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Préface de Noëlle Châtelet aux Voleurs de liberté (2) parus aux Editions L’Esprit frappeur

Noëlle Châtelet m’a fait l’honneur de préfacer mon dernier ouvrage « Les Voleurs de liberté (2) vers un avenir libéré de la souffrance » paru le mois dernier aux Editions L’Esprit Frappeur. Vous retrouvez ci-dessous le magnifique texte de Noëlle.

Je me souviens d’un certain 30 janvier 2010. Nous fêtions alors les 30 ans de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité dans les salons de la mairie de Paris, qui n’avaient pu accueillir, faute de places, les quelques mille cinq cents personnes qui voulaient se joindre à nous pour cette rencontre, éminemment symbolique.
Si la ferveur et l’esprit militant étaient au rendez-vous, nous avons tous senti, ce jour-là, combien le mot « fête » convenait mal pour témoigner d’un combat qui, après trente années d’efforts, reste encore à gagner. Il me semble que c’est dans cet esprit de fidélité à une cause, mais aussi de lassitude, légitime, qu’il faut lire cet ouvrage.
Porté par la volonté de revenir sur l’exigence morale et citoyenne qu’implique un tel combat, Jean-Luc Romero ne se cache pas d’une certaine impatience pour ne pas dire colère. Elles émaillent, ici et là, son propos.
Le titre même : « Les voleurs de liberté » est significatif de cette juste exaspération. Il est volontiers polémique puisqu’il désigne par cette image forte d’un « vol », d’une dépossession, tout ce qui contrarie ce droit inaliénable : la liberté de choisir sa mort.
On l’a bien compris, ce texte n’est pas seulement un état des lieux concernant les lois en vigueur concernant la fin de vie, mais un plaidoyer vibrant et infiniment personnel de son auteur.
C’est ce qui en fait la force et l’intérêt, au-delà de l’information, elle aussi toujours et plus que jamais nécessaire.
Jean-Luc Romero, d’emblée, s’implique subjectivement. Il fait référence à son propre combat par rapport au sida, pour vaincre la maladie, et aux souvenirs meurtris de souffrances et de morts révoltantes autour de lui.
Cette subjectivité n’a rien d’un dérapage narcissique, elle nourrit au contraire sa connaissance d’homme qui sait, par expérience, ce que la mort veut dire et combien elle mérite notre prévenance. Je crois sincère et surtout efficiente cette référence aux épreuves personnelles sur la question de la fin de vie, tout particulièrement.

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Préface de Noëlle Châtelet aux Voleurs de liberté (2) parus aux Editions L’esprit frappeur

Noëlle Châtelet m’a fait l’honneur de préfacer mon dernier ouvrage « Les Voleurs de liberté (2) vers un avenir libéré de la souffrance » paru le mois dernier aux Editions L’Esprit Frappeur.
Vous retrouvez ci-dessous le magnifique texte de Noëlle.

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Je me souviens d’un certain 30 janvier 2010. Nous fêtions alors les 30 ans de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité dans les salons de la mairie de Paris, qui n’avaient pu accueillir, faute de places, les quelques mille cinq cents personnes qui voulaient se joindre à nous pour cette rencontre, éminemment symbolique.
Si la ferveur et l’esprit militant étaient au rendez-vous, nous avons tous senti, ce jour-là, combien le mot « fête » convenait mal pour témoigner d’un combat qui, après trente années d’efforts, reste encore à gagner. Il me semble que c’est dans cet esprit de fidélité à une cause, mais aussi de lassitude, légitime, qu’il faut lire cet ouvrage.
Porté par la volonté de revenir sur l’exigence morale et citoyenne qu’implique un tel combat, Jean-Luc Romero ne se cache pas d’une certaine impatience pour ne pas dire colère. Elles émaillent, ici et là, son propos.
Le titre même : « Les voleurs de liberté » est significatif de cette juste exaspération. Il est volontiers polémique puisqu’il désigne par cette image forte d’un « vol », d’une dépossession, tout ce qui contrarie ce droit inaliénable : la liberté de choisir sa mort.
On l’a bien compris, ce texte n’est pas seulement un état des lieux concernant les lois en vigueur concernant la fin de vie, mais un plaidoyer vibrant et infiniment personnel de son auteur.
C’est ce qui en fait la force et l’intérêt, au-delà de l’information, elle aussi toujours et plus que jamais nécessaire.
Jean-Luc Romero, d’emblée, s’implique subjectivement. Il fait référence à son propre combat par rapport au sida, pour vaincre la maladie, et aux souvenirs meurtris de souffrances et de morts révoltantes autour de lui.
Cette subjectivité n’a rien d’un dérapage narcissique, elle nourrit au contraire sa connaissance d’homme qui sait, par expérience, ce que la mort veut dire et combien elle mérite notre prévenance. Je crois sincère et surtout efficiente cette référence aux épreuves personnelles sur la question de la fin de vie, tout particulièrement.
J’en ai moi-même mesuré la vérité et la richesse. Elle est inséparable, cette richesse, de l’apprentissage.
Sans la mort choisie de ma propre mère, je n’aurais peut être pas fait le travail de réflexion exigeant, difficile, mais essentiel qui m’amène à ces quelques mots d’aujourd’hui. Je l’ai souvent dit et redit : il faut l’avoir côtoyée de très près, la mort, avoir dialogué avec elle, les yeux dans les yeux, l’avoir éprouvée, dans son âme et dans son corps, intellectuellement et affectivement, pour comprendre qu’elle n’est pas forcément notre ennemie, qu’elle a à nous apprendre, aussi, pour peu que nous la respections…
Respecter la mort, n’est-ce pas respecter la vie ?
Il m’apparait de plus en plus évident que le refus d’avancer sur la voie d’une mort choisie, dignement pensée est souvent liée au déni ou à la peur qu’elle suscite et qu’on entretient autour de nous.
Réfléchir avec humanité sur la mort implique de l’approcher, sans préjugés, sans tabous... En conscience.
Dans cette approche, l’exemple est un guide.
Jean-Luc Romero rappelle, avec émotion et gratitude, l’exemple de quelques figures emblématiques dont le courage nous a aidés à mieux comprendre ce que signifie le vouloir mourir.
Il a raison de les saluer.
Mais au-delà de ces modèles, il nous convie à faire nous-mêmes notre chemin en regardant simplement autour de nous comment meurent nos concitoyens dans notre pays, aujourd’hui.
Le constat est attristant.
On meurt mal dans notre pays. Jean-Luc Romero dresse la liste exhaustive de tous les manquements qui l’expliquent, chiffres à l’appui.
Mais l’essentiel de son inquiétude concerne l’inféodation de la mort au pouvoir médical. Jean-Luc Romero, comme beaucoup d’entre nous, s’interroge sur ce constat.
« Avant d’être une question médicale, la question de notre mort est une question humaine et citoyenne… »
Pourquoi, donc confier cette question d’éthique aux seuls médecins ? proteste-t-il.
Pas pour autant de charge sur les soins palliatifs, au contraire - Jean-Luc Romero déplore leur insuffisance notoire - mais plutôt une autre manière possible d’envisager l’accompagnement, avec pour exigence première, le respect de la volonté de chacun, au nom des valeurs républicaines qui sont les nôtres. Une décision d’adulte. Une décision de vivant. Une manière de considérer ce choix comme un dernier acte de vie, qui sait, peut être le plus important…
Année après année, le décalage s’accentue entre l‘hypocrisie des lois, leurs limites surtout, et la volonté des gens.
En France, il est devenu criant : « Les actuels représentants politiques privilégient les convictions à la volonté du peuple »…
Et si ce peuple reprenait la parole sur ce doit-là, cette « ultime liberté », comme il l’a fait, pour l’I.V.G. et la peine de mort ? Autrefois ?
Impatience, colère, lassitude, mais aussi de l’espoir dans ce livre, qui ne se contente pas d’asséner, mais laisse la place à l’humanité, au respect de l’autre : « Je n’ai pas de certitude » écrit Jean-Luc Romero, que le pamphlet satisfait moins qu’une vraie réflexion sur le sens de l’existence et sur « l’intimité outragée », quand la vie n’est plus qu’une survie.
Un livre à méditer si l’on veut redonner sa beauté aux gestes de la fin de vie et si, comme Sénèque, on croit que penser la mort, c’est penser la liberté. »
Noëlle Châtelet
Le 25 février 2012

Commentaires

  • J'ai repris sur mon blog l'éditorial de Jacqueline Herremans pour les 30 ans de l'ADMD en Belgique http://rannemarie.wordpress.com/2012/04/16/1982-2012-ladmd-a-30-ans/
    et j'ai profité de cet anniversaire pour envoyer une lettre à l'association les remerciant d'avoir permis à l'homme que j'aime de choisir de mourir debout, à l'heure de son choix,dignement, en toute lucidité.
    Dans son pays d'origine, la France, cette ultime liberté lui aurait été refusée, c'est une véritable HONTE.
    Je vous souhaite beaucoup de courage dans votre bon combat.
    Ici, il ne faut pas baisser la garde car les esprits réactionnaires attaquent sans répit et encore plus depuis le soutien dê l'archevêque Léonard.

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