesquels Madame Boutin est allée chercher ses arguments ...
    Je n'ose même pas les ramener à sa vision du monde, de sa religion, parce que je deviendrais certainement politiquement incorrecte ...

    Alors bien sûr, cela ne tranche pas le problème de l'euthanasie, je n'en ai même rien dit, parce que tel n'était pas mon propos.

    Il me semble toutefois que la loi Léonetti ne va pas assez loin, et surtout qu'elle est l'aboutissement de l'hypocrisie de notre société judéo-chrétienne, qui place la vie dans le sacré, ce qui est très bien, mais qui est toutefois prête à détourner suffisamment les yeux de ce principe pour accepter "le non-geste", celui qui consiste simplement à laisser faire la nature en ne l'aidant pas au moyen de la science, ni pour maintenir en vie, ni pour ôter cette vie ...

    L'autorisation du "non-acharnement thérapeutique" consiste simplement à cesser les soins et à laisser mourir les gens "à petit feu", c'est réellement le cas : comme une bougie qui peu à peu s'affaiblit et s'éteint parce qu'il n'y a plus de cire, et plus d'oxygène ... Pourquoi Madame Imbert a-t-elle manifesté sa désapprobation de cette loi Léonetti ? ... parce que selon cette loi, on aurait pu autoriser Vincent à mourir ... de faim, de soif, d'absence totale de soins ... puisque son organisme lui permettait de se maintenir en vie tant que son coeur tiendrait, et son coeur n'avait pas de maladie, lui ... Quelle mère pourrait accepter que l'on retire la vie à un être souffrant, de cette manière-là, avec un tel manque de respect pour sa personne ...
    La loi autorise aussi à ôter la conscience du malade au moyen de médications qui, par leurs principes actifs, abrègent ipso facto la vie ...

    "Oter la conscience" ne serait pas équivalent à "ôter la vie" ... Pourtant toute la question se trouve là, dans cette nuance : c'est bien l'état de conscience qui détermine jusqu'à un certain degré le fait que l'on considère quelqu'un comme vivant, puisqu'on est bien autorisé à "débrancher" des patients en état de mort cérébrale, alors même que les fonctions vitales de leur organisme permettraient le maintien de la vie ...

    Ce que demande Chantal Sébire, c'est justement que cesse cette hypocrisie et que l'on reconnaisse seulement que lorsque la maladie ne peut plus médicalement être vaincue, lorsqu'aucune médication ne permet d'être soulagé de sa souffrance sans perdre son état de conscience, alors la vie doit pouvoir être interrompue; interrompue non pas en laissant mourir le feu de la bougie, mais en coupant net l'interrupteur. C'est tout.

    Et je ne vois personnellement pas en quoi ce point de vue serait, lui, attentatoire à la dignité de la personne humaine.

    Après, la question du combat de l'ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) aux côtés de Chantal Sébire, c'est une autre histoire. Je n'ai pas de sympathie particulière pour cette association, mais pour son récent Président, Jean-Luc Romero, si, par contre. Je pense qu'il peut sortir cette association d'une certaine radicalité. J'ai eu à souffrir énormément dans ma famille d'un mouvement très en vogue dans les années 80, qui soutenait notamment un ouvrage appelé "Suicide mode d'emploi" pour ne pas être favorable à ce type de combat, poussé à l'extême.
    Mais il ne faut pas tout mélanger. Il ne s'agit pas là du suicide en général, mais bien du simple respect dû à la souffrance et au caractère inéluctable de la maladie qui touche une personne.

    On reproche à Chantal Sébire et à ceux qui la soutiennent de demander une fois de plus qu'on légifère à partir d'un cas particulier ... Mais pourquoi le lui reprocher puisque c'est ce que ce gouvernement fait depuis qu'il est là ...

    Et en l'occurence, c'est ce type de cas qui permet l'électrochoc qui sera de nature à faire évoluer la loi; sinon, le sujet est si insoutenable et intolérable aux yeux des vivants bien portants que l'on préfère toujours fermer les yeux et passer à autre chose ...

Les commentaires sont fermés.