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100.000 cartes pour notre dernière Liberté

Hier, dans un hôtel, près de la Gare de l’Est, en présence de plus de 600 personnes et de personnalités comme Noël Mamère, Henriette Martinez, Paul Wermus, Louis Bériot, Jean-François de Closets, Noëlle Châtelet, j’ai lancé l’opération « 100.000 cartes pour notre dernière liberté. »29bb7dc0a43169f948efeec874491ace.jpg
Il s’agit en effet d’adresser une carte pré-imprimée par l’ADMD pour demander aux députés et sénateurs  d’initier ce grand débat sur la fin de vie réclamé par plus de 80% des Français de manière constante depuis 20 ans et d’autoriser l’aide active à mourir, c’est à dire la légalisation de l’euthanasie.f9df55ceea43a2b9708d29f47c7ae907.jpg
Dans les jours qui viennent je vous donnerai des précisions sur cette opération de mobilisation. En attendant, je vous joins le discours que j’ai prononcé hier soir.

100.000 cartes pour notre dernière Liberté [suite]

Intervention de Jean-Luc Romero,
Président de l’ADMD,
Directeur au Board de la World Federation of right to die societies [WFRtDS]

Paris – mercredi 23 janvier 2008

S’exiler pour mourir ?
Obtenons, en France, la dernière de nos libertés !

100.000 cartes pour notre dernière Liberté

 

 

Avant de débuter mon intervention, je souhaite dire un mot de Madeleine. Vous savez, celle qu’attend Jacques Brel dans sa chanson, celle à qui il apporte des lilas. Il y a quelques jours, parce qu’elle souhaitait cesser de ne plus vivre, parce que sa sclérose en plaque ne lui laissait plus aucun répit, elle a choisi de mettre un terme à ses jours avec l’aide de l’ADMD espagnole.

Mes chers amis,ba9963debcc2aea68ef6b7f76b9bed7b.jpg

Je vous dois d’abord des excuses.
Pour des raisons que je ne m’explique toujours pas, probablement une insuffisance de moyens, les invitations envoyées début janvier pour notre réunion de ce soir ne sont arrivées que ces derniers jours ou ne sont même jamais arrivées… C’est dire le mérite que vous avez d’être ici ce soir. Et surtout cela démontre votre motivation pour défendre votre dernière liberté – vous qui, comme moi, ne voulez pas quitter votre terre , vous qui refusez d’être obligés de vous exiler pour mourir. Ou qui , au moins , voulez avoir le choix de le faire ou non.
« J’ai toujours été une nomade. ». C’est ainsi que débute le courageux et lumineux témoignage de Maïa Simon qui est à l’origine de cette grande réunion. Nous voulions à la fois honorer sa volonté d’avoir fait de son combat individuel pour une fin de vie digne, un combat collectif. D’avoir voulu témoigner publiquement de sa volonté de refuser l’acharnement thérapeutique et de contrôler ses derniers instants.
Certes, comme nous l’a raconté avec tant d’émotion et d’affection son amie Many Barthod, que je remercie encore pour cet hommage, Maïa était heureuse de faire cet ultime voyage avec les gens qu’elle aimait. Mais, contrairement à beaucoup d’entre nous, elle en avait encore les ultimes forces mais aussi les moyens. Car aujourd’hui, quand vous êtes atteint d’une maladie incurable ou que votre état de dépendance est incompatible avec ce que vous estimez être votre dignité, la seule possibilité qui vous est offerte c’est de vous Exiler en Suisse. Fuir tel un criminel pour trouver la paix. Inacceptable dans le pays qui fut celui des lumières…
Vous avez entendu nos amis députés, Henriette Martinez que je remercie encore d’avoir quitté, en pleine campagne électorale, ses Hautes-Alpes et qui se bat avec courage à l’Assemblée contre bien des élus opposés à notre cause, et Noël Mamère, tout aussi engagé dans l’action politique et soutien de poids de cette cause que nous sommes ici, ce soir, nombreux à réclamer, ces grands journalistes et écrivains François de Closets et Louis Bériot qui nous accompagnent avec fidélité dans notre combat pour cette dernière liberté. Et bien sûr Paul Pierra et son épouse qui, avec tant de dignité, nous ont montré les difficultés à faire appliquer la loi Léonetti et le drame du laisser mourir. Et enfin – et je le proclame avec affection pour le benjamin de notre soirée et notre courageux jeune ami – je dis mon admiration à Damien non seulement pour se battre comme il le fait contre la maladie qui ne lui laisse aucun répit mais également pour l’énergie qu’il trouve encore pour faire vivre cette commission jeunes que nous avons mise en place récemment.0029cb0c6fc042517d4a7f56adcef18c.jpg
J’en profite aussi pour dire toute ma reconnaissance à Paul Wermus d’avoir accepté d’être notre modérateur et de montrer ainsi qu’il est loin d’être insensible à notre combat. Si vous le voulez bien, je vous demande de les remercier comme ils le méritent tous, en les applaudissant chaleureusement. Ils sont nos guides.
A l’ADMD, comme Martin Gray, nous pensons qu’ « il faut que l’homme apprenne à voir la mort comme un moment de la vie. »
Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas redire - avec moins de talent que nos illustres invités ! - pourquoi notre combat est juste mais revenir sur la situation de notre association l’ADMD, comment nous comptons faire avancer nos idées à la veille de nouvelles élections et de notre congrès mondial et en quoi la proposition de loi de l’ADMD est une demande républicaine et la simple mise en oeuvre de notre devise républicaine.

I.                  Où en sommes-nous à l’ADMD ?

1)      L’ADMD, une association rare dans le PAF

L’ADMD qui a été créée en 1980 par le professeur Landa – je salue au passage son fils, notre ami Pascal Landa, administrateur de notre association - n’a jamais été dans une situation aussi favorable. Pas une journée qui ne voit débouler à notre siège parisien des dizaines d’adhésions.
Notre association, qui va fêter cette année son 28ème anniversaire, n’a jamais eu autant d’adhérents : plus de 43.600 à jour de cotisation début 2008 – dont 11.000 en Ile-de-France - répartis dans 105 délégations départementales. Près de 95.000 personnes qui ont adhéré depuis 1980.
Rare, exceptionnel même, dans le paysage associatif français.
Mais nos gouvernants n’en ont pas toujours conscience.
Nous sommes aussi partie intégrante d’une fédération européenne la « Right to die Europe » - j’en profite pour saluer affectueusement Elke Baezner présidente de la fédération européenne des ADMD et qui nous fait l’honneur d’être présente ce soir -, d’une fédération mondiale (World Federation of right to die societies – WFRtDS) qui fédère 35 associations dans 25 pays soit 1 million  d’adhérents et dont je suis l’un des 10 dirigeants mondiaux.
Je répète : 1 million d’adhérents !

2)      Un contexte très mobilisateur.

Beaucoup d’affaires ont aussi fait avancer notre cause et l’ADMD y a joué son rôle pour montrer l’absurdité de la législation française : la bouleversante affaire Janssen d’Angers (2006),  l’affaire de Périgueux, et bien sûr le jeune Vincent Humbert (2002) qui, grâce au magnifique combat de sa maman Marie, a rappelé aux Français que la mort n’est pas seulement une affaire de seniors, mais celle de toutes et tous, quel que soit notre âge… Car la mort ne s’annonce pas toujours. Elle frappe souvent aveuglément quand on ne s’y attend pas.
La médiatisation exceptionnelle de l’affaire Humbert et de ses rebondissements judiciaires a obligé les responsables politiques à se pencher sur la fin de vie comme nous l’a rappelé Henriette avec notamment la loi du 22 avril 2005 : cette loi qui instaure le laisser mourir sans faire mourir. Si l’on peut se réjouir de cette avancée, on ne peut évidement se contenter qu’on nous ait accordé le droit de mourir de faim et de soif !
Certes avec cette loi, beaucoup de responsables politiques nous ont asséné que la demande d’euthanasie devenait exceptionnelle sans compter disent-ils le développement des soins palliatifs.
L’ADMD est bien sûr favorable au développement des SP, mais sortons du discours convenu : un rapport de la Cour des Comptes de septembre 2005, rendu curieusement public qu’en mai 2006 (!) démontre le recul incontestable de l’offre de soins palliatifs en France.
Le système idyllique présenté par les responsables politiques et bien des mandarins n’est en fait qu’une propagande éhontée.

II.               Alors, comment l’ADMD peut-elle faire avancer notre combat de liberté à la veille des échéances électorales ?

1)      Ne pas relâcher la pression sur le fond !

D’abord, rappeler, sans relâche, les sondages.
Depuis 20 ans, toutes les études d’opinion sans exception révèlent qu’une majorité de 80 à 90% des Français est favorable à la légalisation de l’euthanasie.
Ensuite, présenter à tous les élus notre proposition de loi pour légaliser l’aide active à mourir : montrer que notre texte est une garantie pour tous d’être respectés, qu’il évite l’arbitraire actuel où on euthanasie des gens qui n’ont rien demandé. Nous respectons les gens qui veulent mourir le plus tard possible pour des raisons éthiques ou religieuses. Qu’ils respectent aussi notre conviction car dans une république laïque chacun doit être entendu.

2)      Mettre en œuvre un lobbying républicain incessant auprès des pouvoirs publics et des candidats

Les élections présidentielles et législatives de 2007 ont été une tribune pour notre combat. Les candidats ont dû se prononcer après la publication d’un livre blanc. Nous allons, dans les semaines qui viennent, re-contacter les parlementaires qui nous ont répondu favorablement et leur demander de mettre en œuvre la promesse qu’ils nous ont faite. Ne nous a-t-on pas dit que la politique avait changé et que les élus respectaient leurs engagements de campagne ?
Et pour nous aider à les convaincre de notre représentativité, nous lançons dès aujourd’hui une grande campagne de mobilisation des parlementaires - députés et sénateurs – intitulée « 100.000 cartes pour notre dernière liberté ». Dans le prochain journal de l’ADMD qui sort dans quelques jours, des cartes à destination des députés et sénateurs vont être intégrées, c'est-à-dire que nos 43.600 adhérents vont pouvoir écrire à nos élus pour leur demander enfin ce débat sur l’euthanasie auxquels les Français aspirent depuis si longtemps.
Quatre cartes seront intégrées dans le journal et c’est là où le rôle de chaque militant de l’ADMD est essentiel… Où votre rôle est essentiel !
Si chacun d’entre vous signe et envoie cette carte à ses parlementaires et qu’en même temps vous faîtes signer des voisins convaincus de la justesse de notre cause, imaginez l’étonnement de certains de ces parlementaires qui croient que notre combat n’intéresse pas les électeurs ! Chaque parlementaire pourrait recevoir des dizaines de cartes d’électeurs de sa circonscription. Ce qui lui montrera que les sondages ne sont pas vains puisque ses administrés sont mobilisés. Tout dépend de vous. Tout dépend de nous. Et comptez sur les dirigeants de l’ADMD pour nous mobiliser dans les semaines qui viennent autour de cette opération « 100.000 cartes pour notre dernière liberté ».
Enfin , fin octobre nous réunirons, à Paris, le Congrès mondial des ADMD et ce sera l’occasion de lancer la journée mondiale pour le Droit de mourir dans la dignité. Une opportunité unique de montrer qu’à travers le monde nous sommes majoritaires à défendre ce droit.

III.           2008 : Vers la reconnaissance de notre dernière liberté !

Nous sommes, n’ayons pas peur de mots, pour la légalisation de l’euthanasie, car nous sommes de vrais Républicains attachés à notre devise républicaine.
Celle qui est frappée au fronton des mairies : « Liberté, Egalité, Fraternité. »

-         La Liberté pour tous, pour celles et ceux qui veulent mourir le plus tard possible , mais aussi pour nous qui au regard des progrès considérables des plateaux techniques ne voulons pas d’acharnement thérapeutique. N’oublions pas que 75% des Français meurent à l’hôpital aujourd’hui alors qu’ils étaient 75% à mourir chez eux il y a 50 ans. Nous sommes nous, contrairement à nos adversaires, pour plus de liberté. Pour la liberté pour eux, mais aussi et enfin pour nous !!!

-         L’Egalité. Selon que l’on est médecin ou bien entouré, on peut accéder à la douce mort. C’est contraire au principe d’égalité. De plus la décision de non lieu pour Marie Humbert et le docteur Chaussoy a montré encore que l’égalité n’est pas la même selon que l’on vous craint à cause da la médiatisation. M. Janssen à Angers ou Mmes Chantal Chanel et Laurence Tramois à Bergerac sont envoyés en Cour d’assises pour des faits similaires. Et on ne peut pas accepter que des gens qui ne souhaitent pas être euthanasiés le soient et que ceux qui veulent partir ne soient pas respectés dans leur choix conscient et réitéré.

-         La Fraternité et la solidarité enfin, car on doit entendre la demande de soulagement de celles et ceux qui n’en peuvent plus de vivre dans un corps devenu parfois un vrai cercueil… et dont les souffrances physiques et psychiques sont insupportables.

En conclusion, et soyons en fiers, mes chers amis, c’est parce que nous sommes de vrais Républicains que nous exigeons qu’on respecte notre dernière liberté.
Et qu’on nous laisse « mourir debout et les yeux ouverts » comme le suggérait avec émotion Marguerite Yourcenar.
Alors plus que jamais, parlons, expliquons notre demande. Soyons fiers de défendre un bien unique en démocratie : la LIBERTE.
Notre DERNIERE LIBERTE !
Je vous remercie.

 

Commentaires

  • J'y étais.... quelle réussite ... J'ai même dû rester debout en raison du monde. Bravo !
    * Beaucoup de théâtre aimerais avoir autant de monde :)

  • Félicitation M.ROMERO pour votre combat et surtout la réussite de ce meeting parisien
    eb

  • Bravo, Jean-Luc ; je ne pouvais pas y être, mais nous nous voyons à Paris demain et après-demain !
    Bonne journée
    Je t'embrasse
    Micheline CLAES
    déléguée adjointe ADMD Hérault

  • Félicitations mon cher Jean-Luc pour votre intervention et la réussite de ce meeting. J'espère que les politiques vont comprendre que ce n'est pas à eux de décider de notre fin de vie, mais à chacun de le faire.
    N'oubliez pas de vous reposer.
    Je vous embrasse
    Danièle

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