Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Euthanasie : mobiliser à l’approche des échéances électorales !

medium_ADMD.6.jpgmedium_Saint_Malo_jlr_Claire_Bazin.JPGDéplacement fructueux à Saint Malo, tant pour le VIH/sida que pour l’euthanasie.
J’ai eu une discussion intéressante en fin d’après-midi avec le député-maire UMP de la ville, René Couanau, qui souhaite mobiliser les élus de son agglomération dans ce combat pour la vie. La journaliste de Ouest France s’est aussi montrée très intéressée par la mobilisation d’ELCS et a repris fidèlement mes propos dans l’édition de son journal parue samedi.
Le soir, en arrivant dans la salle perdue au milieu d’un labyrinthe de rues, j’ai cru que nous ne serions que quelques uns à la réunion que Claire Bazin, déléguée de l’ADMD, avait voulu organiser avec la Ligue des Droits de l’Homme. Et bien, je me trompais : l’immense salle était pleine.
Durant près de deux heures et demie, après une intervention dont je vous reproduis ci-dessous le plan, j’ai répondu avec Claire aux nombreuses questions du public. Jacky le Mann, vice-président PS du Conseil général assistait aussi à ce débat.
En conclusion, j’ai invité les partisans d’une légalisation de l’euthanasie à redoubler d’efforts dans les semaines à venir et d’assister à toutes les réunions publiques pour interroger tous les candidats aux législatives sur leur intention quant à notre combat pour une douce mort.
En attendant n’oubliez pas mon débat à Paris avec Corinne Lepage lundi, puis jeudi la réunion d’
Aujourd’hui, Autrement à Lille.
Bon dimanche !



 

medium_Saint_Malo_vuejlr.JPGmedium_ADMD.7.jpgEuthanasie : mobiliser à l’approche des échéances électorales ! [suite]

Plan de l’intervention de

Jean-Luc Romero,

Vice-président de l’ADMD,

Directeur au Board de la World Federation of right to die societies [WFRtDS]

Saint-Malo – 6 octobre 2006

“Euthanasie, une liberté à conquérir à la veille d’échéances électorales capitales!”

Chers amis,

Quelques remerciements d’abord aux organisateurs qui, malgré la difficulté de trouver cette salle, vous ont particulièrement mobilisé car vous êtes très très nombreux ce soir.
Merci donc à Claire Bazin, notre très dynamique déléguée, à Alain et aux responsables de la Ligue des Droits de l’Homme – Janine et Patrick – qui ont aidé à l’organisation de cette réunion publique.
A l’ADMD, comme Martin Gray - Le livre de la vie -, nous pensons qu’ « il faut que l’homme apprenne à voir mort comme un moment de la vie. »
Avant que nous échangions, je vais vous dire quelques mots sur la situation dans laquelle nous sommes, comment faire avancer nos idées à la veille des présidentielles et des législatives et en quoi notre revendication est une demande républicaine et la simple application de notre devise.

I.                    Où en sommes-nous ?

1)     L’ADMD, une association rare dans le PAF

L’ADMD qui a été créée en 1980 n’a jamais été dans une situation aussi favorable. Pas une journée qui ne voit débouler à notre siège parisien des dizaines d’adhésions. Notre association, qui a fêté cette année son 25ème anniversaire, n’a jamais eu autant d’adhérents : plus de 44.000 à jour de cotisation à l’automne 2006 - 11.000 en Ile-de-France - répartis dans 103 délégations départementales.
Rare, exceptionnel même dans le paysage associatif français.
Nous sommes partie intégrante d’une fédération mondiale (World Federation of right to die societies – WFRtDS) qui fédère 35 associations dans 25 pays soit 1 million  d’adhérents et dont je suis depuis septembre dernier l’un des 8 dirigeants mondiaux.
Je répète : 1 million d’adhérents !

2)     Un contexte très mobilisateur.

Quatre affaires ont fait avancer notre cause : celle du couple Quilliot (1998), la digne fin de notre fidèle militante Mireille Jospin (2002, la récente et bouleversante affaire Janssen d’Angers (2006).
Et bien sûr le détonateur : l’affaire du jeune Vincent Humbert (2002) qui a rappelé aux Français que la mort n’est pas seulement une affaire de seniors, mais celle de toute et tous, quelque soit notre age… Car la mort ne s’annonce pas toujours. Elle frappe souvent aveuglément quand on ne s’y attend pas. (Développer l’affaire Humbert, le courage et la croisade de Marie)

3)     la timidité des réactions politiques

 

  • 1991 : le Parlement européen a proposé d’autoriser l’euthanasie,

     

  • 1992 : euthanasie passive au Danemark,

     

  • 1999 : appel des 132 dans France Soir,

     

  • 2000 : comité consultatif national d’éthique (exception d’euthanasie)

     

  • 2002 : société de réanimation (le refus des soins doit être respecté)

     

  • 2002 : table ronde organisée par Bernard Kouchner

    La médiatisation exceptionnelle de l’affaire Humbert et de ses rebondissements judiciaires a obligé les responsables politiques à se pencher sur la fin de vie.

-          Création en 2003 de la mission parlementaire présidée par Jean Léonetti (à développer)

-          Loi du 22 avril 2005 : laisser mourir sans faire mourir. Légère avancée notamment avec la reconnaissance des directives anticipées (Décret du 6 février 2006). Mais cela reste toujours à l’appréciation de l’équipe médicale et il n’y a pas de fichier national des directives anticipées. (développer, la fin de vie reste une affaire médicale alors que c’est notre ultime liberté).

4)     L’échec actuel des soins palliatifs en France

Les responsables politiques nous ont asséné que la demande d’euthanasie devenait exceptionnelle grâce au développement des soins palliatifs.
L’ADMD est favorable au développement des SP, mais parfois ils demeurent totalement insuffisants pour certaines d’entre nous.
Pire, un rapport de la Cour des Comptes de septembre 2005, rendu curieusement public qu’en mai 2006 ( !) démontre le recul incontestable de l’offre de soins palliatifs en France.
Alors qu’il faudrait 3000 places en Unités de soins palliatifs [USP], nous sommes passés de 834 à 783 lits dans les 78 USP de 2002 à 2004. Pire, 6 régions ne disposent d’aucune unité…
Alors que 150.000 personnes ont besoin tous les ans de SP, seuls 50.000 y ont réellement accès dont un peu plus de 10.000 dans les USP.
Le système idyllique présenté par les responsables politiques et bien des mandarins n’est en fait qu’une propagande éhontée.

II.                  Comment faire avancée notre combat de liberté à la veille des échéances électorales ?

1)     Ne pas relâcher la pression sur le fond !

-          D’abord, rappeler, sans relâche, les sondages et notamment celui récemment réalisé à la demande de l’ADMD. Depuis 20 ans, toutes les études d’opinion sans exception révèlent qu’une majorité de 80 à 90% des français est favorable à la légalisation de l’euthanasie.

-          Ensuite, présenter notre proposition de loi (montrer que notre texte est une garantie pour tous d’être respecté, qu’il évite l’arbitraire actuel – développer les exemples hollandais (loi du 10 avril 2001) et belge (loi du 16 mai 2002).

Hollande

 

1997 : euthanasie tolérée par circulaire gouvernementale [1ère loi en 1992]

 

10 avril 2001 : 1ère loi au monde dépénalisant l’euthanasie

 

Applicable aux majeurs, aux 16-17 ans et aux 12-15 ans avec l’accord des deux parents

 

6 critères cumulatifs transmis au médecin légiste de la commune examiné par la Commission régionale de contrôle et peine [5 commissions] de 12 ans de prison et une forte amende en cas de viol :

 

1 : demande délibérée et réfléchie du patient

 

2 : souffrances insupportables et sans amélioration possible

 

3 : information claire au patient notamment sur l’évolution envisageable

 

4 : le médecin doit être parvenu avec le patient à la conviction qu’il n’y a aucune autre solution

 

5 : consulter au moins un autre médecin indépendant qui reconnaît que les conditions sont établies

 

6 : il doit avoir pratiqué l’interruption de vie ou aidé au suicide assisté avec toute la rigueur médicale requise

 

1998 : 2590 euthanasies en Hollande

 

1999 : 2216 euthanasies en Hollande

 

2000 : 2123 euthanasies en Hollande

 

2001 : 2054 euthanasies en Hollande

 

2002 : 1882 euthanasies en Hollande

 

2003 : 1815 euthanasies en Hollande [8 cas transmis au Parquet]

 

2004 : 1886

 

2005 : 1933 [3 au Parquet – 143 assistance et non euthanasie active]

 

 

Belgique

 

16 mai 2002 : loi autorisant l’euthanasie sous conditions

 

1ère année : deux cents euthanasies déclarées

 

Depuis : une euthanasie déclarée/jour

 

 

 

2)     Mettre en œuvre un lobbying républicain auprès des pouvoirs publics et des candidats

Les élections présidentielles et législatives de 2007 doivent être une tribune pour notre combat. Les candidats ne pourront plus éviter de se prononcer.
Après avoir publié cet hiver un livre blanc, nous inviterons les principaux candidats à venir s’exprimer au cours d’une convention de l’ADMD à paris et nous publierons largement leurs réponses…
Nous solliciterons tous les partis républicains grâce à un questionnaire.
Enfin, chaque militant – je rappelle que nous sommes 44.000 – sera sollicité pour écrire aux candidats de sa circonscription et leur dire à quel point la légalisation de l’euthanasie est pour nous une Urgence aujourd’hui… (Développer).

III.                2007 : Vers la reconnaissance de notre dernière liberté !

Nous sommes pour la légalisation de l’euthanasie car nous sommes de vrais Républicains attachés à notre devise républicaine. Celle qui est au fronton des mairies : « liberté, égalité, fraternité. »

-          La Liberté pour tous, pour celles et ceux qui veulent mourir le plus tard possible, mais aussi pour nous qui au regard des progrès considérables des plateaux techniques ne voulons pas d’acharnement thérapeutique. N’oublions pas que 75% des Français meurent à l’hôpital aujourd’hui alors qu’ils étaient 75% à mourir chez eux il y a 50 ans. Nous sommes nous, contrairement à nos adversaires, pour plus de liberté. Pour la liberté pour eux, mais aussi et enfin pour nous !!!

-          L’Egalité. Selon que l’on est médecin ou bien entouré, on peut accéder à la douce mort. C’est contraire au principe d’égalité. De plus la décision récente de non lieu pour Marie Humbert et le docteur Chaussoy montre que l’égalité n’est pas le même selon que l’on vous craint à cause da la médiatisation. M. Janssen à Angers ou Chantal Chanois à Bergerac sont envoyés en Cour d’assise pour des faits similaires (développer ces affaires). Et on ne peut pas accepter que des gens qui ne souhaitent pas être euthanasiés le soient et que ceux qui veulent partir ne soient pas respectés dans leur choix conscient et réitéré.

-          La Fraternité et la solidarité enfin, car on doit entendre la demande de soulagement de celles et ceux qui n’en peuvent plus de vivre dans un corps devenu parfois un vrai cercueil…

En conclusion c’est parce que nous sommes de vrais Républicains que nous exigeons qu’on respecte notre dernière liberté.
Et qu’on nous laisse « mourir débout et les yeux ouverts » comme le suggérait avec émotion Marguerite Yourcenar.
« La mort n’est rien ;
Je suis seulement passé dans la pièce d’à côté. […]
Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin… »
[Henry Scott Holland traduit par Péguy]
Je vous remercie.

 

 

Commentaires

  • Cher Jean-Luc,

    Je vais adhérer à l'ADMD au 1er Janvier 2007.
    Je me sens concerné...
    Heureux d'apprendre que la salle était pleine.
    Un jour ou l'autre, nous gagnerons cette bataille, à savoir légaliser l'euthanie.

    Bises et bon dimanche à toi,
    Christophe

  • Encore une fois cher Jean- luc notre devise républicaine n'est pas respectée. Pour celles et ceux qui avaient des doutes, la salle pleine montre bien qu'il faut légiférer, ce qui aurait dû être fait depuis longtemps.
    Je vous embrasse.

Les commentaires sont fermés.