Hôtel de ville de Québec
Ce matin, j’ai répondu à une interview pour l’émission nationale de Radio Canada Indicatif présent. Mes interlocuteurs locaux - notamment les responsables du festival Altern’Art qui m’ont invité à Québec - sont très impressionnés que je sois invité à cette tranche horaire – je l’avais déjà été lors de mon précédent passage au Québec en 2003. Cela m’a fait très plaisir de bavarder durant plus de 20 minutes du sida, d’ELCS, de la grande cause nationale, de ma candidature à la mairie de Paris, de mon parti et bien sûr de ma séropositivité sur cette radio. C’est incroyable comme à l’étranger les journalistes sont très admiratifs de ma révélation. Ils me font presque passer pour un héros alors qu’en France on me méprise bien souvent.
En début d’après-midi, nous sommes reçus à la mairie de Québec. J’arrive avec Philippe. Le conseiller culturel du consulat français est déjà là, tout comme deux responsables du festival Altern’Art de Québec. A 14 heures pile, le maire Jean-Paul L’Allier entre dans la salle de réception où nous avons été placés.
De taille moyenne, il a la bonne soixantaine, une belle crinière blanche et l’embonpoint qui sied à un édile de cet âge. Il nous accueille très chaleureusement et m’invite, avant de lancer la discussion, à me rendre sur un bureau où m’attend le livre d’or de la ville. J’ai déjà eu cet honneur, il y a deux ans, dans la ville concurrente : Montréal. C’est un honneur qui me touche et sous les flashes du photographe de la mairie, je dédicace le livre d’or de Québec. Je me sens un peu démuni : je n’ai jamais réfléchi à un texte que je pourrai apposer dans ce type d’occasion. Cela m’est encore arrivé, il y a quelques jours, au Sofitel de Montréal, quand au moment de partir le directeur m’a demandé de signer leur livre d’or. Je me promets de réfléchir pour l’avenir à un texte qui sorte un peu de l’ordinaire… Le maire propose de faire une photo du petit groupe que nous constituons puis nous rejoignons un salon qui se trouve au milieu de cette immense salle d’apparat.
Nous procédons à un échange de cadeau. Je lui offre mon dernier livre Je n’ai jamais connu Amsterdam au printemps lui indiquant que j’y parle notamment de Juppé qu’il a reçu il y a une semaine, me confirme t-il. « C’est un ami », ajoute L’Allier, qui me rappelle que Bordeaux est jumelée avec Québec. Il me précise aussi que Juppé vient souvent au Québec en ce moment car il prépare son arrivée définitive pour septembre où il va enseigner à l’université de Montréal et qu’il a déjà trouvé sa maison. En retour, il m’offre un magnifique livre sur Québec en hiver, « une saison que vous ne connaissez pas », me précise la maire. Je n’ose lui dire que cela ne me manque pas. Nous sommes en mai et il fait un froid de canard sans compter la pluie qui rend nos déplacements à pieds pénibles.
Il dit quelques mots d’accueil chaleureux et précise : « vous êtes quelqu’un de rare. Pour un homme politique, choisir la lutte contre le sida, c’est courageux. Il y a bien des combats plus faciles. Vous faîtes notre admiration. »
Je lui fais part alors du bilan de mon déplacement et insiste sur ce que je considère comme un échec de leur politique : la contamination encore importante des toxicomanes. Je lui rappelle à quel point il est important que les élus s’impliquent même à l’international. Il me répond qu’avec Delanoë, il a inauguré un centre à Ouagadougou financé par l’AIMF. Je lui indique que cet investissement découle directement de la demande d’ELCS que la maire de Paris avait accepté de prendre en compte. J’avais d’ailleurs été moi-même en mission à Ouaga avec une délégation de la mairie de Paris.
Puis, nous évoquons ma candidature à la mairie de Paris. Il me donne divers document et notamment un code de déontologie à destination des élus et des fonctionnaires de Québec. Il insiste sur ce document qui est, selon lui, unique. Aucune autre ville ne l’a fait et il l’avait déjà proposé à Séguin. Je trouve l’idée excellente et lui promet de la reprendre dans mon programme, même si le précédent de Séguin n’est pas gage de succès... Nous évoquons le 400ème anniversaire de Québec en 2008, mais aussi son départ de la mairie puisqu’il ne se représentera pas au municipales de l’hiver 2005. Quelques mots enfin sur la francophonie et encore sur Juppé, puis nous nous quittons.
En visitant la salle du conseil municipal, je m’amuse de constater que les hommes politiques n’insultent jamais l’avenir. Même si je ne suis pas celui qui détient le plus de chance de devenir le prochain maire de Paris, on me donne des égards qu’en l’absence de cette candidature, le simple conseiller régional d’Ile-de-France que je suis n’aurait sûrement pas reçus.