PARIS, 29 sept 2006 (AFP) - "Dans au moins onze pays,
dont les Etats-Unis et la Russie, les séropositifs sont interdits d'entrer
sur le territoire", dénoncent deux associations françaises, exigeant que
ce problème soit posé lors des prochaines conférences onusiennes.
"Etes-vous atteint d'une maladie contagieuse ayant une incidence sur
la santé publique ?" est l'une des questions posées au demandeur d'un visa
de séjour temporaire aux Etats-Unis. Les étrangers porteurs du virus du
sida entrent dans la catégorie des "non admissibles", sauf dérogation.
C'est en 1987, "quand de nombreuses personnes croyaient qu'une maladie
mortelle surnommé le +cancer gay+ pouvait s'attraper au contact d'un
simple verre ou d'une poignée de porte", que le congrès américain avait
ajouté le VIH/sida à la liste des maladies empêchant l'entrée aux
Etats-Unis, a récemment rappelé le journal Chicago Tribune.
L'interdiction reste en vigueur, même si les séropositifs la
contournent en mentant, protestent Act Up-Paris et Elus locaux contre le
sida (ELCS). Ces associations listent dix autres pays - Arabie saoudite,
Arménie, Bruneï, Chine, Corée du Sud, Irak, Moldavie, Qatar, Russie,
Soudan - où "une découverte de la séropositivité conduit à une expulsion
immédiate". "Seul élu français à s'être déclaré séropositif", Jean-Luc
Romero connaît trop bien cette "barrière" : "le 11 août, à ma sortie des
Etats-Unis, mon sac a été fouillé et les douaniers ont trouvé mes
médicaments gardés en cabine", raconte le conseiller régional (UMP)
d'Ile-de-France. "Quand ils m'ont demandé ce que j'avais, si c'était
le sida, j'ai dit que j'avais un cancer. Comme je quittais les Etats-Unis,
ils ne m'ont pas plus embêté que ça... Vous rendez-vous compte à quel
point c'est humiliant ? dit-il. On ne peut pas dire aux gens +n'ayez pas
honte de votre maladie+ tout en les obligeant à mentir s'ils veulent
voyager!" Pour être discrets, des séropositifs changent leurs
médicaments de boîtes, voire interrompent leur traitement pendant leur
séjour, affirme Act Up. A Paris, une source consulaire américaine
répond : "Il n'est pas vrai qu'aucune personne séropositive ne peut entrer
aux Etats-Unis : si quelqu'un nous explique son cas - s'il a le sida et
veut entrer aux Etats-Unis pour y être soigné, assister à une conférence,
etc. - on peut demander une dérogation particulière". Pour certains
événements, Washington accorde des "dérogations générales" : "un
télégramme a ainsi été envoyé à tous les postes diplomatiques pour
autoriser le transit par les Etats-Unis de tous les participants à une
conférence sur le sida à Toronto, fait valoir le consulat. Une même
dérogation générale avait concerné les Gay Games à Chicago". Pourtant,
"le sida est une maladie transmissible mais pas contagieuse", rappellent
Act Up et ELCS qui protestent : "le séropositif n'est ni un criminel ni
une menace à l'ordre public." En 2004, l'Onusida (programme commun des
Nations unies sur le VIH-sida) et l'Office des migrations internationales
avaient déclaré ces restrictions de circulation "inefficaces, coûteuses et
discriminatoires". Elles peuvent "donner l'impression fallacieuse que le
VIH/sida est un problème +étranger+ qui peut être contrôlé à travers des
mesures telles que les contrôles aux frontières, plutôt que par des
programmes d'éducation et méthodes de prévention", écrivaient-elles dans
un rapport commun. Au nom d'Act Up-Paris, Emmanuel Château dénonce
"une hystérie qui consiste à penser que celui qui contamine, c'est
toujours l'étranger..." Il redoute que, "bientôt, les tests salivaires à
lecture rapide soient utilisés pour accroître les contrôles".
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