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Twitter : un Far West sans shérif ? (Tribune pour le Huffington Post)

Dénigrements, insultes, appels aux meurtres, à la pendaison, à la lapidation … voilà le type de messages que, comme tant d’autres militants, je reçois, tous les jours, sur Twitter. Bien évidemment, il ne s’agit pas de la majorité des tweets - loin de là ! -, mais je pense que, tout comme moi, vous seriez plus qu’exaspérés d’une telle situation, d’où ma saisine du procureur de la République. Je compte bien que cette plainte aboutisse d’une part, pour empêcher que les réseaux sociaux ne deviennent une zone de non droit et, d’autre part, pour faire reconnaître mes droits élémentaires de ne pas être diffamé et menacé. Mais pas seulement pour moi.
Car, si moi, en tant que militant, cela fait bien longtemps que j’ai à subir ce genre de bêtise et de haine, il n’en reste pas moins que ce phénomène d’homophobie sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter s’est considérablement accentué depuis le mariage pour tous.
Clairement, certains élus ou personnalités ont, par leur paroles souvent à la limite - limite bien souvent dépassée -, ouvert les vannes à un déversement homophobe totalement décomplexé. Ils ont donné un blanc seing à tous les professionnels de la haine et portent sur leurs larges épaules de pseudo défenseurs de notre civilisation (sic) une vraie responsabilité dans la situation actuelle. J’en vois assez peu, aujourd’hui, faire amende honorable … même si je suis toujours mi-amusé, mi-consterné quand je vois les mêmes n’hésitant pas à me féliciter très chaleureusement et, dixit, « très sincèrement » pour mon mariage. Sans commentaires…
Il faut bien savoir que l’homophobie peut avoir des conséquences dramatiques. Juste un chiffre, un seul, un qui peut permettre de poser le débat dans toute sa gravité : une jeune homosexuel a treize fois plus de risques de faire une tentative de suicide qu’un jeune hétérosexuel. Globalement, comment se construire quand son identité est réduite à des insultes? Imaginez les conséquences …
Alors que la société Twitter a déjà été au centre des critiques pour la prolifération de propos racistes et antisémites, que des tables rondes ont déjà été organisées notamment avec la ministre Najat Vallaud-Belkacem, on ne peut pas dire que Twitter fasse, à ce jour, preuve de la plus grande fermeté à l’égard de ces professionnels de la haine. Loin de là ! Clairement, la société ne doit et ne peut se retrancher derrière des arguments techniques ou de principe comme la défense de la liberté d’expression.
Les arguments techniques sont fallacieux, il s’agit simplement de mettre en place une modération respectueuse des valeurs de notre République et plus largement des pactes onusiens de 1966.
Quant à la liberté d’expression, elle doit être totalement préservée car il s’agit aussi bien du socle que du ciment de notre démocratie. De cette liberté, j’en use pour  toutes les causes que je défends, mais j’estime en user sans chercher à blesser, à nuire ou même à enfreindre les lois de notre pays. Et je ne crois pas que quiconque puisse défendre que l’appel au meurtre, l’homophobie ou encore le racisme, l’antisémitisme fassent partie de la liberté d’expression !
Twitter, outil magnifique de communication et de rapprochement des hommes, a une responsabilité dont il ne peut plus s’exonérer notamment au moment de son entrée en bourse. Car Twitter, ça ne peut pas être le Far West. Et puis, même si ça l’était, qui peut imaginer un Far West sans shérif ?
Lire aussi sur le Huffington Post (ici).

 

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