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Assemblée nationale de Québec

Ce mardi, Philippe Lohéac et moi nous sommes levés aux aurores : nous avons un petit-déjeuner avec le ministre de la santé du Québec, Philippe Couillard. Nous sommes très impressionnés en entrant dans le magnifique bâtiment qui abrite l’Assemblée nationale et les services du gouvernement de la belle province. L’immeuble est impressionnant – moins cependant que notre hôtel, le majestueux et mythique Château Frontenac, celui où ont résidé tant de célébrités, notamment Churchill, De Gaulle et Roosevelt.
Philippe Couillard nous attend déjà - il n’est pas 7h15 ! - avec sa collaboratrice dans un salon jouxtant le restaurant des parlementaires et le conseiller culturel du consulat français nous rejoint peu après.
L’accueil est sympathique. Le ministre a bonne réputation : il est considéré comme un éventuel premier ministrable et semble être le seul à avoir une cote de sympathie importante auprès des interlocuteurs que nous rencontrons depuis notre arrivée au Québec pour ce troisième voyage officiel. En effet, la situation politique au Canada est actuellement – nous sommes en mai… - troublée et le Parti libéral, auquel appartient Couillard, est en telle difficulté que le gouvernement fédéral est en passe de tomber cette semaine.
La discussion s’engage vite sur le sida et la situation au Québec. Elle n’est pas florissante. Contrairement à la France, les toxicomanes demeurent un groupe à risques, et les homosexuels comptabilisent à eux seuls plus de la moitié des cas de sida - 59% - contre 35% en France. La politique québécoise semble donc en échec et nous évoquons longuement la politique de réduction des risques chez les toxicomanes tout comme la situation des gays. Avec Philippe, nous pouvons aussi évoquer le ressenti des associations de lutte contre le sida que nous avons rencontrées depuis vendredi 13 mai.
Le ministre Couillaud semble intéressé et réagit avec compréhension quand je lui évoque l’interdiction - à vie ! - faite aux homosexuels de donner leur sang. Il semble comprendre mes arguments et ma colère face à cette discrimination aujourd’hui incompréhensible. Comment en effet, au regard de l’évolution de l’épidémie et de la qualité de nos tests, comprendre qu’un homosexuel reste interdit de don du sang s’il ne prend aucun risque alors qu’un hétérosexuel ne l’est que provisoirement, c'est-à-dire pendant la période où il a eu des comportements sexuels à risques ! Comment l’accepter car cela veut dire que la parole d’un homo est forcément sujette à caution – contrairement à un hétéro – car on ne lui laisse même pas la possibilité de prouver sa responsabilité dans son comportement sexuel ?
Mes arguments intéressent le ministre qui me promet d’en saisir l’organisme québécois chargé des dons du sang.
Un rendez-vous qui fera peut-être avancer ce dossier qui me tient à cœur, puis-je penser en le saluant et en regagnant à pied mon hôtel situé à un quart d’heure du Parlement.
Le soir, j’ai donné ma première conférence à Québec. Etonnant d’intervenir dans le chœur de la chapelle historique du Bon Pasteur. Cette chapelle n’est plus utilisée pour faire des célébrations religieuses mais juste pour des conférences ou des concerts. Mais le décorum est resté intact. Les vitraux, le tabernacle, l’autel, le chœur, tout est là comme si une messe allait être célébrée.
En guise de messe, une centaine de personnes attendent que je leur fasse une conférence sur les discriminations. La scène est étonnante car certains participants sont outrageusement maquillés et l’un déguisé. Ce n’est guère un public que cette chapelle a connu en d’autres temps. Même si le candidat favori à la succession du vieux maire de Québec, M. L’Allier, est venu assister à la conférence… plutôt faire campagne d’autant qu’on me susurre qu’il cherche un colistier gay.
La conférence se passe dans un recueillement que semble imposer les lieux. A peine une ou deux questions un peu vicieuses. Pas de quoi me déstabiliser ! La conférence s’achève dans une communion parfaite et nombre de spectateurs viennent me féliciter avec chaleur. Je constate, une fois de plus, comme je l’ai fait la veille à Montréal où j’étais l’invité de la chambre gay de commerce que décidemment on n’est pas toujours prophète dans son pays…

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