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Mon discours à la réunion publique ADMD de Paris

Madame la Ministre,

Messieurs les Sénateurs,

Très chers amis de l’ADMD,

 

 

C’est toujours une très grande satisfaction pour le président de l’ADMD que je suis de constater combien, sur cette question, les Français se mobilisent très nombreux.

 

Et c’est toujours une très grande frustration pour le président de l’ADMD que je suis de constater combien certains médias ignorent notre nombre, notre force et notre détermination. Et surtout combien nos gouvernants nous ignorent également, eux qui ne gèrent les affaires publiques qu’en fonction des remous de l’opinion – et non pas de l’état de l’opinion qui nous est très largement acquise. Et depuis de très nombreuses années.

 

C’est, de manière très inhabituelle, par un reproche amical que je nous adresse, que je commencerai mon intervention. Vous étiez près de 1 500 personnes à vous être déplacés en janvier dernier, à l’hôtel de ville de Paris. Vous êtes, cette après-midi, près de 500 personnes. C’est très confortable pour chacun d’entre nous de nous retrouver assis, abrités des intempéries, loin de nos opposants. Entre nous. Mais imaginez que pour la prochaine Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité, nous soyons, sur le parvis des Droits de l’Homme du Trocadéro, seulement la moitié des adhérents d’Île-de-France. Nous serions alors plus de 6 000. Et si nous étions la moitié des adhérents de Paris intra-muros, nous serions encore 2 500. Croyez-vous alors que les médias et le gouvernement pourraient encore nous ignorer ? Bien sûr, je sais que certains d’entre vous ont de grandes difficultés à rester longtemps debout. Je les comprends parfaitement. Mais les autres ?

Madame la Ministre,

Messieurs les Sénateurs,

Très chers amis de l’ADMD,

 

C’est toujours une très grande satisfaction pour le président de l’ADMD que je suis de constater combien, sur cette question, les Français se mobilisent très nombreux.

 

Et c’est toujours une très grande frustration pour le président de l’ADMD que je suis de constater combien certains médias ignorent notre nombre, notre force et notre détermination. Et surtout combien nos gouvernants nous ignorent également, eux qui ne gèrent les affaires publiques qu’en fonction des remous de l’opinion – et non pas de l’état de l’opinion qui nous est très largement acquise. Et depuis de très nombreuses années.

Logo ADMD 30 ans.JPG

 

C’est, de manière très inhabituelle, par un reproche amical que je nous adresse, que je commencerai mon intervention. Vous étiez près de 1 500 personnes à vous être déplacés en janvier dernier, à l’hôtel de ville de Paris. Vous êtes, cette après-midi, près de 500 personnes. C’est très confortable pour chacun d’entre nous de nous retrouver assis, abrités des intempéries, loin de nos opposants. Entre nous. Mais imaginez que pour la prochaine Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité, nous soyons, sur le parvis des Droits de l’Homme du Trocadéro, seulement la moitié des adhérents d’Île-de-France. Nous serions alors plus de 6 000. Et si nous étions la moitié des adhérents de Paris intra-muros, nous serions encore 2 500. Croyez-vous alors que les médias et le gouvernement pourraient encore nous ignorer ? Bien sûr, je sais que certains d’entre vous ont de grandes difficultés à rester longtemps debout. Je les comprends parfaitement. Mais les autres ?

 

Souvent, dans les nombreuses réunions publiques que j’anime à travers la France - au moins une par semaine -, on me parle de la médiatisation d’un cas qu’il faudrait faire. Bien sûr, c’est une très bonne solution pour produire un électrochoc. Je la recherche activement. A la condition que les pouvoirs publics ne bottent pas en touche comme ils l’ont habilement fait à l’occasion du drame de Vincent Humbert ou encore de celui de Chantal Sébire. Alors qu’il y avait pourtant là matière à faire évoluer la loi dans notre sens. J’observe néanmoins que, lorsque nous avons connaissance, à ADMD-Ecoute ou par l’intermédiaire des 130 délégations réparties à travers la France, de cas difficiles, les intéressés n’évoquent plus la médiatisation. Soit qu’ils ne le veulent pas pour eux-mêmes, soit qu’ils pensent que leurs proches ne le supporteraient pas. Je respecte entièrement cette décision, qui relève de l’intime. Je la comprends également, moi-même ne sachant pas comment je réagirai lorsque le moment sera venu. Mais vous comprenez aussi que cela ne facilite pas notre tâche.

 

Comme je viens de vous le dire, nous pourrions soutenir une personne qui aurait la volonté de faire de sa situation de fin de vie un acte militant. Une fois que nous aurons obtenu la garantie que sa démarche est bien volontaire – souvenez-vous des scandaleuses accusations de manipulation qui ont été portées contre l’ADMD par une certaine presse lors de l’affaire Sébire – nous devrons faire montre de la plus grande rigueur. Car l’enjeu alors sera si fort qu’il impliquera notre association toute entière. Avec le risque de tout perdre, nos fichiers, nos ressources financières, notre respectabilité. Croyez-moi, le jour où un tel cas sera porté à ma connaissance, je travaillerai avec deux idées bien claire à l’esprit : faire avancer notre revendication et protéger nos acquis. Chacun des responsables de notre association aura alors une partition claire à jouer, dans le respect des règles communes qui nous régissent, et il ne sera pas question qu’un apprenti sorcier, pour se faire mousser ou en tirer un quelconque avantage matériel, mette en péril notre organisation. Soyez assuré que le président que je suis prendra alors toutes ses responsabilités : l’efficacité, dans cette matière humaine difficile, n’exclura ni la rigueur, ni le professionnalisme.

 

Pour faire parler de nous, il faut également être dehors. Dehors, lors des semaines de mobilisation, partout en France, sur les marchés, devant les centres commerciaux, dans les forums des associations, aux Solidays, dans les Universités... Dehors pour lâcher des colombes, planter des arbres, être visibles. Dehors, lors de la 3e Journée mondiale, le 2 novembre prochain, sur le parvis des Droits de l’Homme de Paris comme à Mulhouse où nous aurons une rencontre franco-germano-suisse.

 

Nous sommes encore trop timorés. Notre association milite pour la liberté, pour le choix, pour la lumière. Nous ne devons pas en avoir honte et nous réunir uniquement entre nous. Nous devons expliquer aux Françaises et aux Français qui restent encore à convaincre, soit seulement 13,7% des 65 millions de Français, que nous travaillons pour que, le moment venu, ils aient tous les choix possibles pour maitriser en conscience leur parcours de fin de vie.

 

C’est dans ce cadre, que nous devons travailler avec les parlementaires français. Car c’est d’eux, quoi qu’on en pense, et d’eux seulement que viendra la solution. Parce que notre République est parlementaire, tout simplement. Et parce que la mise en œuvre d’un référendum, que nous souhaitons évidemment tous, nécessiterait près de 5 millions de signatures, ce qui s’avère impossible à obtenir pour qui que ce soit. Nous devons donc convaincre les parlementaires de porter au Parlement notre combat. C’est ainsi, après le procès de Bobigny et la révolte des fameuses « salopes » que l’avortement fut légalisé dans notre pays. Et que la peine de mort fut abolie. C’est ainsi que nous traduirons dans les textes notre légitime revendication d’une loi républicaine, d’une loi pour tous.

 

En novembre dernier, pour la première fois dans l’histoire de France, la question de l’euthanasie fut débattue en séance publique à l’Assemblée nationale. Et je dois dire que nous sommes quelques uns ici à ne pas avoir ménagé notre peine pour arriver à ce débat et à ce vote qui, même s’il ne nous fut pas favorable, permet de compter, de peser et, lors des prochaines élections législatives, de nous déterminer au moment de voter en fonction de ce sujet qui nous tient à cœur car il est la conclusion de ce livre que nous écrivons tout au long de notre vie et que l’on ne peut pas rater. Le droit à l’erreur n’est pas permis et rien ni personne ne pourra effacer les tragédies absurdes et les souffrances inutiles qui surviennent à ce moment-là.

 

Pour mémoire, je rappelle le petit déjeuner avec Laurent Fabius et Manuel Valls en décembre 2008 puis le rendez-vous avec Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls en mai 2009. Une proposition de loi a ensuite été déposée en octobre 2009 puis un rapport a été rédigé en novembre 2009.

 

A présent, ce sont les sénateurs qui ont décidé de prendre à bras le corps ce sujet de société dont plusieurs démocraties européennes se sont déjà emparé. Certains d’entre eux sont devant vous, aujourd’hui. Ils s’exprimeront dans quelques instants. Écoutez-les attentivement. Leurs paroles vont être fondatrices des actions à mener ces tout prochains mois.

 

Vous constaterez qu’ils viennent de tous les groupes politiques. Et qu’ils représentent toutes les générations. A travers ceux qui sont présents, devant vous, il y a ceux qui travaillent avec eux pour qu’enfin soit respectée notre Ultime Liberté.

 

En votre nom, je leur demande d’entendre les 48 000 adhérents actifs de l’ADMD et les 105 000 adhérents qui se sont succédés depuis la création de notre association, en 1980. Il y a déjà trente ans.

 

En votre nom, je leur demande d’entendre les 86,3% de Françaises et de Français qui expriment clairement le droit à bénéficier d’une euthanasie lorsqu’ils jugeront que la vie n’est plus pour eux que de la survie.

 

En votre nom, je leur demande de rédiger une proposition de loi qui permette à chacun d’entre nous de choisir entre une aide active à mourir, les soins palliatifs et la maladie jusqu’à son terme ; chaque choix étant respectable du moment qu’il n’est pas imposé. Alors qu’aujourd’hui, avec un discours purement idéologique et totalement éloigné des réalités que chacun d’entre nous, ici, connait et vit, la politique menée n’a qu’un dogme : l’acharnement palliatif. Et pourtant, elle ne donne pas les moyens d’un accès universel et consenti aux soins palliatifs. Les pouvoirs publics n’offrent réellement que le choix entre la souffrance et des gestes illégaux, clandestins et à l’issue très incertaine souvent très éloignée de la dignité que nous revendiquons.

 

J’ai confiance dans les sénateurs de notre pays. Ils appartiennent à la Chambre Haute, celle des sages. Je les sais plus libres du pouvoir exécutif, plus novateurs qu’on ne le dit.

 

Avant de conclure, je vous dirai combien je suis fier d’être le président de cette association qui porte un puissant message de liberté. Je sais que ce combat contre les Voleurs de Liberté – de notre liberté – que je ne cesse de dénoncer ne pourra être remporté que si chacune, si chacun d’entre nous participe à l’effort, milite, s’agite, secoue, hurle sa colère.

 

J’ai confiance en chacun d’entre vous. J’ai confiance en nous et en la force de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, pour que bientôt notre pays ait enfin une loi de liberté.

 

Pour vous. Pour moi. Pour nous.

Jean-Luc Romero

 

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