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Mes « modestes » réponses sur le chômage au Républicain

Stéphane Piraud, journaliste au Républicain, hebdomadaire de l’Essonne, a demandé à une quarantaine de personnalités du monde politique, économique et de la société civile de répondre en quelques mots à deux questions sur la lutte contre le chômage.
Après l’échec du CPE, il souhaite savoir si nous avons des solutions... Exercice intéressant, car il permet de sortir de la critique pure pour entrer enfin dans la proposition. Je me suis prêté à cette interview expresse et courte de bon gré – exercice difficile que de synthétiser sa pensée sur une telle question en une dizaine de lignes et dans l’urgence ! – et bien sûr avec modestie. Si j’avais la solution miracle, cela ferait à juste titre rire bien des observateurs. Voilà ces deux questions et mes brèves réponses qui paraîtront dans Le Républicain de demain, jeudi 23 avril.

« 1) Selon vous, le modèle social français fabrique-t-il du chômage ?
C'est un peu le paradoxe de notre pacte républicain. Notre système social particulièrement protecteur par rapport au système des pays anglo-saxons n'est plus aussi incitatif. Les moyens mis dans la protection sociale ne le sont pas pour les salaires et l'emploi. Nous laissons se détériorer notre tissu économique sans réussir à résorber la précarité qui frappe de plus en plus de nos concitoyens – le nombre de Rmistes a encore augmenté de 5% en 2005 !
2) Quelles solutions préconisez-vous pour lutter contre le chômage en général et celui des jeunes en particulier ?
Je ne crois pas qu’il existe de mesures miracles. Mais je souhaite que nous nous inscrivions dans un cercle vertueux qui transfère une partie de nos moyens vers l'incitation à l'emploi, générant ainsi des ressources supplémentaires pour la protection. Et plutôt que des emplois aidés, il faut agir sur les charges sociales. Dans une économie de liberté comme la nôtre, ce sont les entreprises qui créent de l'emploi en fonction de leur carnet de commandes et non de subventions d'État. Mais je reste attaché à notre principe absolu de solidarité qui commande de maintenir un haut niveau de protection. Pour les jeunes, je crois beaucoup au tuteur qui complétera in situ la formation de manière pragmatique et rassurera le chef d'entreprise. »

Voilà ma rapide et modeste contribution. Il faudra aussi simplifier notre droit du travail car il n’est pas raisonnable – pour les salariés comme pour les employeurs – de se référer à un code du travail de … 3000 pages pesant 3 kg !
Je lirai avec beaucoup d’intérêt les propositions pour lutter contre le chômage des 39 autres personnalités qui se sont prêtées à ce bref questionnaire.
Bonnes vacances de Pâques à celles et à ceux qui en ont pris !

Commentaires

  • Merci pour cette pensée importante. Il y a des secteurs où le travail ne manque pas mais ne trouvent pas d'adeptes. Les jeunes non qualifiés sont victimes d'une société qui a survalorisé la culture intellectuelle. Je comprends qu'on ne veuille pas travailler durement sur un chantier mais certains métiers peuvent laisser espérer qu'on puisse monter à 40 ans sa petite entreprise. Certains de ces métiers sont très bien payés et nobles : menuisier par exemple et là on peut qualifier des jeunes car cela ne s'improvise pas. On manque de plombiers, d'électriciens (un jeune électricien qui a suivi a stage de formation a France telecom et est venu m'installer une prise pour mon ordinateur m'a dit être libre vers 15h ou 16 h tous les jours et était satisfait de sa formartion). J'ai entendu une jeune fille qui n'avait pas le bac regretter de ne pas être assistante car sans diplôme. L'école fait miroiter le diplôme sacro saint. Or certains metiers que je serais incaple de faire (je ne saurai jamais contruire quoi que ce soit en bois) implique de la créativité et de la précision. Par ailleurs, la solution serait un second métier apres un certain nombre d'années pour les métiers du bâtiment (on en a parlé à la TV récemment) car à 50 ans, monter sur un échaffaudage...C'est donc une nouvelle image et conception du travail qu'il faudrait revoir mais qui ne se ferait pas par un coup de baguette magique. Il faut du temps pour changer les mentalités et non pas marquer de son sceau un passage rapide dans un ministère. Cela ne résout pas tout mais il y a là des milliers d'emplois possibles exigeant une formation. Metiers d'hommes c'est vrai mais les femmes pourraient aussi accéder à des emplois en relation avec l'enfance ou dans d'autres domaines comme la restauration (on manque de personnels paraît-il). L'absence totale de qualification pose seule des problèmes parce qu'il y faut un minimum "d'intellect" que l'on ne peut posséder dans certains cas, cela peut arriver, implique effectivement des emplois peu attirants. Pour le reste et les emplois en entreprise, à l'usine (n'ayons pas peur du mot) là c'est un problème d'emplois avec tout ce que l'on sait de problèmes de recrutement et de licenciement. Reste les étudiants bien formés qui ne trouvent pas de travail, c'est un autre problème. Merci pour cette réflexion de fond que vous proposez. Ma seule remarque "d'appoint" : ne dévalorisons pas le travail manuel.

  • Cette synthése de ta pensée sur le sujet difficile de la lutte contre le chomage est pertinent et plein de bon sens et suscite une question : Pourquoi plutôt que de générer des emplois aidés n'agit-on pas sur les charges sociales ?
    Est il si difficile de repenser les régles pour les faire mieux coller à notre monde en France ?
    Il semble que oui au vu des événements les plus récents .....
    Pendant ce temps notre tissu économique se dégrade.

  • C'est simple en france on manque de main d'oeuvre dans les secteurs de l'industrie et de la construction et on est submerger d'intellectuels surdiplômés qui reprochent à la nouvelle génération de ne pas vouloir travailler dans ces secteurs!

    Pourquoi les intellectuels n'iraient pas au "charbon" plutot que de donner des leçon?

  • Sébastien, je m'attache à votre pensée qui mérite une réponse car elle est au coeur d'un vrai problème.
    Certains métiers manuels nécessitent des compétences que certains intellectuels n'ont pas, n'importe qui meme en apprenant le métier ne peut pas nécessairement y arriver. Ce sont des formes d'intelligence différente. N'importe qui ne peut pas être électricien ou menuisier . D'ailleurs ce sont des métiers qui sont mieux payés que certains métiers dits intellectuels. Je crois qu'il faut dire que ces métiers méritent autant d'égard et de respect que certains autres. Si tout le monde courent apres des diplomes qui n'ont plus cours sur le marché à quoi cela sert-il ? C'est sûr que l'on ne mettra pas sur le même plan des métier de main d'oeuvre qui eux sont tres durs et n'appellent pas de qualification. Ceci dit inversement des personnes sans qualification "intellectuelle" ne peuvent pas prétendre à des métiers qui ne répondent pas à leur aptitudes et l'école engendre des frustrations sur ce point valorisant trop le diplome. 80 pour 100 de réussite au bac c'est bien mais les 20 p 100 qui restent sont dévalorisés alors qu'ils ne sont pas plus bêtes que certains qui ont réussi. Ce sont les formes d'intelligence qui ne sont pas reconnues dans leurs différences. Ceci dit , encore une fois j'entends par métiers manuels des métiers qui impliquent des qualificactions autres (c'est sûr qu'être éboueur, et il n'ya a aucun mépris ici, ne relève pas de cette problématique) Fils d'ouvriers, je déplorre justement le fait de déconsidérer ces métiers qui impliquent une vraie formation.

  • C'est trés bien d'avoir enlevé la loi sur le C.P.E.
    Il faut que tout le monde a sa chance d'avoir un travail,c'est vrai que je pense à mes nièces qui auront fini leurs études ainsi qu a mon neveu qui a seize ans.
    Je te souhaite une bonne fête de pâques ainsi qu'à ma tante claire

    nicole

  • Pour poursuivre ma réflexion, je crois qu'il y a parfois du mépris réciproque entre les intellectuels et les manuels. J'entendais récemment un ouvrier dire que les profs ne fichaient rien et étaient toujours en vacances. Or, c'est le métier où il y a le plus de problèmes psychologiques et où l'on trouve le plus d'internements psychiatriques. A tout choisir si j'avais des capacités égales dans les deux domaines je prèfèrerais être menuisier, ce qui n'est pas un métier plus facile qu'un autre, (c'est un métier que j'admire mais à chacun ses goûts) plutôt que prof dans une banlieue difficile (alors que certains s'en sortent fort bien). Mais c'est une question de choix et d'aptitudes. Or, tout le monde ne peut pas être prof et menuisier non plus. Certains métiers manuels ne sont pas choisis par des jeunes qui ne veulent pas poursuivre ou ne peuvent pas poursuivre des études parce que ces métiers jouissent d'une mauvaise représentation. Je crois qu'il faut s'interroger sur les finalités de l'éducation qui sont d'ordre politique et donc aussi économique et sur le regard que l'on porte sur les métiers manuels qui impliquent de vraies qualifications. Quelle école, pour quel avenir ? Cela ne résoudra pas tout le problème du chômage. Il y a aussi le problème des ouvriers non qualifiés et des étudiants diplômés sans débouchés.

  • Bonjour,

    Oui, il faut une politique de l'offre, une politique qui conduirait á mettre en place tous les innovations possibles pour que le nombre d'emplois disponibles soit plus élevé, une politique qui plutot que d'instaurer des distortions de statuts selon l'age établirait des distinctions selon la nature, la taille et les résultats de l'entreprise.
    Dans ce cadre, le levier majeur semble etre effectivement les charges sociales, et notamment les charges pesant sur les PME et TPE.
    Il faudrait inciter et faciliter la création d'entreprises, notamment dans le secteur sous-développé en france, dus ervice. Je repense Jean-Luc á cette entreprise parisienne de services á la personne dont tu as parlé il y a quelques temps.

    Un exemple illustrant les incohérences du systeme actuel, un exemple comme nous en connaissons tous - Une de mes amies, commerciale pleine de talent, décide apres 20 ans de salariat de créer sa petite boite. Elle recrute une employée á plein temps et fait travailler une brochette de freelances et loue de petits locaux á un petit propriétaire parisien. Résultat á n+2 - Son entreprise fonctionne bien, a des comptes et une gestion saine - pas un jour de découvert en banque en deux ans d'existence alors que l'apport initial etait minimal MAIS les organismes publics pour lesquels elle travaille ont pres de six mois de retard dans leurs paiements, les ordinateurs de la banque font dire á son conseiller qu'en cas de probleme la banque ne suivrait pas, son employé a un salaire trop peu élevé et peu de perspectives d'augmentations pour l'instant, les freelances sont payés au lance-pierre et cette amie gagne plus de deux fois moins que ce qu'elle gagnait précédemment.
    Peut-etre cette 'méchante patronne, suppot du capitalisme' n'aurait-elle pas du créer son entreprise, peut-etre aurait-elle du laisser á de plus grosses structures déja existantes le soin de l'embaucher et d'embaucher la demi-douzaine de personnes qu'elle fait travailler. peut-etre, oui. Mais, je ne crois pas, ne serait-ce qu'en raison de la transformation psychologique constatée chez elle.
    Dans le désordre et pour finir, je crois que l'on en revient aussi, et comme toujours lorsque l'on évoque les problemes de la France, á une défaillance du systeme éducatif - systeme éducatif au sens large, le corpus de valeurs propagées en France. Sur un point seulement, NON il n'y a pas forcément contradiction entre flexibilité du marché du travail, changement d'entreprise, de métier au cours de la vie et préservation de l'essentiel du modele social francais. L'essentiel? QUe la solidarité nationale soit en mesure d'aider l'individu victime d'une difficulté á se remettre sur pied et á repartir du bon pied pour qu'il puisse de nouveau contribuer á cette solidarité nationale et aider ceux qui l'ont aidé. Et on passe subrepticement de la notion de droit á celle de devoir.
    Bye then.
    Franck

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