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Mon discours à Hyderabad sur le sida

Mesdames, Messieurs,
Metropolis est un organisme qui peut modifier durablement les choses au niveau mondial. Metropolis peut impulser. Metropolis peut faire bouger les lignes et peut impacter de manière extrêmement forte et efficace la vie, la qualité de vie et le futur de centaines de millions de personnes. C’est pour cela que je suis ravi d’être ici, parmi vous, afin d’intervenir sur cette thématique : « Role of civil society in mobilizing action for healthy people in cities ».
Sujet évidemment large que je ne pourrai pas traiter dans sa globalité. C’est pour cela que j’ai choisi de me concentrer uniquement, non pas sur la santé globale, mais sur une seule pathologie : le sida. Pourquoi ce choix ? Pour deux raisons, la première est liée à mon parcours personnel, mon parcours de vie ; la seconde est liée à la gravité de l’épidémie du sida et au rôle que peuvent tenir les villes dans la réponse à cette épidémie
Laissez-moi me présenter en quelques mots, je pense que vous comprendrez mieux mon intention : je suis une personne séropositive, c’est-à-dire une personne qui vit, depuis 28 ans, avec une épée de Damoclès au quotidien. Je suis une personne séropositive qui a révélé publiquement sa séropositivité et croyez bien que en tant qu’élu local, j’ai eu à subir bon nombre d’obstacles, même si j’ai toujours pu bénéficier du précieux soutien de Jean-Paul Huchon, président de Metropolis et président de la région Île-de-France.
J’ai décidé de faire de mon combat individuel un combat collectif en créant en 1995 l’association « Elus Locaux Contre le Sida », dont le but est de mobiliser les élus locaux, notamment les élus des villes dans ce combat pour la vie, dans ce combat pour l’égalité, dans ce combat pour la dignité. Aujourd’hui, plus de 16.000 élus français ont rejoint le combat que je porte avec Elus Locaux Contre le Sida depuis presque 20 ans. 20 ans aux côtés des élus, en les conseillant, les aiguillant, les bousculant, leur proposant des solutions, des projets, tout ça pour la mise en place d’une politique globale de lutte contre le sida, ambitieuse, ambitieuse à tous les niveaux, national comme local. Membre du Conseil national du sida, je suis également président du Centre régional d’information et de prévention du sida en Île-de-France. Cette association, organisme associé de la région Île-de-France, a pour but de soutenir les professionnels travaillant sur le sida, les discriminations, les addictions mais aussi et surtout d’informer les jeunes sur le sida : ce sont plus de 150.000 jeunes qui sont associés, chaque année, à nos actions en Île-de-France. Ce dispositif, unique en France, est le fruit de la volonté du président Jean-Paul Huchon, et pourrait d’ailleurs très utilement être étendu sur l’ensemble du territoire français.
Seconde raison qui me pousse à ne parler que du VIH : 39. Le nombre 39. 39, c’est le nombre de millions de morts dus au sida, depuis le début de l’épidémie. Un chiffre incroyable. Imaginez, cela reviendrait à rayer de la carte l’ensemble des habitants de Bombay, New Delhi et Hyderabad ! Le sida c’est 2,1 millions de nouvelles contaminations dans le monde et 1,5 millions de décès chaque année. Alors que plus de la moitié de la population mondiale vit dans une zone urbanisée, le sida touche de plein fouet les villes. Je vous donne quelques chiffres afin que nous puissions tous nous rendre compte de l’urgence à agir. 60% des 35 millions de personnes séropositives vivent dans les villes. A peu près la moitié des personnes vivant avec le VIH dans le monde se trouvent dans 220 villes dont, bien évidemment, les villes représentés à Metropolis. Imaginez qu’en Afrique sub-saharienne, 15 millions de personnes séropositives vivent dans seulement 20 villes ! En Asie, le quart des personnes séropositives se retrouvent dans 30 villes. Je pense que ces quelques données ne peuvent que nous convaincre de l’urgence à agir pour les villes dans la réponse au VIH.
J’ai été un peu long sur cette présentation mais je souhaitais vraiment que vous compreniez au mieux pourquoi, concernant cette intervention sur « Role of civil society in mobilizing action for healthy people in cities », j’allais parler uniquement du sida.

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Mesdames, Messieurs,

 

Metropolis est un organisme qui peut modifier durablement les choses au niveau mondial. Metropolis peut impulser. Metropolis peut faire bouger les lignes et peut impacter de manière extrêmement forte et efficace la vie, la qualité de vie et le futur de centaines de millions de personnes. C’est pour cela que je suis ravi d’être ici, parmi vous, afin d’intervenir sur cette thématique : « Role of civil society in mobilizing action for healthy people in cities».

 

Sujet évidemment large que je ne pourrai pas traiter dans sa globalité. C’est pour cela que j’ai choisi de me concentrer uniquement, non pas sur la santé globale, mais sur une seule pathologie : le sida. Pourquoi ce choix ? Pour deux raisons, la première est liée à mon parcours personnel, mon parcours de vie ; la seconde est liée à la gravité de l’épidémie du sida et au rôle que peuvent tenir les villes dans la réponse à cette épidémie.

 

Laissez-moi me présenter en quelques mots, je pense que vous comprendrez mieux mon intention : je suis une personne séropositive, c’est-à-dire une personne qui vit, depuis 28 ans, avec une épée de Damoclès au quotidien. Je suis une personne séropositive qui a révélé publiquement sa séropositivité et croyez bien que en tant qu’élu local, j’ai eu à subir bon nombre d’obstacles, même si j’ai toujours pu bénéficier du précieux soutien de Jean-Paul Huchon, président de Metropolis et président de la région Île-de-France.

 

J’ai décidé de faire de mon combat individuel un combat collectif en créant en 1995 l’association « Elus Locaux Contre le Sida », dont le but est de mobiliser les élus locaux, notamment les élus des villes dans ce combat pour la vie, dans ce combat pour l’égalité, dans ce combat pour la dignité. Aujourd’hui, plus de 16.000 élus français ont rejoint le combat que je porte avec Elus Locaux Contre le Sida depuis presque 20 ans. 20 ans aux côtés des élus, en les conseillant, les aiguillant, les bousculant, leur proposant des solutions, des projets, tout ça pour la mise en place d’une politique globale de lutte contre le sida, ambitieuse, ambitieuse à tous les niveaux, national comme local. Membre du Conseil national du sida, je suis également président du Centre régional d’information et de prévention du sida en Île-de-France. Cette association, organisme associé de la région Île-de-France, a pour but de soutenir les professionnels travaillant sur le sida, les discriminations, les addictions mais aussi et surtout d’informer les jeunes sur le sida : ce sont plus de 150.000 jeunes qui sont associés, chaque année, à nos actions en Île-de-France. Ce dispositif, unique en France, est le fruit de la volonté du président Jean-Paul Huchon, et pourrait d’ailleurs très utilement être étendu sur l’ensemble du territoire français.

 

Seconde raison qui me pousse à ne parler que du VIH : 39. Le nombre 39. 39, c’est le nombre de millions de morts dus au sida, depuis le début de l’épidémie. Un chiffre incroyable. Imaginez, cela reviendrait à rayer de la carte l’ensemble des habitants de Bombay, New Delhi et Hyderabad ! Le sida c’est 2,1 millions de nouvelles contaminations dans le monde et 1,5 millions de décès chaque année. Alors que plus de la moitié de la population mondiale vit dans une zone urbanisée, le sida touche de plein fouet les villes. Je vous donne quelques chiffres afin que nous puissions tous nous rendre compte de l’urgence à agir. 60% des 35 millions de personnes séropositives vivent dans les villes. A peu près la moitié des personnes vivant avec le VIH dans le monde se trouvent dans 220 villes dont, bien évidemment, les villes représentés à Metropolis. Imaginez qu’en Afrique sub-saharienne, 15 millions de personnes séropositives vivent dans seulement 20 villes ! En Asie, le quart des personnes séropositives se retrouvent dans 30 villes. Je pense que ces quelques données ne peuvent que nous convaincre de l’urgence à agir pour les villes dans la réponse au VIH.

 

J’ai été un peu long sur cette présentation mais je souhaitais vraiment que vous compreniez au mieux pourquoi, concernant cette intervention sur « Role of civil society in mobilizing action for healthy people in cities », j’allais parler uniquement du sida.

 

Alors sur ce rôle de la société civile : je vais être honnête avec vous, selon moi, le rôle de la société civile ne peut s’entendre sans le rôle des élus, le tout ayant un impact sur le politique au sens global du terme. La société civile doit aider les élus, les aiguiller sur les bons choix, vers une politique qui vise la fin du sida et le soutien aux personnes touchées.

 

Pour cela, concrètement, il faut se caler sur la politique de l’Onusida, et sur sa règle « 90 – 90 – 90 » que Michel Sibidé, directeur général d’ONUSIDA, déclamait avec beaucoup d’emphase à la conférence internationale de lutte contre le sida, à Melbourne, en juillet dernier. Concrètement, cette règle se décline en trois objectifs :

-          Augmentation à 90% de la proportion de personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur diagnostic,

-          Augmentation à 90% de la proportion de personnes vivant avec le VIH recevant un traitement antirétroviral,

-          Augmentation à 90% de la proportion de personnes sous traitement du VIH qui ont une charge virale indétectable.

Le but de cette nouvelle stratégie : la fin du sida en 2030. Objectif ambitieux mais envisageable, à une condition : un engagement massif de la part des Etats, un engagement à la hauteur des défis et du but atteignable. Cet engagement, il doit se faire en terme de prévention – et donc d’information – et de prise en charge thérapeutique. Cela requiert des moyens financiers qui se chiffrent à quelques milliards. A 22 milliards, très exactement. Cela semble beaucoup, mais à bien y regarder, cela n’est rien par rapport à ce qui a pu être dépensé, au plus fort de la récente crise économique mondiale ;, pour soutenir les banques ou les constructeurs automobiles. Et c’est si peu par rapport à l’industrie de l’armement. I have a dream… Celui que des dépenses pour la mort deviennent des dépenses pour la vie. 22 milliards pour éradiquer une maladie de la surface du globe. Est-ce si fréquent qu’une telle perspective en matière de santé publique soit à portée de main ? Et pourtant, que de retards accumulés du fait de l’inaction des pays...

 

Dans cette stratégie 90-90-90, les villes et la société civile ont indéniablement une responsabilité toute particulière du fait de leurs capacités d’action et de leur proximité avec les populations. Comme j’ai l’habitude de le dire, l’inaction tue. Alors que peuvent faire politiques et société civile ?

Tout d’abord faire alliance : ces deux mondes doivent se retrouver, se comprendre, pas forcément s’apprécier ni se sauter dans les bras mais travailler ensemble. La société civile n’est souvent pas tendre avec le politique mais c’est tant mieux. C’est dans le débat qu’on construit l’avenir, c’est la base même du concept de démocratie. Sans débat, pas de progrès !

Travailler ensemble mais vers quoi ? Vers le même but ! Au regard de la diversité des métropoles, des contextes, des épidémiologies, évidemment il n’y a pas de recette miracle mais quelques grands axes peuvent être mis en exergue dans la lutte contre le VIH :

-          Une politique qui met les moyens suffisants pour aider les acteurs de cette lutte et qui permet un réel déploiement des dispositifs de prévention et de dépistage du VIH, pierre angulaire d’une réponse efficace au VIH/sida. De manière très concrète, il peut être décidé la mise à disposition des préservatifs masculins et féminins dans tous les lieux publics de la ville ainsi que l’organisation d’opérations de dépistage rapide. Globalement, la mise en place d’un ruban rouge sur l’hôtel de ville le 1er décembre aurait également un impact très symbolique et très fort.

-          Une politique qui permet le respect et la promotion des droits des personnes vulnérables : jeunes filles, prisonniers, LGBT, personnes usagères de drogues ; concrètement, les villes peuvent mettre en place des campagnes de communication locales de lutte contre la stigmatisation ou organiser des séances d’information, des conférences sur la thématique. De même, elles peuvent aussi former leur personnel, notamment le personnel accueillant, à la thématique du VIH.

-          Une politique qui soutient les personnes touchées par le VIH, que ce soit dans l’accès aux droits et au logement. Ainsi, les villes peuvent par exemple prioriser l’accès aux logements sociaux pour les personnes séropositives, ça serait très important. Beaucoup de personnes séropositives sont touchées de plein fouet par la précarité et je vous le demande : comment gérer et la maladie et la précarité en même temps ?

-          Une politique qui mobilise les moyens pas seulement suffisants mais ambitieux dans la réponse au VIH/sida. Les villes doivent oeuvrer avec la société civile, être à leurs côtés, pas seulement en tant que soutien financier ou logistique via la mise à disposition de locaux mais également et surtout en tant que soutien sur les projets ! Oui, le sida se soigne et se combat aussi par la politique !

Je ne détaille pas trop ce que cela pourrait être, je pourrais y passer des heures mais si nous travaillons en réseau comme c’est le cas ici, nous ne pouvons que nous nourrir des projets des autres pour renforcer notre réponse.

 

Je vais vous dire, Metropolis doit avoir un rôle sur ce thème. Metropolis doit s’engager sur les droits humains. Alors que je vous parle, se tient l’assemblée générale de Metropolis. Une assemblée générale où sera voté un vœu, déjà voté en conseil d’administration en 2013 à Johannesburg, sur un thème qui m’est cher et pour lequel je me bats depuis longtemps : la liberté de circulation et d’établissement des personnes touchées par le VIH/sida. Vous le savez sans doute, dans plus de 40 pays à travers le monde, des restrictions sont imposées aux droits des personnes séropositives : dans 40 pays, quand vous êtes séropositif, vous n’avez pas le droit d’entrer sur le territoire national ou pas le droit de vous y installer tout simplement pour une seule raison : la séropositivité.

 

Au-delà d’être une atteinte flagrante aux droits de l’homme, notamment pour ce qui est des Pactes de 1966, c’est un non-sens total en matière de santé publique : en laissant penser que les séropositifs sont des bombes virales et des contaminateurs en puissance, en laissant penser que la solution au VIH serait la fermeture des frontières, en laissant penser que le VIH/sida est une maladie venue de l’étranger, ces 40 pays ont mis en place une politique discriminatoire qui sape tous les efforts faits en matière de prévention, d’information grand public et de promotion du dépistage. En fait, ces pays ne promeuvent qu’une chose : la sérophobie, le rejet de la personne malade. En somme, tout le contraire d’une lutte contre le sida efficace. Je vais vous dire mon sentiment profond : ces restrictions sont le symbole d’une société malade qui a peur et, dans tous les domaines, la peur est bien la pire des conseillères.

 

Cette déclaration, si elle est bien actée par le Congrès mondial, peut faire être un levier important pour faire plier les états. Sous la pression internationale notamment de la société civile et d’Elus Locaux Contre le Sida, les Etats-Unis ont modifié leur législation, la Chine a fait de même. Deux super-puissances mondiales. Les autres suivront, j’en suis sûr. Unis, nous y arriverons !

 

Laissez-moi finir, non pas sur une conclusion affirmative, mais sur une conclusion en forme de question : pourquoi aujourd’hui, 30 ans après le début de l’épidémie, a-t-on encore peur des personnes séropositives alors que la réaction normale serait au minimum le soutien ? Pourquoi des obstacles persistent-ils encore contre la mise en place d’une politique de prévention efficace ? Pourquoi laisse-t-on encore mourir 1,5 millions de personnes par an alors qu’on pourrait les sauver ? Alors pourquoi ?

 

Je vous remercie.

 

 

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